jeudi 2 février 2012

La reconnaissance du Chemin néocatéchuménal par le Vatican

Les membres du Chemin néocatéchuménal sont ravis. Ils viennent de réussir la dernière étape de la reconnaissance de leur mouvement par le Vatican. Le Chemin néocatéchuménal est un « itinéraire d’initiation chrétienne » né dans les années 1960, dans la banlieue défavorisée de Madrid. Son initiateur, Kiko Argüello, a rapidement été rejoint par une autre laïc, Carmen Hernandez, ainsi que par un prêtre italien, Mario Pezzi. Le « Chemin » est aujourd’hui présent sur tous les continents, dans plus de 900 diocèses et rassemble environ 40.000 communautés. Il compte en outre plus de 70 séminaires. Il est évident que, pour le Vatican, il s’agit de s’attacher la force missionnaire d’un mouvement qui garantit, par exemple un grand nombre des présences lors des journées mondiales de la jeunesse (200 000 membres aux JMJ de Madrid en 2011). Mais quelles ont été les étapes de la reconnaissance de ce mouvement par le Vatican ?

En 2008 la Congrégation pour la doctrine de la foi avait approuvé – après de nombreux amendements – les statuts du Chemin néocatéchuménal, après 6 ans d’approbation « ad experimentum ». En 2011 fut approuvé le directoire catéchétique, le texte qui précise dans les détails, soit du point de vue doctrinal et catéchétique, l’« itinéraire d’initiation chrétienne ». À la différence de ce dernier, le directoire demeure un texte réservé aux catéchistes du mouvement. La nouveauté de 2012 est que le Saint-Siège valide désormais aussi les célébrations contenues dans le directoire. Les 13 volumes du « directoire catéchétique du chemin néocatéchuménal » contiennent l’intégralité du parcours de redécouverte du baptême et les indications des fondateurs du mouvement sur le « chemin » proposé à chaque petite communauté.

Les célébrations approuvées par le décret sont celles « qui ne sont pas déjà réglementées par les livres liturgiques de l’Eglise », soit les rites qui accompagnent et marquent les étapes du parcours de formation néocatéchuménal, pas celui de la liturgie eucharistique. Ce point est important car la vie des communautés néocatéchuménales trouve son moment le plus fort dans la célébration de l’eucharistie qui se déroule le samedi soir, avant les premières vêpres du dimanche, au sein de la petite communauté – ouverte toutefois aux autres fidèles (voir art. 11-13 Statut du chemin néocatéchuménal). Ces célébrations, permises par le Vatican, ne devraient se distinguer des célébrations dominicales du rite romain que sur deux points : la communion est distribuée sous les deux formes du pain azyme et du vin aux fidèles qui restent débout à leur place, et le signe de la paix advient avant l’offertoire.

Pour le Vatican, en aucun cas cette célébration ne peut représenter un substitut à celle célébrée en paroisse avec les autres fidèles. Au contraire, « la maturation progressive de la foi du chaque fidèle et de la communauté entière doit favoriser leur insertion dans la vie de la grande communauté ecclésiale, qui trouve dans la célébration liturgique de la paroisse (…) sa forme ordinaire ».

La question est de savoir si ces précautions suffiront à endiguer le risque de sectarisme que le Chemin néocatéchuménal – ainsi que d’autres mouvements reconnus par le Vatican – représente. Ses pratiques effectives (un catéchisme singulier, des rites particuliers, des confessions publiques pratiquées par des laïcs) révèlent clairement une volonté de consolider sa dimension de « communauté » séparée, qui en aucun cas ne se considère comme provisoire ou de passage par rapport à la « grande Église ». Par ailleurs, si le statut du Chemin est semé ici et là de références au magistère, à l’autorité de l’évêque, au catéchisme de l’Église catholique, le texte laisse toutefois transparaître la place d’honneur réservée au directoire, les Orientations pour les Équipes de Catéchistes.

Elena Torri (ULB).

 

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