Jeudi 28 mars 2024
Schreiber

Schreiber

En Belgique, la quasi-totalité des élèves suivent soit un cours de religion soit un cours de morale non confessionnelle durant toute la durée de la scolarité obligatoire (de 6 à 18 ans). Les établissements scolaires se répartissent en deux réseaux : le réseau officiel qui rassemble les écoles organisées par les pouvoirs publics, et le réseau libre, majoritairement catholique, qui comprend les écoles organisées par des organismes privés. Ces dernières sont également financées par les pouvoirs publics. Dans le réseau officiel, l’élève a le choix entre l’enseignement d’une religion reconnue ou celui de la morale non confessionnelle. Les religions reconnues sont actuellement le catholicisme, le protestantisme, l’anglicanisme, le judaïsme, l’islam et la religion orthodoxe. Dans le réseau libre, la plupart des établissements imposent l’enseignement d’une seule religion, dans la plupart des cas la religion catholique. Telle est la situation depuis l’adoption de la loi du Pacte scolaire en 1959.

Le régime belge des cultes comprend, depuis ses origines (1830-31), un financement public des cultes dits reconnus. Celui-ci a été étendu aux organisations philosophiques non confession-nelles reconnues en 1993. La réforme du système est à l’ordre du jour depuis une quinzaine d’années.

Depuis la fin des années 1990, plusieurs études ont mis en lumière les problèmes essentiels du financement public des organisations convictionnelles : l’automaticité du financement, le manque de transparence et de contrôle, les inégalités entre les différentes convictions et, en particulier, l’importance disproportionnée du montant attribué à l’Église catholique. Le débat s’est cristallisé autour de la réforme des modalités du financement, bien davantage qu’autour de son hypothétique suppression ; à cet égard, l’accès au financement de la communauté philosophique non confessionnelle (la laïcité organisée) a légitimé son maintien.

La régionalisation de la législation concernant les fabriques d’églises (et établissements assimilés) au 1er janvier 2002 a confié aux Régions (et à la Communauté germanophone) le soin de la réformer éventuellement. Jusqu’à présent, les nouveaux dispositifs législatifs adoptés n’ont pas modifié en profondeur les mécanismes de financement.

L’Exécutif des Musulmans de Belgique, organe représentatif du culte islamique, a été mis sur pied en 1999. Depuis, il n’a cessé d’être l’objet de critiques et la proie de dissensions internes. Dernière en date, le vote de défiance de l’Assemblée des Musulmans du 13 janvier 2011 à l’égard de membres d’un Exécutif qui ne jouit plus de la reconnaissance des pouvoirs publics.

Le culte islamique a été reconnu par une loi du Parlement belge, c’est-à-dire formellement admis au financement public, en 1974. Cette reconnaissance entraînait la nécessité de reconnaître également un organe représentatif pour ce culte, indispensable pour mettre en œuvre cette décision, en vertu du dispositif constitutionnel belge. Diverses voies ont été explorées par les pouvoirs publics pour obtenir cet organe représentatif. Dans un premier temps, ils se sont tournés vers le Centre islamique et culturel, qui occupait depuis 1969 le pavillon oriental (la « grande mosquée ») du parc du Cinquantenaire, à proximité des institutions européennes. Mais la non-représentativité du Centre, proche de l’Arabie Saoudite, par rapport aux musulmans de Belgique, qui sont pour l’essentiel originaires du Maroc et de la Turquie, a conduit à rechercher une autre solution.

samedi, 21 janvier 2012 07:34

Revue de presse hebdo, 21 janvier

Suisse

La religion disparaîtra de la fiche d’élève : au début de chaque année civile, les parents d’élèves du canton de Genève reçoivent un courrier du Département de l’instruction publique (DIP) leur demandant de vérifier des informations de base relatives à leurs enfants. La fiche de données leur est transmise et ils vérifient nom, prénom, date de naissance, religion. Depuis 1960, les parents livrent ainsi au DIP des données sur leurs enfants, dont leur confession, l'objectif étant de renseigner les trois Eglises officielles pour qu’elles puissent organiser au mieux les cours de catéchisme dans les écoles, après les cours. Cette exigence sera désormais supprimée (Aurélie Toninato, La Tribune de Genève)

USA

Obama Administration Announces New Decision On Birth Control, To Chagrin of Religious Groups. On behalf of the Obama administration, Secretary of Health and Human Services Kathleen Sebelius decided that under the Affordable Care Act, the sweeping health care overhaul passed by Obama in 2010, religious employers will not be allowed to deny birth control (including the morning-after pill) to the women they employ (Laura Bassett, Huffington Post)

Latinos And The Transformation Of US Catholicism. Today one-third of all American Catholics are Latinos, and one-fifth of all US schoolchildren are Latinos. The fact that an increasing percentage of US Catholics are Latinos also means that the US Catholic Church is shifting from a middle class religious community to a working class community (Timothy Matovina, Huffington Post)

Andrew Adler, ‘Atlanta Jewish Times’ Publisher, Apologizes for Obama Assassination Comments. Andrew Adler is part of a minority of American Jews agreeing with the GOP that president Obama is being too tough on Israel and too soft on Israel’s enemies. But this week Adler apologized for writing that one of the three solutions to save Israel’s existence is to assassinate the US president (Leigh Owens, Huffington Post)

Israël

Dans un pays où l'égalité des sexes fait partie des mythes fondateurs, des ultraorthodoxes veulent imposer leur loi. Au risque de compromettre le fragile équilibre de la société — Ultraorthodoxes : l'équilibre israélien en danger ? (Céline Lussato, Le Nouvel Observateur)

France

Le Conseil Français du culte musulman (CFCM) a qualifié jeudi de «violation du droit à la vie privée», la proposition de loi sur le principe de laïcité dans les crèches, les centres de loisirs et chez les assistantes maternelles présenté au Parlement par la sénatrice Françoise Laborde (RDSE, à majorité radicaux de gauche) — Le texte sur la laïcité irrite le Conseil du culte musulman (AFP, Libération)

Marine Le Pen se veut être la candidate de la laïcité. Mais d'une laïcité déclinée selon les fondamentaux du Front national et qui se résume, au bout du compte, à la condamnation de certaines pratiques de l'islam — Marine Le Pen prend pour cible les "intégristes" au nom de la laïcité (Abel Mestre, Le Monde)

"Le pacte contre l'échec scolaire lancé par l'Association de la fondation étudiante pour la ville (Afev) signé par 52 personnalités et huit organisations syndicales doit être présenté à tous les candidats à la présidentielle. Le constat est sans appel : il faut refonder le système éducatif français pour donner leur chance à tous de participer à la cohésion sociale et notamment aux jeunes issus de milieux défavorisés. Le lancement de ce pacte, c'est aussi l'occasion de s'arrêter sur le problème particulier de la formation des enseignants dans des écoles de plus en plus confrontées au mélange des comportements religieux" — La laïcité face au défi de "l'éthnicisation" des rapports scolaires (Lola Petit, Le Monde des Religions)

Belgique

La nouvelle ministre des Cultes, Annemie Turtelboom (Open VLD) s'avoue impuissante face aux dysfonctionnements de l’Exécutif des Musulmans. Elle a expliqué evant le Sénat que des contacts étaient cerets en cours entre son administration et la direction de l’EMB à propos des propositions soumises par ce dernier pour sortir de l’imbroglio, mais s’est dit impuissante face aux putsches à répétition qui traversent l’exécutif de l’Organe chef de culte de l’islam en Belgique — Exécutif musulman : le blocage (Christian Laporte, La Libre Belgique)

Les députés francophones ont constaté, mardi, en commission du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la naissance d’un consensus sur l’introduction d’un tronc commun aux cours de religion, philosophie et morale dès l’enseignement fondamental, débat sensible qui a connu d’importantes avancées ces derniers mois. La ministre de l’Enseignement obligatoire, Marie-Dominique Simonet (CDH), propose de créer, dès le fondamental, ce tronc commun à tous les cours de religion ou de morale, afin de développer la pensée rationnelle, logique et argumentative autour de trois grands axes : le questionnement philosophique, le dialogue interconvictionnel et l’'éducation à une citoyenneté active — Un tronc commun aux cours philosophiques ? (Belga, La Libre Belgique)

Conseillère de l’action sociale à Verviers depuis la fin 2010, Layla Azzouzi (cdH) a surpris voici quelques jours, lorsqu’elle s’est présentée à une réunion publique du CPAS en étant voilée. Inadmissible, dans le cadre de ses fonctions publiques, estime le Mouvement réformateur — Polémique autour d’une élue voilée à Verviers (Franck Destrebecq, L'Avenir)

Le ministère public a réclamé deux ans de prison et 550 euros d’amende, devant le tribunal correctionnel d’Anvers, contre Fouad Belkacem (29 ans), porte-parole du mouvement islamique radical Sharia4Belgium — Sharia4 Belgium au tribunal (Belga, La Libre Belgique)

Opinions

Citoyen, tu n’invoqueras pas la laïcité en vain – une tribune d'Alexandre Dupeyrix, historien des idées (Université Paris-Sorbonne) (Libération)

Laïcité et jours fériés : une chronioque de l'historien et sociologue des religions Jean Baubérot sur la proposition d’Eva Joly concernant une modification des jours fériés à référence religieuse (Mediapart)

"Le forcing des clergés pour imprimer leur marque sur la société n’a d’égal que la concurrence féroce qu’ils se livrent. Cette situation conduit à une surenchère dans la hardiesse des prises de position : c’est à qui exigera le plus pour les siens, au mépris des lois civiles - contre les lois civiles" — Tant va la foi au moulin, une opinion de Pierre Galand, président du Centre d’Action Laïque, suite aux récents propos de Mgr Léonard (La Libre Belgique

La laïcité à l’européenne ? Un mirage, du moins à court et à moyen termes, un éditorial de Christine Laurent (Le Vif-L'Express)

Iran kent ons, maar kennen wij Iran ?, une carte blanche de la sociologue de l'Université libre de Bruxelles Firouzh Nahavandy, sur l'enjeu iranien (De Morgen)

Culture

Le 13 novembre 2010, l’association "La Pensée et les Hommes" organisait à l’Université libre de Bruxelles un colloque intitulé "Une majorité musulmane à Bruxelles en 2030 : comment nous préparer à mieux "vivre ensemble" ? : les actes de ce colloque sont désormais publiés — Une majorité musulmane en 2030 ? (St. Bo, La Libre Belgique)

 


Confronté à la menace d’une faillite de l’État, le gouvernement grec décrétait en septembre 2011 une nouvelle taxe sur les biens immobiliers. Une série d’exemptions accompagne cette mesure, qui concernent notamment les églises, monastères et bâtiments de l’Église orthodoxe « à l’exception des biens exploités commercialement ». Dans un contexte d’austérité budgétaire, de baisse des salaires et d’accroissement du chômage, l’annonce de cette exonération déclenche une avalanche de réactions : sont visés les « privilèges » de l’Église orthodoxe, le manque de transparence de ses comptes, la prise en charge du salaires des prêtres par l’État. En Grèce, la question du patrimoine ecclésiastique, sujet sensible et encore largement opaque, constitue un angle crucial d’approche des liens étroits — mais ambigus — entre Église, nation et État.

Le financement des cultes coûterait en Belgique quelque 140 millions d'euros par an au budget de l'Etat belge, rapportait mardi le quotidien La Dernière Heure sur base d'une étude du CRISP, le Centre de recherche et d'information sociopolitique. Ce montant comprend les traitements mais également les pensions des ministres des cultes, ainsi que des délégués laïques. A cela, ajoutait la dépêche, il faudrait encore ajouter 160 millions d'euros de financement par diverses entités, essentiellement consacrés aux édifices du culte. Ce budget est distribué entre le culte catholique (85,8 %), la laïcité organisée (8 %), le culte protestant-évangélique (2,5 %), le culte islamique (2,1 %), ainsi que les cultes orthodoxe, israélite et anglican.

En effet, prenant en compte leur utilité sociale, l'État belge reconnaît donc certaines confessions. Cette reconnaissance entraîne des avantages financiers importants, qui ne se réduisent pas aux postes mentionnés dans l’article de La Dernière Heure, loin de là. En effet, à la prise en charge des traitements et des pensions de retraite de milliers de ministres du culte – le cadre était en 2008 de l’ordre de 7797 postes de ministres des différents cultes et délégués laïques –, il faut encore ajouter au moins les imputations budgétaires énumérées ci-dessous, à tous les degrés de pouvoir, depuis l’Etat fédéral jusqu’aux communes en passant par les Régions, les Communautés et les provinces.

lundi, 16 janvier 2012 09:18

Revue de presse hebdo, 15 janvier

Belgique

71% des parents souhaitent une spécificité catholique forte des écoles libres, et près de 75% d'entre eux estiment même que la transmission des valeurs n’est pas suffisamment assurée dans ces écoles. Une étude du Centre de formation des enseignants de la Faculté de Théologie de Louvain démystifie l’idée selon laquelle les parents ne choisissent plus les écoles catholiques parce qu’ils sont catholiques, mais bien pour d’autres raisons telles que la proximité et l’image de marque de celles-ci — Que les écoles osent affirmer leur identité catholique (Catho.be ; photo : Peng)

De nombreux imams exerçant en Flandre ne parlent que peu ou pas du tout le néerlandais et ne s’impliquent que peu dans leur environnement, s'inquiète le ministre flamand de l’Intégration Geert Bourgeois (N-VA) sur base d’une étude réalisée à sa demande par le « Steunpunt Gelijkekansenbeleid » (« Appui à une politique d’égalité des chances ») — Les imams de Flandre ne sont pas assez néerlandophones (Belga, Le Soir)

La déclaration de Benoît XVI selon laquelle le mariage entre personnes de même sexe pouvait être une menace pour l’humanité pourrait déboucher sur un coup de froid diplomatique entre la Belgique et le Saint-Siège — Vers une plainte belge contre le Vatican ? (Christian Laporte, La Libre Belgique)

Egypte

En Egypte, Naguib Sawiris, magnat des télécoms, est poursuivi pour blasphème par l’avocat Mahmoud Ismaïl, membre du mouvement ultraconservateur de la Gamaa al-Islamiya. L'homme d'affaires, issu de la communauté copte, revendique son attachement à la laïcité. Il est également le cofondateur d'un parti politique qui prône la séparation de la religion et de l'Etat. En juin dernier, il avait posté sur un réseau social un dessin jugé offensant pour l'islam — Egypte : le magnat copte Naguib Sawiris poursuivi pour blasphème (RFI)

USA

Court : Oklahoma Ban On Islamic Law Unconstitutional. After 70% of Oklahoma voters supported an amendment to the Constitution making it impossible for Oklahoma courts to consider international or Islamic law, a court in Denver blocked its implementation, arguing that it’s probably unconstitutional to try to ban religious laws (Sean Murphy, Associated Press/Huffington Post)

Culture

Lost Synagogues of Europe : Where We Once Gathered. Artist Andrea Strongwater decided to remember Europe as it was before 1950 by painting synagogues that were destroyed because of the Holocaust (Andrea Strongwater, Huffington Post)

lundi, 09 janvier 2012 13:22

Revue de presse, 9 janvier

Belgique

Onkelinx : "zéro pour Mgr Léonard" – « La vice-Première voudrait un autre chef pour les cathos belges ! » (Belga, La Libre Belgique)

France

Le cimetière musulman de Strasbourg, un cas unique - « Le 6 février, le premier cimetière public musulman de France sera inauguré à Strasbourg. Si dans le droit français, les cimetières confessionnels sont interdits, l'Alsace et la Moselle échappent à ces interdictions grâce au droit local. Explications » (Chloé Woitier, Le Figaro)

International

Nigéria

Nigeria : des leaders chrétiens dénoncent un « nettoyage ethnique » - « Un nettoyage ethnique et religieux », voilà comment est qualifié le meurtre de dizaines de chrétiens attribué à un groupe islamiste ces dernières semaines dans le nord du pays » (AFP, Le Soir)

Au Nigeria, des chrétiens craignent un "nettoyage ethnique et religieux systématique" - « Face aux récents meurtres de dizaines de chrétiens par un groupe islamiste armé dans le nord du Nigeria, des leaders de cette communauté ont évoqué le spectre d'un "nettoyage ethnique et religieux systématique" et averti qu'ils "ont décidé de définir les moyens nécessaires pour se défendre face à ces tueries insensées". "Nous avons le droit légitime de nous défendre quoiqu'il en coûte", a déclaré l'Association chrétienne du Nigeria (CAN), regroupant protestants et catholiques, après une réunion d'urgence, samedi 7 janvier » (AFP, Reuters, Le Monde)

Egypte

Egypt's Coptic pope celebrates Christmas with call for unity - “As Coptic Christians celebrated their first Christmas after the Egyptian revolution, their pope called for national unity amid fears that their community will suffer under Islamic majority rule” (David Shariatmadari, The Guardian)

En Égypte, les coptes ont célébré Noël dans un climat de tension – « Les chrétiens d’Égypte ont célébré samedi la fête de Noël selon le calendrier oriental dans un climat de tension en raison des violences de l’année écoulée contre la communauté copte et les craintes face à la domination des islamistes aux élections » (La Croix)

Russie

Le patriarche Kirill appelle à la compréhension envers les manifestants en Russie - « Le patriarche Kirill, chef de l’Église orthodoxe russe, a appelé samedi le gouvernement à montrer plus de compréhension face aux protestations de masse contre des fraudes aux législatives de décembre gagnées par le parti du premier ministre, Vladimir Poutine » (La Croix)

Syrie

Fabrice Balanche : « Une guerre civile communautaire se déroule à Homs » - La ville syrienne reste l’épicentre de la contestation contre le régime du président Bachar Al Assad. Cette révolte oppose alaouites et sunnites, établis dans les quartiers périphériques pauvres. Entretien avec Fabrice Balanche, maître de conférences à l’université Lyon 2 (Julien Couturier, La Croix)

Israël

Les femmes en voie de disparition à Jérusalem ? - « Sous la pression de groupes ultrareligieux, les Israéliennes sont contestées dans l'armée et leur image est bannie de l'espace public dans la ville sainte » (Danièle Kriegel, Le Point)

Ces juifs ultraorthodoxes qui haïssent Israël - « Neturei Karta, une secte de haredim antisionistes, souhaite la création d'un État palestinien à la place d'Israël. Rencontre avec son porte-parole » (Marie De Douhet, Le Point)

Un responsable orthodoxe tué lors d'une procession en Israël – « La police israélienne dit enquêter "tous azimuts" sur le meurtre du président de l'association des chrétiens orthodoxes de Jaffa, Gabriel Cadis, poignardé à mort vendredi 6 janvier après la procession de Noël de la communauté » (AFP, Reuters, Le Monde)

Tibet

Deux nouvelles immolations au Tibet - « Au moins un ancien moine tibétain s'est immolé par le feu et un autre a été blessé vendredi près du monastère de Kirti (province du Sichuan, sud-ouest), haut-lieu de la résistance tibétaine, a confirmé dimanche l'agence officielle chinoise Chine nouvelle » (AFP, La Libre Belgique)

Vatican

Benoît XVI va «créer» 22 nouveaux cardinaux - « L'Église catholique a son sénat. Il est composé d'hommes, exclusivement. Ils sont mûrs et plutôt âgés, ce sont les cardinaux. Un jour, ils peuvent être amenés à élire le pape mais, comme tout homme, ils vieillissent et meurent. Il faut donc les renouveler. Rome ne connaît pourtant pas d'élections sénatoriales mais des «créations». C'est le privilège du Pape » (Jean-Marie Guénois, Le Figaro)

Vatican uses Wikipedia to compile cardinals' biographies – “Its ancient library holds more than 180,000 manuscripts and 1.6m books, and it describes its Secret Archive, which packs priceless documents on to 85km of shelving, as "one of the most important research centres in the world"” (Tom Kington, The Guardian)

samedi, 07 janvier 2012 09:33

Revue de presse hebdo, 7 janvier

Violences interreligieuses

Bethlehem Battle: Clergymen Clash At Birthplace Of Jesus. A fight erupted between Greek and Armenian Christian clergymen in the Church of Nativity, one of the holiest Christian churches, shared by Roman Catholics, Armenians and Greek Orthodox. The Battle only ended after Palestinian security forces intervened (Photo : Nic Fer ; Bernat Armangue, Associated Press/Huffington Post)

Des hommes armés ont ouvert le feu sur un rassemblement de chrétiens en deuil, tuant dix-sept personnes dans l'Etat d'Adamawa, dans le nord-est du Nigeria. Il s'agit de la dernière attaque en date au Nigeria contre des chrétiens. Le groupe islamiste Boko Haram a revendiqué de précédents assauts, dont une série d'attentats visant des églises le jour de Noël — 17 morts dans une nouvelle attaque d'église au Nigeria (AFP, Libération).

USA

Mitt Romney a remporté 25 % des suffrages dans l’Iowa : un Etat en partie dominé par les Eglises évangéliques protestantes a donc consacré un mormon et un catholique. "Loin de démontrer que la religion n’importe plus autant que jadis aux yeux de l’électorat républicain, le triomphe d’un catholique dans l’Iowa suggère, en effet, que cet électorat est prêt à transcender les clivages confessionnels du moment qu’un prétendant clame son attachement aux valeurs chrétiennes traditionnelles. C’est cette profession de foi déclinée dans tous les comtés de l’Etat qui a permis à Rick Santorum d’émerger dans l’Iowa. La recette pourrait lui valoir d’autres victoires dans le Bible Belt" — Un mormon et un catholique pour l’Iowa (Philippe Paquet, La Libre Belgique)

Muslims Skip Mayor Bloomberg’s Event To Protest Spying. More than a dozen American Muslim leaders boycotted New York’s Mayor Bloomberg’s annual interfaith breakfast, in order to protest against a controversial spying program set up by the NYPD. They were supported by other leaders who nevertheless decided to attend the event, such as Rabbi Bodzin and Rabbi Weisser (Samantha Gross, Associated Press/Huffington Post)

Jimmy Carter Interview: Real Story Behind Egypt Israeli Peace Deal. In an interview with the HP, the 39th president of the U.S.A. explains how his faith influenced his attempts to broker a peace deal with Menachem Begin and Anwar Sadat (Paul Brandeis Raushenbush, Huffington Post)

Re-Occupy “Tradition”: The History Of Faith And LGBT Rights. Professor White remembers that the conservative, religious right hasn’t always opposed equality for homosexual Americans, on the contrary. Though homosexuality has been considered a ‘sin’ for centuries, a few decades ago religious leaders actively supported political rights for the LGBT community. Today however, strongly opposing political equality seems to be a condition sine qua non to be elected as a Republican presidential candidate (Heather White, Huffington Post)

Judaïsme

Naama Margolese, Israeli Girl, Bullied By Jewish Ultra-Orthodox Extremists. 8-year-old Naama is scared to go to her school in Beit Shemesh, as Ultra-Orthodox men continue to spit on her and call her a “whore” for dressing “immodestly”, even if she always wears long sleeves and a skirt. The situation caused a national uproar after a local TV station reported it, and a national demonstration against religious intolerance ensued (Aron Heller, Associated Press/Huffington Post)

Belgique

L'historien des religions Julien Ries aurait été fait cardinal par le Pape Benoît XVI, selon le journal De Standaard, généralement bien informé — Julien Ries tot kardinaal benoemd (De Standaard)

L'Université catholique de Leuven (KUL) entend dans sa nouvelle politique de diversité autoriser les étudiante à déplacer leur examen s'il tombe un jour de fête religieuse de l'une des religions reconnues. Un examen ne pourra en revanche pas être interrompu pour motifs religieux — KU Leuven: 'Examens uitstellen om religieuze redenen kan, onderbreken niet' (Belga, De Standaard)

Dans son nouveau livre, "Agir en chrétien dans sa vie et dans le monde", Mgr Léonard déplore "les nombreux abus commis actuellement en matière de démocratie parlementaire". Selon lui, "le Parlement s’attribue le droit de décider par vote majoritaire du sens de la sexualité, de la différence du masculin et du féminin, de la signification du mot mariage, du rapport métaphysique de l’être humain à la finitude et à la mort, de la qualité des embryons méritant ou non d’être respectés, etc." — Mgr Léonard s’en prend au Parlement (Christian Laporte, La Libre Belgique)

Bulgarie

Le 3 janvier, le Saint-Synode de l'Église orthodoxe bulgare a pris une position très dure sur la procréation médicalement assistée et les mères porteuses. Un projet de loi réglementant les méthodes de fécondation artificielle doit prochainement passer en deuxième lecture au Parlement. En se déclarant résolument contre ces pratiques, l'Église a préféré prendre les devants et lancé un anathème contre ce que les évêques bulgares qualifient d'« insulte à la volonté divine ». « La procréation ne peut qu'être l'œuvre de Dieu », souligne le Saint-Synode, qui invite les parents ayant de problèmes de fertilité à « accepter leur sort avec humilité » — L'Église bulgare préfère les bruns (Alexandre Lévy, Le Figaro)

Amérique latine

En Amérique latine, l'interdiction de l'avortement est une des hypocrisies qui coûte le plus de vies parmi les populations féminines les plus jeunes et les plus fragiles. Dans des pays où la puissance de la religiosité populaire autorise l'Eglise à réaffirmer lors des grandes échéances électorales ses valeurs et ses interdits, où les rapports sexuels sont précoces et l'éducation des corps quasi inexistante, l'avortement clandestin des grossesses non désirées tourne au drame social — L'Uruguay, plus fort que le tabou (Lettre d'Amérique du Sud, Nicolas Bourcier, Le Monde)

Opinions

En multipliant les actes de discrimination à l'égard des femmes, les ultraorthodoxes juifs ont soulevé un vent d'indignation. Il est temps de s'attaquer aux privilèges dont bénéficie cette communauté improductive, estime Nehemia Strasler dans le quotidien israélien Ha'Aretz — Sus aux haredim, ces parasites de la société israélienne (repris dans le Courrier International)

The Problem With Rationalizing The Bible. According to Old Testament professor Joel Baden (Yale Divinity School), since the era of Enlightment, people have tried to find rational, scientific explanations for the miracles that inspire important religious holidays like Hanukkah and Christmas. But by definition, a miracle is a direct intervention of God, changing the course of nature, so ‘rationalizing’ the Bible is actually impossible (Joel S. Baden, Huffington Post)

Les articles 10 et 11 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 ont aboli la notion de blasphème en tant que blasphème, ce dernier ne pouvant être sanctionné que lorsqu'il y a abus ou trouble à l'ordre public : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi » (article X) ; « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté, dans les cas déterminés par la loi » (article XI). La Révolution française représente une rupture en la matière, voire une inversion : la Terreur désinstitutionnalise la religion dans l’espace public — ce qui est déjà très sacrilège — et le droit se débarrasse progressivement de l’inscription du péché de blasphème dans ses textes.

Ce qui ne veut pas dire, loin de là, que le droit a définitivement mis au rencart la répression de ce qui paraît blasphématoire aux yeux de certains. Certes, en 1952, la Cour suprême américaine, dans le fameux arrêt « Baurstyn contre Wilson » a déclarée anticonstitutionnelle — le 1er amendement à la Constitution garantissant la liberté d'expression — l'interdiction du court-métrage « Le Miracle » de Roberto Rossellini, un film jugé blasphématoire. Tandis que la société américaine, dès lors privée de recours judiciaire pour faire valoir sa frilosité morale, a plutôt usé de l’auto-censure, ailleurs, en revanche, le délit de blasphème a continué de nourrir la censure légale, plusieurs décennies durant.

En Allemagne, l'article 166 du Code pénal, punit en effet le blasphème jusqu'à trois ans d'emprisonnement, s'il y a trouble de la paix civile ; il est incorporé aussi dans le droit de l'Alsace-Moselle, qui n’est pas soumise à la loi de séparation française de 1905. C'est le cas aussi en Autriche (articles 188, 189 du Code pénal), au Danemark (sections 140 et 266b du Code criminel), en Finlande (section 10, chapitre 17 du Code pénal), en Irlande (article 40 de la Constitution) ou en Espagne (article 525 du Code pénal) — qui sous le franquisme incarcéra notamment le dramaturge Arrabal pour crime de blasphème.

C’est le cas aussi en Italie, ou en vertu d’un code pénal datant du fascisme, les délits d’outrage à la religion ont été atténués non par une révision du Code mais par des arrêts de la Cour de Cassation (la loi italienne de 2006 a réformé le code pénal fasciste, sans supprimer l’incrimination de blasphème, mais en en modifiant le régime des sanctions). C’est le cas en Norvège (loi de 1930), aux Pays-Bas (article 147 du Code pénal, utilisé sans succès pour la dernière fois en 1968), en Pologne, en Suisse (article 261 du Code pénal) ou au Royaume-Uni — où la loi ne s'applique toutefois qu'à l'Église anglicane, de sorte que la plainte déposée contre les Versets sataniques de Salman Rushdie au motif qu’ils blasphèmeraient l’islam y a été rejetée.

Dans la plupart de ces derniers pays, les dites dispositions légales n'ont en réalité jamais ou peu été utilisées ; souvent, aucune jurisprudence n'est même citée. En Grèce toutefois, l’article 198 du Code pénal punit celui qui, en public et avec malveillance, offense Dieu de quelque manière que ce soit, et celui qui manifeste en public, en blasphémant, un manque de respect envers le sentiment religieux. Cette loi a encore été utilisée en 2005 pour faire condamner à six mois de prison in abstentia l'illustrateur autrichien Gerhard Haderer, et ce pour une bande dessinée jugée blasphématoire, interdite de parution en 2003 — la Cour d'Appel a par la suite levé cette interdiction, sous la pression de l’Union européenne.

La Vie de Brian des Monthy Python fut interdit pendant huit ans en République d'Irlande, et pendant un an en Norvège ; la publicité en Suède annonça ainsi avec beaucoup de malice, en référence à cette interdiction voisine : « Le film tellement drôle que les Norvégiens ont dû l'interdire ». Le film ne fut pas distribué en Italie avant 1990, onze ans après sa sortie. Il fut proscrit à Jersey jusqu'en 2001, et même alors, il fut interdit aux moins de dix-huit ans.

En France, comme dans quelques autres pays — dont la Belgique —, le délit de blasphème n'existe pas (notons qu’en ce qui concerne la Belgique, le code pénal prévoit en son article 144 que « toute personne qui, par faits, paroles, gestes ou menaces, aura outragé les objets d'un culte, soit dans les lieux destinés ou servant habituellement à son exercice, soit dans des cérémonies publiques de ce culte, sera punie d'un emprisonnement de quinze jours à six mois et d'une amende de vingt-six euros à cinq cents euros). Toutefois, les lois françaises de 1881 sur la liberté de la presse (renforcées par l’arsenal anti-discriminatoire de la loi Pleven de 1972) y sanctionnent l'incitation à la haine ou à la violence en raison de la religion (art. 24) ou la diffamation contre un groupe religieux (art. 31). Ainsi, souvent, la loi Pleven ou d'autres instruments juridiques, conçus comme plus efficaces que des lois anti-blasphème, sont aujourd’hui utilisés ou manipulés par ceux qui entendent poursuivre pour blasphème sous le couvert d’injure faite aux religions, et qui inversent à cette fin le sens de la rhétorique des droits de l’homme.

Le droit international, enfin, a du mal à intégrer cette notion ; ainsi, la Cour européenne des Droits de l’Homme a considéré que les Etats sont plus à même que le juge international d’apprécier la légitimité d’une restriction à la liberté d’expression destinée à protéger leurs concitoyens de ce qui peut les heurter. Elle a, en 1994, conforté la décision de la justice autrichienne dans l’affaire Werner Schroeter — le réalisateur et metteur en scène allemand auteur du Concile d’Amour, attaqué par le Otto Preminger Institut —, ou celle de la censure britannique dans l’affaire Nigel Wingrove en 1996 — du nom du cinéaste auteur du court-métrage Visions of Ecstasy.

Dans ces deux arrêts, la Cour de Strasbourg a considéré qu’en matière de liberté d’expression, les opinions dites blasphématoires relevaient d’une catégorie particulière, alors qu’habituellement la Cour est dans sa jurisprudence plutôt attentive à ce que la liberté d’expression proclamée dans l’article 10 de la Convention européenne de sauvegarde des Droits de l’Homme soit pleinement respectée. Et ce alors que l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe recommande quant à elle la suppression du délit de blasphème dans le droit interne des Etats affiliés.

Déduisant de la liberté de religion le droit d’être protégé contre des propos diffamant la religion et donc pour un justiciable de ne pas être insulté dans ses sentiments religieux, la Cour de Strasbourg a ainsi assimilé la diffamation de ce qui est considéré comme sacré par les religions à la diffamation des personnes — justifiant dès lors des éventuelles restrictions à la liberté d’expression. Mais en réalité, aux Etats-Unis surtout, et en Europe davantage chaque jour désormais, c’est l’auto-censure qui prévaut, de sorte que c’est moins dans la répression que dans la prévention du supposé délit de blasphème que s’inscrit la tendance, en ce début de XXIe siècle.

Il s'agit donc aussi, au regard de sa profondeur historique et de l’état moral de nos sociétés, d’interroger la question du blasphème ou ses expressions contemporaines dans les législations nationales, tout autant que les restrictions à la liberté d'expression dans le droit international, ainsi que le recours à des arguments religieux comme le blasphème dans des revendications de type ethnique ou identitaire. Et ce parce que dans des pays vivant sous le joug de la loi religieuse, mais également dans nos démocraties libérales, le « religieusement correct » revient en force aujourd’hui et contribue, notamment en usant de l’argument de la diffamation religieuse, à brider la liberté d’expression.

L’affaire des caricatures danoises a montré que la censure pouvait venir non seulement de l’autorité civile, mais également de ceux qui sont prêts à tout, jusqu’à détourner l’esprit de la loi, pour faire triompher leur conception totalitaire d’une liberté d’expression bridée par le respect qui serait dû aux expressions de la foi religieuse. Ce qui a conduit à de nombreuses actions intentées pour injure envers une religion devant les tribunaux, notamment français — le délit de blasphème étant comme on l’a dit irrecevable en France.

Par une perversion de sens, la diffamation de la religion est ainsi assimilée aujourd’hui à la diffamation envers les croyants, menant à la confusion avec la discrimination ethnique ou religieuse. La relation entre blasphémateur et l’objet du blasphème, qui était verticale (blasphémateur/Dieu), s’est ainsi horizontalisée, opposant celui qui exerce son droit à la liberté d’expression à l’égard des croyances religieuses et celui qui considère que sa liberté religieuse serait atteinte par ce type d’offense.

Le rétablissement d’un ordre moral se profile ainsi insidieusement, par la voie non politique mais judiciaire — avec quelques succès comme l’interdiction de l’affiche de la Cène détournée de Marithé et François Girbaud, en 2005, cassée toutefois en Cour de Cassation l’année suivante. Cela dit, l’affaire des caricatures a définitivement permis à des groupes de pression de revendiquer ouvertement le rétablissement d’une législation anti-blasphème là où elle n’existe plus, et son application ailleurs. La répression du blasphème montre ainsi la complexité de sa gestion sociale et judiciaire, au coeur de la tension entre liberté de conscience (du diffamateur et du diffamé), liberté d’expression et censure ­— comme si l’on en revenait au temps où Flaubert subissait pour le texte de Madame Bovary les foudres du procureur Pinard.

Jean-Philippe Schreiber (ULB).

 

Orientation bibliographique :

J. Boulègue, Le blasphème en procès, 1984-2009. L’Eglise et la mosquée contre les libertés, Paris, Nova, 2010

P. Dartevelle, Ph. Denis et J. Robyn (dirs.), Blasphèmes et libertés, Paris, Cerf, 1993

 

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