Fondés par des Européens fuyant l’intolérance politico-religieuse de l’Europe, les États-Unis d’Amérique n’échappent pas pour autant au lourd héritage de la haine des Juifs. Non que celle-ci ait jamais présenté la même envergure ou le même caractère oppressant que sur le vieux continent. Mais l’immigration juive en provenance de la Zone de Résidence de l’empire tsariste se fait massive après les pogroms de 1881.
La mobilité sociale du groupe juif, remarquable dans un pays neuf où la compétition est extrêmement vive, réveille les mouvements populistes, qui surestiment par exemple de manière fantasmatique l’importance de la banque juive, censée accaparer l’économie de l’Union. Dès le début du XXe siècle, les Juifs connaissent des discriminations à l’emploi, se voient interdire l’accès à certaines zones résidentielles et à certains clubs et organisations. Si bien que l’Anti-Defamation League voit le jour en 1913 pour combattre cette montée de haine.
Elle vient à son heure :
- - L’identification des Juifs aux bolcheviques qui renversent en 1917 le régime tsariste, la montée dans les années 20 de l’organisation raciste du Ku Klux Klan alertent la communauté juive.
- Le numerus clausus frappe étudiants et professeurs juifs dans de grandes universités comme Harvard, Columbia, Cornell ou Boston.
- Ce sont essentiellement les candidats juifs à l’immigration que les quotas restrictifs de la loi de 1924 ont pour effet de frapper, sans toutefois les viser explicitement.
Dans les années 30 et 40, les sondages révèlent que près de la moitié de l’opinion américaine considère les Juifs comme malhonnêtes et avides. Et certains rêvent de remèdes drastiques à leur présence.
- - La démagogie d’extrême droite les accuse d’être à l’origine de la Grande Dépression, de dominer l’administration Roosevelt et sa politique du New Deal (le « Jew Deal »), d’entraîner le pays dans la guerre avec une Allemagne nouvelle que d’aucuns à droite de l’échiquier politique tiennent pour exemplaire à bien des égards.
- Faisant fond sur la donnée religieuse inhérente à l’imaginaire civique américain, divers prêcheurs fanatiques (le catholique Charles Coughlin par exemple) font du christianisme un élément sine qua non de l’identité nationale.
- Le pionnier de l’industrie automobile Henri Ford propage activement l’antisémitisme dans la presse qu’il dirige, où il n’hésite pas à rééditer les Protocoles des Sages de Sion.
- Charles Lindbergh, le premier aviateur à avoir traversé l’Atlantique, prête son immense prestige à la dénonciation de l’emprise des Juifs sur la politique du pays, tandis que des mouvements pronazis donnent de la voix.
C’est ce contexte qui, au-delà des justifications – attendues – par la dureté économique des temps, rend compte du peu d’empressement à accueillir les réfugiés fuyant le nazisme.
- --Les quotas d’immigration, pourtant restrictifs, ne seront même pas remplis et, en termes absolus, les États-Unis recevront dans les années de guerre moins d’immigrants juifs que la Suisse. En 1939, on renverra ainsi à un destin incertain en Europe le paquebot Saint-Louis, parti de Hambourg avec 936 réfugiés, allemands pour la plupart.
- Alors même que la Shoah ravage le monde juif sur le vieux continent, une centaine d’organisations antisémites insufflent la haine des Juifs dans le public américain. Des cimetières et des synagogues sont vandalisés à New York et Boston.
- Au plan politique, les obstacles bureaucratiques à l’immigration seront délibérément multipliés. Ce n’est qu’en janvier 1944 que sera instauré, par décision du président Roosevelt, le War Refugee Board, avec pour mission l’aide aux victimes de l’oppression nazie. Combien de milliers de Juifs ont payé de leur vie cet immobilisme ?
L’après-guerre voit décliner, mais certainement pas disparaître, l’antisémitisme.
- Les chapelles néo-nazies restent extrêmement actives (promues par exemple, dans les années 50-70, par une organisation comme le Liberty Lobby de Willis Carto). Les skinheads néo-nazis prolifèrent dans les années 80-90.- En 1979 est fondé en Californie l’Institute for Holocaust Research, qui s’attache à prouver « scientifiquement » que la Shoah n’est qu’une imposture qui ouvre aux Juifs un crédit illimité sur le sentiment de culpabilité de la nation.
Par ailleurs, l’appui massif des Juifs à la cause des droits civiques pour les Afro-Américains dans les années 50 n’empêche pas des frictions continuelles entre les deux communautés, surtout quand voit le jour, sur fond de conflit israélo-palestinien, une forme d’islam local qui fournit aux yeux de certains un élément déterminant dans la construction de l’identité noire. Nation of Islam est certainement l’une des raisons majeures de l’inquiétude des Juifs américains. Son principal leader, Louis Farrakhan, a multiplié, entre autres invectives dirigées contre « les Blancs », les déclarations virulemment antisémites et révisionnistes.
Enfin, aux États-Unis comme ailleurs, la situation au Proche-Orient n’a pas manqué de fournir la matière à un « New Antisemitism » où se rejoignent extrême gauche, extrême droite et islam radical : sous couleur de dénonciation du « sionisme », ce sont les Juifs en général qui se trouvent ciblés. Et les engagements de George W. Bush dans la guerre d’Irak ont ranimé chez certains politiciens conservateurs une rhétorique qui, à l’occasion, rappelle étrangement celle qu’on entendait dans les années 40 et qui faisait des États-Unis l’otage des Juifs dans une guerre menée contre les intérêts du pays...
Jacques Déom (ULB).
L’appréciation de la place que tient la haine des Juifs en milieu musulman soulève aujourd’hui d’âpres controverses. Entre une vision résolument optimiste, qui tend à exonérer dans l’ensemble la sphère politico-culturelle musulmane des pires taches qui ternissent en la matière le monde chrétien – c’était notamment l’approche de savants juifs du XIXe siècle, paradoxalement recyclée aujourd’hui... par l’arabo-islamisme – et une approche plus attentive aux discriminations et tueries dûment attestées par la documentation, mais minimisées par les islamologues classiques, le risque est grand d’imposer le choix entre une histoire « édénique » et une autre « lacrymale », également tendancieuses.
Rien ne semble en tout cas rappeler, dans l’islam prémoderne, la démonisation du Juif qui domine l’imaginaire dans le monde chrétien contemporain : pas d’accusation d’empoisonner les puits ou de répandre la peste, ni mythologie du « Juif éternel ». Rien, surtout, qui véhicule une charge émotionnelle et symbolique comparable à celle de l’épouvantable accusation de déicide. Il faut certes compter avec la lourde accusation théologique d’avoir falsifié la Révélation.
Mais, dans le vaste empire musulman, la dominante pourrait bien être le mépris du dominant pour le dominé, avec sa traduction institutionnelle : le statut de dhimmi imposé aux Juifs. En retour de la protection de l’Ummah islamique, le minoritaire « protégé » paie une taxe spécifique, la djizia ; les autres taxes qu’il doit acquitter sont majorées ; parfois il lui est imposé de se vêtir de manière spécifique ou interdit d’accéder à certains emplois publics ; il ne peut porter les armes, monter à cheval ou témoigner en justice quand des musulmans sont impliqués ; des restrictions peuvent frapper l’entretien ou la construction de synagogues ; le Juif ne peut porter de nom arabe ou étudier le Coran.
Dans la pratique, la condition socio-économique des Juifs varie selon les lieux et les époques. Ils sont relativement libres de choisir profession et lieu de résidence. C’est ainsi que le confinement des Juifs au mellah (ghetto) n’est pas, au Maroc, antérieur au XVe siècle et ne se généralisera qu’au début du XIXe. Les califes de la dynastie égyptienne des Fatimides d’Égypte (Xe-XIIe siècles) passent pour leur avoir été favorables. Et non moins accueillant fut l’empire ottoman, le plus grand État musulman que l’histoire ait connu (1299-1922).
L’Espagne médiévale sous domination musulmane – Al Andalous – incarne exemplairement l’ambiguïté de la situation des Juifs en terre d’islam. Conquise à partir du VIIIe siècle, elle n’est totalement rechristianisée qu’avec la chute de Grenade, au terme de la Reconquista, en 1492. Elle a été indûment mythifiée, au point que d’aucuns n’hésitent pas à la présenter aujourd’hui comme un modèle de tolérance, si ce n’est comme une anticipation de la société “multiculturelle”. De fait, elle se signale, pour ce qui est du judaïsme, par une exceptionnelle créativité sociale et culturelle, à telle enseigne qu’on a pu l’évoquer en termes d’« Âge d’Or ».
Il s’en faut pourtant que les relations avec les maîtres musulmans y aient été iréniques : un pogrom éclate à Cordoue en 1011, un autre à Grenade en 1066 (le vizir juif Joseph ibn Nagrela est crucifié et 4.000 de ses coreligionnaires massacrés). La dynastie des Almohades, qui domine de son islam messianique et militant le Maghreb et l’Andalousie (1147-1269), fournit une exception majeure au libéralisme musulman supposé à date ancienne : en 1165, un édit impose aux Juifs le choix entre la conversion et la mort. Le grand philosophe, juriste et médecin Maïmonide (1135-1204) sera contraint à feindre la conversion et à prendre la fuite. C’est au même qu’on doit une Lettre au Yémen, où il livre aux Juifs de cette région, eux aussi soumis à la persécution, ses réflexions et directives. Les manifestations littéraires d’antisémitisme ne manquent pas : des Xe et XIe siècles date une propagande qui présente les Juifs comme des êtres fourbes, oppresseurs et exploiteurs des musulmans, qui se solda en Égypte par des morts nombreux.
Le rôle de l’influence occidentale dans la genèse de l’antisémitisme moderne en pays d’islam n’est pas discutable. C’est dans le sillage de l’expansion coloniale européenne du XIXe siècle, avec son cortège de pratiques politiques, commerciales et missionnaires, que s’insinuent nombre d’idées antisémites – à l’instar d’autres concepts modernes. Le truchement des Arabes chrétiens d’orientation nationaliste aurait été crucial dans ce processus d’acclimatation, qui se nourrira de la rivalité des nationalismes juif et arabe et ne parviendra à maturité qu’avec la naissance du conflit arabo-israélien.
Déjà l’Affaire de Damas (1840) présente une coloration « occidentale » : lorsqu’un moine italien et son serviteur disparaissent, des Juifs de la ville sont accusés de « crime rituel » et déclarés coupables. Divers consuls occidentaux sont impliqués dans la polémique, autant que des acteurs locaux. En découle une série de pogroms au Proche-Orient et au Maghreb. La seconde moitié du siècle et le début du XXe seront d’ailleurs émaillés d’autres massacres de Juifs dans la région. C’est ainsi que le quartier juif de Fès (Maroc) est quasiment détruit par la populace en 1912.
La montée, puis l’accession du nazisme au pouvoir en Allemagne a des incidences directes sur les pogroms en Algérie dans les années 30, et les attaques qui visent les Juifs d’Irak et de Libye au cours de la Seconde Guerre mondiale (180 Juifs sont massacrés et 600 blessés par des musulmans pronazis à Baghdad en juin 1941). Une indéniable sympathie pour Hitler a gagné dès 1933 nombre d’Arabes, qui aperçoivent dans son éventuelle victoire la possibilité d’une promotion du monde musulman. Des partis politiques marqués par l’idéologie nazie voient le jour, qui resteront influents au lendemain de la guerre.
Mohammad Amin al-Hussayni, grand mufti de Jérusalem, cherche à créer avec le Führer (qui le recevra à Berlin le 30 novembre 1941) une alliance contre les Juifs : antisémitisme et nationalisme sont aux sources de son projet d’ « élimination d’un foyer national juif ». Il est impliqué entre autres dans le recrutement de musulmans bosniaques dans plusieurs divisions de Waffen SS. Mêmes sympathies fascisantes en Irak (coup d’État de Rashid Ali et pogrom à Baghdad en 1941), en Iran (Reza Shah Pahlavi), en Égypte (Jeune Égypte, fondé en 1934 par Ahmad Hussayn ; le courant nationaliste). Bien qu’ils s’en défendent, l’Égypte, la Syrie et l’Iran ont donné asile après la Seconde Guerre mondiale à des criminels de guerre nazis.
L’« antisionisme » arabo-musulman applique dans ce contexte la panoplie des pratiques connues par l’antisémitisme européen. Dès les années 30, on peut relever, de l’Irak au Maroc et du Yémen à la Syrie, nombre de cas où les Juifs sont frappés de perte de la nationalité, d’incapacités juridiques, de mesures diverses d’isolement des personnes, de spoliation économique, de discriminations socio-économiques, quand ils ne sont pas victimes d’une violence physique, qu’elle prenne la forme du pillage, de l’assassinat individuel ou du pogrom (Constantine, Algérie, 5 août 1934 : 27 morts ; Tripoli, Libye, janvier 1945 : 135 morts...).
Les heurs et malheurs du nationalisme arabe, de ses pratiques et de ses mythes constituent l’arrière-plan de cette massive absorption de conceptions en provenance d’Europe, qui se marient avec plus ou moins de cohérence avec les données héritées du passé musulman prémoderne. Que la lutte contre l’Europe colonialiste ait cru nécessaire d’emprunter à celle-ci quelques-unes de ses obsessions et pratiques les plus nauséeuses est en soi révélateur de la profonde crise d’identité du monde musulman.
Prospérant aujourd’hui sur le terreau de l’échec des États nés de la décolonisation à arracher leur population à la misère économique, au sous-développement politique et culturel et au doute qui les taraude quant à leur avenir, l’islamisme invoque une utopie réactionnaire fondamentaliste – un islam pur des origines – comme solution à l’impasse que connaît l’islam, exportable par la « guerre sainte » (Jihâd) à l’ensemble du monde musulman, en ce compris les banlieues des grandes villes occidentales. Dans cette idéologie englobante, l’État d’Israël, mais aussi immanquablement à sa suite « les Juifs » dans leur ensemble, sont résolument arrachés à leur réalité empirique pour renouer avec leur statut fantasmatique – en quelque sorte métaphysique – de cause du Mal. Ce statut métapolitique, déréalisé, imposé aux Juifs est à la racine de tous les délires antisémites que dégorgent à foison nombre de sites internet, blogs et média dans le monde musulman, tout autant que la rhétorique de mouvements politiques tel le Hezbollah ou d’un État comme l’Iran.
Jacques Déom (ULB).
L’antisémitisme a produit une ample littérature, dont le plus gros est fait de pamphlets minables de tonalité odieuse, d’ouvrages perversement pseudo-scientifiques, de fictions plus ou moins délirantes. Dans cet océan de médiocrité haineuse, certains titres ne manquent jamais d’attirer l’attention : les Protocoles des Sages de Sion ou Mein Kampf, par exemple, jouissent d’un succès durable, à en juger par le nombre de leurs rééditions et des traductions auxquelles ils donnent lieu.
On voudrait croire clos sur lui-même ce sinistre corpus et la « grande littérature », celle que produit la haute culture, puisant aux sources vives de la séculaire créativité occidentale, intouchée par ce qui l’inspire. Ce serait sous-estimer naïvement l’emprise profonde du « code culturel » que constitue l’antisémitisme, y compris sur des écrivains dont personne ne songe à nier le talent, si ce n’est le génie. Des œuvres centrales de la littérature contemporaines sont plus ou moins profondément marquées par la haine des Juifs. D’où le malaise persistant que suscite par exemple, dans l’univers francophone, un Louis-Ferdinand Céline (1894-1961).
L’inoubliable auteur du Voyage au bout de la nuit l’est également de l’immonde Bagatelles pour un massacre. Et si l’on peut lire le premier titre dans l’édition de prestige de la Bibliothèque de la Pléiade des éditions Gallimard, on n’y trouvera pas le second, alors que rien n’autorise à supposer que les deux textes relèvent dans l’esprit de leur auteur de registres différents. Sans présenter les mêmes traits délirants, les romans de Georges Simenon (1903-1989) ou le théâtre de Michel de Ghelderode (1898-1962) laissent transparaître leur antipathie pour les Juifs. Il en va de même d’une étoile de première magnitude de la littérature anglaise comme Thomas S. Eliott (1888-1965). Quant au poète Ezra Pound (1885-1972), à qui l’on doit une influente critique littéraire et de révolutionnaires Cantos, ses diatribes profascistes et antisémites sur les ondes de la radio italienne du temps de Mussolini lui vaudront d’être le seul Américain condamné pour crime de guerre, puis interné comme aliéné...
Jacques Déom (ULB).
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L’antisémitisme a fait et continue de faire l’objet, sur ses formes d’autrefois comme sur ses avatars présents, d’innombrables études, parfois fort érudites. Leur volume est de nature à décourager ceux qui recherchent prioritairement une approche synthétique.
Par ailleurs, dans sa compréhension même, il soulève nombre de questions, sinon de polémiques. Comment rendre compte de la dynamique qui génère au cours des siècles des formes de haine diverses – dont les structures peuvent sembler mutuellement incompatibles – à l’égard d’un peuple dont l’identité a elle-même connu des mutations dramatiques ?
On ne se flattera évidemment pas d’avoir répondu à cette épineuse, et peut-être insoluble, question. Il nous a semblé que resituer le phénomène dans l’histoire générale et montrer qu’on doit le saisir au cœur des enjeux essentiels à chaque phase constitutive de celle-ci permettait à tout le moins d’en appréhender le caractère profondément significatif et, pour tout dire, la cohérence. L’antisémitisme n’est pas seulement, comme toutes les autres formes de racisme d’ailleurs, une somme de poussées de haine conjoncturelle. Il a partie liée avec la faille identitaire qui taraude nécessairement toute société. Tenter de préciser – ne serait-ce que dans les grandes lignes – les modalités européennes de ce mal-être, c’est appeler à une compréhension qui laisse mesurer la véritable ampleur du problème et se refuse à réduire à quelques slogans aussi bien-pensants qu’inopérants la thérapie qu’il requiert.
Comprendre n’est pas admettre. Si l’on veut déjouer le piège de la haine, il convient de voir posément d’où elle naît. Cette prise de conscience est l’une des tâches majeures qui incombent – dans notre société de jour en jour plus « multiculturelle » – à ceux qui forment les citoyens de demain. Ce dossier voudrait les aider à poser clairement quelques jalons. Il ne saurait évidemment nourrir l’ambition de tout dire.
Jacques Déom (ULB).
"Ennahda a tranché. Le chef de file du parti islamiste tunisien au pouvoir, Rachid Ghannouchi, a annoncé devant la presse, lundi 26 mars, que l'article1 de la Constitution de 1959, qui stipule que "la Tunisie est un Etat libre indépendant, et souverain, sa religion est l'islam, sa langue l'arabe et son régime la République", serait maintenu en l'état dans la rédaction du futur texte que prépare l'Assemblée constituante" - Ennahda renonce à inscrire la charia dans la Constitution (Isabelle Mandraud, Le Monde)
"L'histoire de la Tunisie post- Ben Ali retiendra peut-être le lundi 26 mars 2012 comme une date importante. Ce jour-là, le parti islamiste Ennahda, qui domine la vie politique, a dit non aux groupes extrémistes salafistes. Il a opposé un refus net et catégorique à l'introduction de la charia - la loi islamique - dans la Constitution du pays" - Ces islamistes qui disent non à la charia (Editorial du Monde)
"Le parti islamiste Ennahda, qui domine l'Assemblée nationale constituante (ANC), en Tunisie, a annoncé, lundi 26 mars, son soutien au maintien de l'article premier de la Constitution de 1956, qui suscite des tiraillements politiques entre modernistes et islamistes. Cette décision va à l'encontre des demandes formulées par les islamistes pour que la charia (la loi islamique) soit reconnue comme source principale de la législation dans la nouvelle Constitution du pays" - Ennahda contre l'inscription de la charia dans la Constitution tunisienne (AFP et AP, Le Monde)
"Pour la première fois aux Etats Unis, un évêque catholique comparaît devant la justice pour avoir couvert des prêtres pédophiles. Son procès s’est ouvert le 26 mars. Il risque 14 ans de prison" - Pédophilie: un évêque américain dans la tourmente (P. G., Catho.be)
"Le début du premier voyage de Benoît XVI dans un pays latino-américain hispanique a été marqué par un accueil très chaleureux à Leon (Mexique)" - Accueil chaleureux au Mexique, où Benoît XVI s’est adressé au monde (Frédéric Mounier, La Croix)
"Dans un contexte troublé par la violence et les sectes, il a convié les Mexicains à «une société plus juste et solidaire»" - Au Mexique, Benoît XVI se pose en rassembleur (Jean-Marie Guénois, Le Figaro)
Une influente association italienne, réunissant chercheurs et universitaires, accuse Dante d’être antisémite, homophobe et islamophobe. L'affaire prêterait à rire si cette association, "Gherush92", n'avait pas le statut de consultant auprès du Conseil Economique et Social des Nations Unies et ne demandait pas le retrait de la Divine Comédie des programmes scolaires — Dante condamné à l'enfer pour antisémitisme et islamophobie (Ariel Dumont, MyEurop)
La question de la liberté de conscience a été tranchée dans le cadre la dernière réforme de la Constitution, a fait savoir, vendredi à Casablanca, Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication, porte parole du gouvernement — Révision constitutionnelle : «Plaidoyer pour la liberté de conscience au Maroc» (Le Matin.ma)
"Le Conseil français du culte musulman a exprimé jeudi soir dans un communiqué de son président Mohammed Moussaoui le souhait que l'islam "soit dissocié définitivement du terrorisme", après la mort du tueur au scooter Mohamed Merah" - Tueries de Toulouse et de Montauban - Le CFCM demande que l'islam "soit dissocié définitivement du terrorisme" (AFP, Le Point)
"Mohamed Merah a été présenté par le ministre de l'Intérieur Claude Guéant comme proche d'un groupe d'idéologie salafiste. Qui sont les musulmans qui adhèrent à cette mouvance ?" - Qui sont les salafis de France ? (Jamila Aridj, Le Point)
"Refuser tout «amalgame». Mercredi, responsables juifs et musulmans ont encore une fois uni leurs forces pour que le dénouement de cette tragique séquence qui a vu tomber sous la même arme des militaires de religion musulmane et catholique, et des enfants et leur professeur, de confession juive, par une justification terroriste se recommandant de l'islam, ne nourrisse le lien entre cette religion et la violence" - Juifs et musulmans dénoncent le risque d'amalgame (Jean-Marie Guénois, Le Figaro)
"Unis dans l’épreuve : après avoir été reçus par Nicolas Sarkozy, mercerdi 21 mars dans la matinée, les responsables juifs et musulmans de France ont uni leurs voix pour rejeter tout « amalgame » et toute « instrumentalisation » après les tueries de Toulouse et Montauban" - L’épreuve renforce les relations judéo-musulmanes (François-Xavier Maigre, La Croix)
"Les obsèques du patriarche de l'Eglise copte orthodoxe d'Egypte, Chenouda III, ont débuté mardi matin dans la grande cathédrale Saint Marc du Caire, pleine à craquer de fidèles, de religieux et d'officiels" - Foule nombreuse et deuil national pour les obsèques de Chenouda III (AFP, La Libre Belgique)
"Le patriarche de l'Église copte orthodoxe d'Égypte Chenouda III a été inhumé mardi en fin d'après-midi au monastère de Saint-Bichoï, à une centaine de kilomètres au nord-ouest du Caire" - Égypte: Chenouda III inhumé dans un monastère (AFP, Le Point)
"La sanglante fusillade de Toulouse a été vécue comme un véritable drame familial en Israël. Les radios, les principales chaînes de télévision ont suivi le drame minute par minute comme s'il s'agissait d'un attentat commis dans une école de Tel-Aviv ou de Jérusalem, avec des témoins interrogés en direct aussi bien en français qu'en hébreu" - Israël ressent la tuerie comme un drame familial (Marc Henry, Le Figaro)
"La tuerie lundi dans une école juive française a provoqué des réactions indignées à travers le monde, et un renforcement des mesures de sécurité autour d'intérêts juifs dans certains pays d'Europe" - Fusillade Toulouse: "Meurtre odieux de Juifs" (AFP, La Libre Belgique)
"Le rabbin Jonathan Sandler est mort avec ses deux fils Arieh, 5 ans, et Gabriel, 4 ans, et laisse une veuve et une petite fille. L'enseignant était natif de Bordeaux, où il a vécu avec ses parents" - Toulouse : Jonathan est mort aux côtés de ses deux fils (Jean-Wilfrid Forquès, Le Figaro)
"Un homme a ouvert le feu ce matin sur un groupe de parents et d'enfants devant le collège juif Ozar Hatora. Deux personnes ont été grièvement blessées. La police indique que le tireur pourrait être celui qui a abattu trois militaires à Toulouse et à Montauban la semaine dernière" - Fusillade devant une école juive de Toulouse, trois morts (Jean-Marc Leclerc, Le Figaro)
"Un homme a ouvert le feu lundi matin devant un collège juif, a-t-on appris de source policière. Trois enfants et un adulte ont été tués et deux personnes sont gravement blessées, a indiqué le procureur de la République, Michel Valet. Il s'agit du collège Ozar-Hatorah, dans le quartier résidentiel de La Roseraie, à Toulouse" - Toulouse : fusillade devant un collège juif (Jean-Michel Décugis et Aziz Zemouri, Le Point)