Le monde est une sorte de livre ouvert dans lequel le pénitent décèle et célèbre l’incarnation du Verbe. C’est pour cette raison que la nature joue un rôle essentiel dans la pratique de la prière – qu’il s’agisse du lieu ou elle se pratique ou des thèmes célébrés. Dans la plupart des religions d’ailleurs, les sociologues et les anthropologues ont montré que la prière sert à tisser des liens entre l’être individuel et son monde environnant.
Il n’est dès lors pas étonnant que les chrétiens aient – et continent à jouer - un rôle souvent crucial dans les groupes de pression et les partis écologistes, qu’il s’agisse de l’Europe ou des États-Unis. Il existe aujourd’hui un mouvement en France qui s’appelle « catho-écolo ».
Il ne faudrait pas oublier que l’attachement à la nature peut comporter aussi une prédilection pour l’ « ordre naturel », décrété immuable, fixé pour toujours par la création divine. De ce fait-là, toute atteinte à la réalité intangible (par un travestissement de la forme, par une interprétation des phénomènes basée sur l’inconscient, par une « déformation » de la lecture autorisée sur l’humain ou par une lecture polysémique du Livre) est violement proscrit. Autrement dit, l’attachement à la nature peut aller de pair avec un conservatisme avéré, qui concerne certes l’environnement mais également l’organisation sociale. Toute modification des lois qui gèrent la société peuvent de ce fait être discréditées parce que « non-naturelles ».
On le voit donc, les groupes et les mouvements écologistes sont traversés par des courants idéologiques qui peuvent aller d’un bout de l’échiquier politique à l’autre, entre la droite et la gauche.
Cécile Vanderpelen-Diagre (ULB).