En France, la rentrée littéraire a été marquée par le référent chrétien, à tel point que L’Obs n’a pas hésité à titrer : « Dieu fait sa rentrée littéraire ». Dieu, la foi, la quête de sens spirituel, le catholicisme, le christianisme, les catholiques, les chrétiens et les convertis (à savoir les conversions tant à la religion qu’à l’athéisme) sont en effet convoqués dans un nombre remarquable de romans : Le Royaume d’Emmanuel Carrère, Une éducation catholique de Catherine Cusset, Excelsior d’Olivier Py, La vie de Jude, frère de Jésus de Françoise Chandernagor, Son visage et le tien d’Alexis Jenni ou encore le prix Goncourt Pas pleurer de Lydie Salvayre. Cette floraison est significative : pour les éditeurs, le sujet constitue un marché potentiel — et ils ont raison.
Le jour où les carnets intimes du cinquième roi des Belges seront disponibles — ils ont certes été utilisés par le cardinal Suenens pour écrire ses ouvrages sur Baudouin, mais la reine Fabiola les a ensuite repris et conservés — on pourra certainement avoir des éléments supplémentaires sur la foi du souverain, dont le cardinal s’est fait l’écho dans ses souvenirs. Mais à travers les écrits de celui-ci (Le roi Baudouin, une vie qui nous parle, 1995), qui fut un proche du roi, et les déclarations de Fabiola à la presse — notamment au moment des fiançailles royales —, on peut déjà avoir une idée convaincante du rapport que le couple entretenait avec la religion.
Cinquante ans après le 2e Concile œcuménique du Vatican (1962-1965), les historiens et sociologues du catholicisme s’interrogent plus que jamais sur la portée exacte de cet événement. La question se pose notamment de savoir si les réformes sanctionnées par les décrets conciliaires ont été vécues comme une rupture par les croyants, les religieux et la hiérarchie ou si elles entérinaient une série de changement expérimentés ou espérés dans les communautés, partout à travers le monde. Un colloque international s’est réuni la semaine dernière à Rome afin d’examiner le problème en se focalisant plus spécifiquement sur les ordres religieux, masculins et féminins. Les congrégations religieuses ont en effet été des laboratoires où ont été discutés des projets de rénovation des structures de gouvernance de l’Église. Nombre d’experts du Concile en étaient d’ailleurs issus.
La semaine dernière, la seconde saison de la série phare d’Arte et Zadig production intitulée Ainsi soient-ils s’achevait. L’intrigue imaginée par David Elkaïm, Bruno Nahon, Vincent Poymiro et Rodolphe Tissots est basée sur le parcours de cinq jeunes hommes qui entrent au séminaire des Capucins à Paris. Leurs histoires, motivations et psychologies très différentes ont pour effet qu’ils vivent leur engagement de manières très diverses. Ils découvrent, avec le spectateur, que leur destin est en outre lié aux arcanes de la hiérarchie ecclésiastique, prise dans les jeux de pouvoir à son sommet et tiraillée par les secousses d’une Église déchirée sur de nombreuses questions : les sans-papiers, la chute des vocations, la sexualité et/ou le mariage des prêtres, la « modernité » politique et sociale, le mariage pour tous. La série a défrayé la chronique, que ce soit dans les médias catholiques ou non.
"C'est un fort courant d'inquiétude qui traverse actuellement l'Eglise catholique luxembourgeoise. En cause : la volonté du gouvernement dirigé depuis décembre dernier par le premier ministre d'orientation libérale Xavier Bettel, de procéder à une réforme en profondeur des relations entre l'Etat et les cultes. Elle pourrait entraîner une remise en question du financement jusqu'alors accordé par les pouvoirs publics aux cultes dits conventionnés" — L'Eglise catholique du Luxembourg agite le spectre de sa propre faillite (Fait Religieux)
"«Françoise, Anouk, Erwan, mes parents, je vous aime.» Les derniers mots d'Hervé Gourdel ont été pour sa famille. Les terroristes qui avaient enlevé le guide de haute montagne dimanche dernier dans les montagnes de Kabylie l'ont assassiné ce mercredi, comme ils avaient menacé de le faire après expiration de l'ultimatum de 24 heures donné à François Hollande pour arrêter les frappes en Irak" — Assassinat d'Hervé Gourdel : le crime djihadiste qui défie la France (Mélanie Matarese, Le Figaro)
Avec son visage lunaire sans bouche et son costume breton, le personnage de Bécassine est l’une des héroïnes de bande dessinée française les plus connues du début du vingtième siècle. Née sous le crayon d’Emile-Joseph-Porphyre Pinchon pour le premier numéro de la revue La Semaine de Suzette en 1905, elle s’affirme avec Maurice Languereau, pour les textes, lors de la parution du premier album des aventures de Bécassine, L’enfance de Bécassine en 1913. Cette collaboration fructueuse dura jusqu’en 1938 avec la parution du dernier opus, Bécassine en roulotte. Les albums publiés chaque année entre 1905 et 1938 connurent un succès important. L’héroïne bretonne fut ensuite remise au goût du jour dans les années cinquante, et vingt ans plus tard, devint le sujet d’un air populaire grâce à la chanteuse pour enfants Chantal Goya. Furent alors mis en évidence son caractère bon enfant et maladroit. De la sorte, tout le monde semble avoir oublié que le projet initial des albums comportait une réelle dimension politico-religieuse. Si Bécassine « est ma cousine », comme le dit la chanson, elle n’en demeure pas moins une cousine bien catholique.
Le référendum invitant les Écossais à se prononcer sur l’indépendance de leur région (ou Nation pour ses partisans) a inspiré de nombreux reportages sur les spécificités politiques, sociales, économiques et culturelles de ce pays. Ces analyses n’interrogeaient cependant que très rarement la place de la religion dans les rivalités identitaires en place. On oublie ainsi que si la religion majoritaire y est l’Église d’Écosse presbytérienne, très liée à l’identité écossaise, la deuxième en importance est l’Église catholique romaine. Cette dernière a vu croître les rangs de ses fidèles par l’apport des Irlandais au XIXe siècle, puis, au XXe siècle, l’immigration italienne et polonaise — et, plus récemment, indienne, philippine et africaine. De ce fait, la proportion de catholiques dans la société y est plus élevée qu’en Angleterre : on l’estime en effet à 17 %, contre 10 % au sud du Royaume-Uni. Quelles sont les conséquences de cette présence sur les dynamiques politiques et sociales écossaises ? Quel a été ou aurait pu être son impact sur le résultat du referendum autour de l’indépendance écossaise ?
Un prêtre espagnol, révoqué de son poste de professeur de religion et de morale catholiques dans un lycée public parce qu’il était marié et père de famille, a été définitivement débouté jeudi par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) — La révocation du prof et prêtre marié confirmée par l’Europe (Libération)
Dans un arrêt rendu jeudi 12 juin, les juges strasbourgeois, réunis dans leur formation la plus solennelle, ont débouté un prêtre marié qui se plaignait d’avoir perdu son emploi de professeur de religion — L’autonomie religieuse renforcée par la Cour européenne des droits de l’homme (La Croix)
"L'Église anglicane d'Angleterre a célébré, samedi 3 mai à Londres, le vingtième anniversaire des premières ordinations de femmes prêtres" — L'Église anglicane d'Angleterre a célébré les 20 ans des premières ordinations de femmes (L.B.S., La Croix)
Etats-Unis
"Après son habituelle incantation d'ouverture, la Cour suprême des Etats-Unis, soucieuse de préserver l'héritage et la tradition du pays, a confirmé lundi le droit de réciter des prières au conseil municipal tant qu'elles ne font pas de prosélytisme" — Etats-Unis : la Cour suprême préserve l'héritage des prières en politique (AFP, Le Point)
"A la veille des municipales du 30 mars la Turquie est secouée par une des plus graves crises politiques depuis le coup d'État de 1980. Le conflit qui oppose le Premier ministre AKP (islamo-conservateur) Recep Tayyip Erdogan à son soutien d'hier, le puissant et mystérieux imam Fethullah Gülen, révèle au grand jour l'existence de fissures au sein de l'islam turc" — Vote en Turquie (I) : le soft power de Gülen contre l'autoritarisme d'Erdogan (Tigrane Yegavian, Fait Religieux)
Vote en Turquie (II) : Le patronat islamique attend l'issue du conflit Erdogan-Gülen — Entretien avec la sociologue Dilek Yankaya, docteure associée au CERI Sciences-Po, spécialiste de la Turquie contemporaine, dernier ouvrage paru : La Nouvelle Bourgeoisie islamique : le modèle turc, Paris, PUF, 2013 (Tigrane Yegavian, Fait Religieux)