Jeudi 16 mai 2024

Résultats de la recherche pour : Cécile

Il y a quatre-vingts ans exactement, le 9 octobre 1932, paraissait à Paris le premier numéro de la revue Esprit. Dans l’esprit de son fondateur, Emmanuel Mounier, il s’agissait de doter d’une tribune le mouvement qu’il était en train de mettre sur pied, afin de diffuser les principes de ce qu’il appelait « la révolution personnaliste ». Grâce à un recentrage sur la spiritualité chrétienne, il voulait remettre au cœur de la société la personne et les relations interpersonnelles afin de combattre la dépersonnalisation généralisée du monde moderne et ses tares à ses yeux les plus morbides : l’individualisme, le capitalisme et le libéralisme. Ce mouvement allait avoir une grande influence sur la pensée politique dans la plupart des pays à forte majorité catholique, où des hommes tels que Karol Wojtyla, futur Jean-Paul ii, Vaclav Havel, Jacques Delors, ou plus récemment Herman Van Rompuy s’en feraient les continuateurs. Quel est cet héritage ?  Comment expliquer ce succès ?

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vendredi, 21 septembre 2012 09:55

Revue de presse, 21 septembre

Arabie Saoudite

"Comment permettre aux femmes de travailler dans un pays qui applique la charia ? En créant des lieux de travail qui leur sont réservés. À l’initiative d’entrepreneuses, des quartiers d’affaires pour femmes vont être créés en Arabie saoudite. Le premier devrait voir le jour à Al-Asha d’ici à l’été 2013" — L’Arabie saoudite crée des quartiers d’affaires pour femmes (Ingrid Falquy, La Croix)

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jeudi, 13 septembre 2012 10:05

Revue de presse, 13 septembre

Film Innocence of Muslims

"Des acteurs en "costumes d'époque" grossièrement incrustés sur des paysages du désert rejouent, dans un studio bas de gamme, la vie du prophète Mahomet : ce film amateur de mauvaise facture, nommé Innocence of Muslims ("l'innocence des musulmans"), avait tout, techniquement, pour passer aux oubliettes de l'histoire du cinéma. Et pourtant, en vingt-quatre heures, il a fait le tour de la Toile et enflammé l'Egypte puis la Libye, provoquant des violences ayant entraîné la mort de l'ambassadeur et de trois autres membres de l'ambassade américaine en Libye" — "L'Innocence des musulmans", le film qui a mis le feu aux poudres (Hélène Sallon, Le Monde)

"Un film antimusulman, dont un extrait de 13 minutes a été mis en ligne il y a plus d'un an sur YouTube, est à l'origine des manifestations au Caire et à Benghazi, où quatre diplomates américains ont été tués" — Islam: l'étrange film qui a mis le feu aux poudres (Maurin Picard, Le Figaro)

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vendredi, 31 août 2012 09:48

Revue de presse, 31 août

Allemagne

"L'agression d'un rabbin par quatre jeunes apparemment d'origine arabe à Berlin suscitait jeudi une vive émotion en Allemagne où l'on craint une recrudescence des actes antisémites" —(AFP, Le Point)

Kenya

"Une attaque à la grenade contre un camion de policeà Mombasa, grande ville côtière en proie à des émeutes depuis lundi, a fait un mort et quatre blessés, ont indiqué mercredi 29 août des responsables kenyans" — Emeutes à Mombasa : Nairobi met en garde contre une "guerre de religions" (AFP, Le Monde)

"L'assassinat, lundi, d'Aboud Rogo Mohammed, un prêcheur musulman extrémiste, n'en finit pas d'embraser Mombasa, deuxième ville du Kenya et fleuron touristique du pays au bord de l'océan Indien. Mercredi soir, une attaque à la grenade contre un véhicule de police a fait un mort - probablement un assaillant - et quatre blessés. Trois policiers et un civil avaient déjà été tués 48 heures auparavant" — Kenya : le meurtre d'un islamiste embrase Mombasa (Arielle Thedrel, Le Figaro)

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dimanche, 23 décembre 2012 08:56

ORELA vous souhaite de joyeuses fêtes !

ORELA est en vacances jusqu'au lundi 7 janvier 2013 !

ORELA, pour Observatoire des Religions et de la Laïcité, a été lancé par l'Université libre de Bruxelles en février 2012. Six jours par semaine, vers 13h, notre site vous propose une revue de presse actualisée sur le fait religieux et les convictions. Tous les trois ou quatre jours, suivant l'actualité, il vous adresse (si vous vous êtes abonnés à notre Newsletter par le biais du site) un message annonçant la mise en ligne d'une nouvelle analyse rédigée par l'un des experts de notre Centre ou de notre réseau international.

Vos réactions, ainsi que le nombre d'abonnés (plus de 1 000) et le nombre de visiteurs de notre site (plus de 20 000), nous convainquent que nous sommes sur la bonne voie. N'hésitez pas à nous faire parvenir vos remarques pour améliorer les fonctionnalités de notre site. Et surtout, encouragez vos amis, collègues et connaissances à visiter le site ORELA, et à s'abonner à notre Newsletter — l'inscription est gratuite.

Visitez ORELA sur http://www.o-re-la.org/
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Cordialement,

Jean-Philippe Schreiber et Cécile Vanderpelen.

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L’académicien Félicien Marceau, de son vrai nom Louis Carette, est mort à Paris ce mercredi 7 mars. La presse se fait l’écho de sa brillante carrière d’auteur de romans et de pièces de théâtre. Les journalistes les plus avisés rappellent qu’il fut condamné par contumace à la déchéance civile et à 15 ans de travaux forcés par l’État belge, à la Libération, pour avoir réalisé, en tant que directeur du département « Actualités » à Radio-Bruxelles (aux mains de l’occupant), des émissions aux propos ambigus. Cependant, lorsque son parcours est retracé, son engagement dans le personnalisme chrétien n’est jamais évoqué. Pourtant, non seulement il fut l’un des principaux animateurs de ce mouvement en Belgique, mais cette implication permet de mieux comprendre ses prises de position.

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mercredi, 29 février 2012 10:23

Revue de presse, 29 février

International

Allemagne

"L'Allemagne, où l'islam est devenu la troisième religion, va pour la première fois former cette année des imams dans ses universités, notamment à Osnabrück où des prédicateurs suivent déjà une formation continue" - L'Allemagne va former des imams dans ses universités (AFP, La Libre Belgique. Photo : LooiNL)

Suisse

"La subvention de 400 000 francs destinée à la rénovation de la basilique Notre-Dame est considérée comme illégale. Un collectif dépose une plainte" - Un collectif accuse la Ville de subventionner illégalement un lieu de culte (Olivier Francey, Tribune de Genève)

USA

"La police new yorkaise surveille de près les musulmans. Une polémique en cours depuis l'automne dernier mais qui enfle avec de nouvelles révélations : les policiers new yorkais ont opéré largement en dehors de la ville et ont notamment espionné les milieux universitaires" - USA: des universitaires musulmans sous surveillance (Robin Cornet, RTBFInfo)

Hongrie

"Le parlement a voté lundi en faveur d’un allongement de la liste des 14 Eglises et communautés religieuses officiellement reconnues en Hongrie" - Eglises : la « golden liste » allongée (Hulala)

France

"Le dernier ouvrage de Gilles Kepel, Quatre-vingt-treize (Gallimard), nous plonge au cœur de l’islam de France tel qu’il s’est construit dans le département emblématique de la Seine-Saint-Denis depuis 25 ans" - L'islam du "neuf trois" décrypté par Gilles Kepel (Matthieu Mégevand, Le Monde des Religions)

"Les sex-toys vendus dans une boutique du quatrième arrondissement de Paris sont-ils  des objets à caractère pornographique», ou simplement des objets érotiques? Le tribunal de Paris doit répondre ce mercredi à cette question, dans le cadre d'un procès qui oppose deux associations catholiques à une boutique de sex-toys, installée à moins de 200 mètres d'une école" - Jugement attendu pour le procès d'un love shop à Paris (Cyrille Vanlerberghe, Le Figaro)

"Et si le véritable effort pendant le Carême était de réduire l’utilisation de Facebook ou de Twitter, en particulier pour la jeune génération ? Bref, d’être moins accroché à Internet et aux réseaux sociaux, comme une réponse au message de Benoît XVI pour la Journée mondiale des communications sociales ?" - Pour le Carême, ils font le jeûne des réseaux sociaux (Hugues-Olivier Dumez, La Croix)

Sous la question de la viande halal, celle de la traçabilité - Idées de Florence Bergeaud-Blackler, anthropologue, chercheuse associée à l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman (Le Monde)

Vatican

""We don't want this material to be secret," said the archivist, waving at an endless row of shelves packed with fading documents that disappeared off into the darkness. "I am really happy people will see what a rich patrimony we have," he added, before wandering further into the bowels of the Vatican's Secret Archive" - The Vatican's Secret Archive: selected papal documents go on display in Italy (Tom Kington, The Guardian)

Islam

"Dans le cadre de notre dossier “Peut-on encore critiquer l’Islam ?”, vous avez posé vos questions à Michaël Privot, islamologue et membre des Frères musulmans. Résumé" - Michaël Privot : "La critique est mal reçue par les musulmans, pas par l'islam" (Le Vif l'Express)

"Le « burqa bla-bla » de l'ULB a soulevé de nombreuses questions, dont celle de la liberté d'expression. Tabou, l'islam ? Mais qu'en pensent donc les musulmans ?" - Tabou, l'islam ? Qu'en pensent les musulmans ? (Marie-Cécile Royen, Le Vif l'Express)

Patrimoine

"Les députés wallons planchent sur un projet de décret qui établirait un cadastre des lieux de culte classés. Ce document renseignerait notamment sur leur état et leur fréquentation afin d’envisager la réaffectation de certains d’entre eux" - Le PS veut « screener » les églises classées (P.G., Catho.be)

 

 

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vendredi, 17 février 2012 15:25

La faute au "puritanisme américain" ?

L'affaire DSK a réveillé une formule magique qui nourrit bien des fantasmes mais qui repose sur des raccourcis historiques et étymologiques évidents. Le fameux "puritanisme américain" conduirait à une dénonciation du plaisir sexuel et à une culpabilisation de ceux qui aiment s'y adonner. Certains défenseurs du prototype français du "bon vivant", du "coureur de jupons", de l'"homme qui aime les femmes" ont eu recours à cette notion galvaudée pour aider à laver DSK de tout soupçon. Dans Le Monde du 24 août 2011, l'écrivain Pascal Bruckner, auteur de plusieurs livres sur les relations amoureuses aujourd'hui, écrit ainsi : "L'Amérique du Nord, à l'évidence, a un problème avec le sexe qui vient de son héritage protestant mais elle veut en plus donner des leçons au monde entier. La qualifier de puritaine ne suffit pas car c'est un puritanisme retors, d'après la révolution des mœurs, qui parle le langage de la liberté amoureuse et coexiste avec une industrie pornographique florissante. C'est très exactement un puritanisme lubrique". Il conclut son billet d'humeur avec ce constat sévère : "Nous (les Français) avons beaucoup de choses à apprendre de nos amis américains mais certainement pas l'art d'aimer".

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mercredi, 08 février 2012 10:37

Revue de presse, 8 février

International

Turquie

"Le patriarche oecuménique de Constantinople, Bartholomé I°, de l’Eglise orthodoxe, participera aux travaux de l’Assemblée nationale turque afin de discuter de la rédaction de la nouvelle Constitution, notamment le thème des minorités religieuses" - Turquie : La nouvelle Constitution sous le regard orthodoxe (fides/apic/at, Catho.be. Photo : Massimo Finizio)

Irlande

"Dans un entretien au quotidien irlandais Irish Independent , l’archevêque de Dublin, Mgr Diarmuid Martin, estime prématurée une prochaine visite du pape en Irlande" - L’archevêque de Dublin estime prématurée une visite du pape en juin (N.S., La Croix)

Algérie

"Bars shut under pressure from Islamists, driving alcohol sales and consumption underground" - Algeria slides into prohibition (Isabelle Mandraud, The Guardian)

Mexique

"Les narcotrafiquants ont promis de faire une trêve durant la venue de Benoît XVI du 23 au 26 mars" - (Patrice Gouy, Le Point)

Belgique

"C’est avec un sentiment d’urgence que Chemsi Cheref-Khan se dévoile en tant que maçon. Il reproche à la Belgique d’avoir reconnu l’islam sans examiner sa doctrine juridique" - Islam : « La tolérance sans limite menace la laïcité politique » (Marie-Cécile Royen, Le Vif l'Express)

"Parcours. Radouane Bouhlal est né le 27 octobre 1974 à Saint-Josse ten Noode dans une famille marocaine, berbère par le père et arabe par la mère, ce qui ne l’empêche pas d’être également belge, très attaché à son pays d’adoption. Il a fait ses études primaires et secondaires dans le réseau libre (catholique) avant de décrocher une licence en droit à l’UCL et un diplômes d’études spécialisées en droits de l’Homme aux Facultés Saint-Louis" - Quand la laïcité cesse d’être laïque (C. Le, La Libre Belgique)

"Dix-sept condamnations au total. Et à chaque fois pour des vols dans des églises : ce n’est pas seulement son grand âge (72 ans) qui distingue Walter Bossuyt. "Walterke", comme il est connu auprès des policiers spécialisés dans le vol d’œuvres d’art, est la terreur des bedeaux et des sacristains de Flandre occidentale" - Pilleurs de troncs (Jacques Laruelle, La Libre Belgique)

"C'est une sacrée histoire ou plutôt une histoire sacrée que la construction de cette chapelle pour laquelle des jeunes de l'Institut technique libre d'Ath (ITL) ont manié la truelle et le mortier. Ce projet pédagogique a trouvé sa genèse dans le cadre du cours de religion tout en faisant appel à des savoir-faire moins célestes" - Une chapelle dans le réfectoire (Bruno Deheneffe, Le Soir)

France

"A l'occasion du dîner du CRIF ce mercredi soir, l'IFOP décrypte le vote des Français de confession juive. Ils se déclarent plus à droite que l'ensemble des électeurs mais sont peu nombreux à soutenir les extrêmes" - Les Français de confession juive votent plutôt à droite (Cécilia Gabizon, Le Figaro)

"Le ministre de l’Intérieur français a répondu au Conseil français du culte musulman. Ses propos ne visent pas les musulmans français. « Mon propos de bon sens et d’évidence ne visait aucune culture en particulier »" - Guéant assure qu’il ne vise pas les musulmans français (AFP, Le Soir)

"Le 1969, curiosité érotique ou pornographique de la rue Saint-Martin (IVe) ? Ce mercredi, le tribunal correctionnel de Paris, saisi par deux associations catholiques, devra statuer. À l'origine du litige : l'emplacement au numéro 69 de ce « love shop », qui propose sex-toys et lingerie coquine à seulement 90 mètres du collège privé Saint-Merri, dans le quartier du Centre Pompidou. Et, accessoirement, juste en face d'une église" - Paris : le love shop du IVe qui dérange des catholiques (Flore Galaud, Le Figaro)

Vatican

"« Vers la guérison et le renouveau » est le titre du symposium international ouvert lundi soir à Rome jusqu'à jeudi, à l'initiative de l'Université pontificale grégorienne, pour réfléchir aux abus sexuels sur mineurs dans l'Église catholique" - Pédophilie : l'Église revient sur dix ans de scandales (Jean-Marie Guénois, Le Figaro)

"Le cardinal Marc Ouellet a demandé pardon, mardi soir 7 février, au nom de l’Eglise, « pour ceux qui ont abusé des petits et des faibles »" - L'Eglise demande pardon pour les abus sexuels commis par des prêtres (Frédéric Mounier, La Croix)

"Le colloque international réuni à l’Université grégorienne de Rome, en vue d’améliorer la lutte contre les abus sexuels dans l’Église, s’est ouvert mardi 17 février avec l’audition d’une victime irlandaise" - Rome donne la parole aux victimes d’abus sexuels (Frédéric Mounier, La Croix)

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jeudi, 19 janvier 2012 14:07

La faute au "puritanisme américain" ?

            L'affaire DSK a réveillé une formule magique qui nourrit bien des fantasmes mais qui repose sur des raccourcis historiques et étymologiques évidents. Le fameux "puritanisme américain" conduirait à une dénonciation du plaisir sexuel et à une culpabilisation de ceux qui aiment s'y adonner. Certains défenseurs du prototype français du "bon vivant", du "coureur de jupons", de l'"homme qui aime les femmes" ont eu recours à cette notion galvaudée pour aider à laver DSK de tout soupçon. Dans Le Monde du 24 août 2011, l'écrivain Pascal Bruckner, auteur de plusieurs livres sur les relations amoureuses aujourd'hui, écrit ainsi : "L'Amérique du Nord, à l'évidence, a un problème avec le sexe qui vient de son héritage protestant mais elle veut en plus donner des leçons au monde entier. La qualifier de puritaine ne suffit pas car c'est un puritanisme retors, d'après la révolution des mœurs, qui parle le langage de la liberté amoureuse et coexiste avec une industrie pornographique florissante. C'est très exactement un puritanisme lubrique". Il conclut son billet d'humeur avec ce constat sévère : "Nous (les Français) avons beaucoup de choses à apprendre de nos amis américains mais certainement pas l'art d'aimer".

            Il ne s'agit pas ici de prendre le contre-pied et de renforcer le parti des féministes qui rejettent en bloc ce genre d'argumentation en la qualifiant de misogyne. Contentons-nous de revenir brièvement sur le terme même de "puritanisme", pour en interroger l'étrange destin et les connotations surprenantes, notamment en rapport avec les États-Unis et leur culture. Pourquoi la notion de "puritain" a-t-elle été associée à celles de "prude", de "sévère", d'"austère", voire de "rigoriste", comme l'indiquent le Dictionnaire des Synonymes et Le Petit Robert ? Comment l'association entre "puritanisme" et société américaine est-elle entrée dans le langage commun, jusqu'à devenir largement répandue, surtout chez nous en Europe ? Car, les Américains ne se décrivent que rarement eux-mêmes comme "puritains". Le recours à ce terme est le privilège des Européens, et surtout des Français qui, pour dénigrer le "rigorisme, l'austérité extrême (et souvent affectée)" (Le Petit Robert) de l'"Autre" à la fois si proche et si différent, recourent facilement à l'étiquette, au sens peu clair et à l'étymologie douteuse, de "puritanisme anglo-saxon".

             Selon Le Petit Robert, un "puritain" est "une personne qui montre ou affiche une pureté morale scrupuleuse, un respect rigoureux des principes". Des personnes qui correspondent à cette description, il y en a dans toutes les sociétés. Pourquoi en faire quelque chose de typiquement "américain" ou "anglo-saxon" (un adjectif intraduisible en anglais que la langue française utilise indifféremment pour évoquer le Royaume-Uni et les États-Unis, sans faire les distinctions qui s'imposent) ? Parce que la notion de "puritanisme" est toujours tributaire de la présence et de l'influence du protestantisme, plus précisément des formes les plus radicales et les plus "puristes" du protestantisme. Le glissement sémantique qui a donné son sens actuel, très élargi, au terme, est enraciné dans l'histoire religieuse des 16e et 17e siècles. Toujours d'après Le Petit Robert, un "puritain" est d'abord et au sens restreint du terme un "membre d'une secte de presbytériens (c'est-à-dire de réformés de tendance calviniste, actifs dans les îles britanniques) rigoristes qui voulaient pratiquer un christianisme plus pur, et dont beaucoup, après les persécutions du 17e siècle, émigrèrent en Amérique". La notion renvoie donc à des protestants puristes, originaires d'Angleterre et d'Écosse (dans une moindre mesure) qui ont connu la persécution religieuse dans leur terre natale et qui, pour y échapper, ont choisi de partir pour le Nouveau Monde. Étroitement liée à leur recherche de pureté religieuse, la rigueur morale de ces importantes communautés d'émigrants, notamment en matière de mœurs et de sexualité, aurait imprégné la société américaine en profondeur. 

            Si cette grille de lecture repose sur des faits historiques et des observations sociologiques incontestables, elle n'en est pas moins lacunaire. En effet, les "puritains" originaires du Royaume-Uni ne sont pas les seuls à avoir joué un rôle déterminant dans la colonisation de l'Amérique du Nord. D'autres populations, appartenant souvent à des minorités religieuses persécutées dans l'Ancien Monde, ont contribué à la création et au développement des colonies qui constitueront les États-Unis. En cela, la culture américaine n'a pas d'abord été forgée par des "puritains", mais bien par des "minoritaires" de toutes sortes, du 17e siècle jusqu'à nos jours. Il est vrai cependant que les premières migrations sont celles, bien "puritaines" au sens premier du terme, des Pilgrim Fathers du Mayflower (1620) et de la Baie de Massachusetts (1629). Il y a aussi le célèbre épisode de la fondation de la Pennsylvanie (1691) par William Penn et les Quakers, un courant religieux radical proche du puritanisme anglais.

            Certes, ces communautés ont marqué la mentalité américaine, pour autant que celle-ci existe vraiment au singulier. Mais leur héritage est aussi et avant tout politique, un fait qui est beaucoup moins mis en évidence que les mœurs réputées puritaines, les peurs et la culpabilité qu'inspirent la sexualité ou le plaisir d'une manière plus générale. Pourtant, ce sont les migrants puritains qui ont amené dans leurs bagages, aux côtés de leur religion austère et de ses préceptes exigeants, les principes républicains dans lesquels a puisé la Révolution américaine et dont se nourrit le système politique des États-Unis depuis plus de deux siècles. Il s'agit au départ (et, dans une certaine mesure jusqu'à aujourd'hui) d'un républicanisme très chrétien, qui a pour but ultime de construire le royaume de Dieu sur terre. De cette attitude à l'égard de la "res publica" découle une conception de la liberté humaine, de ses conditions et de ses restrictions, bien différente de celle qui prévaut en Europe depuis la fin du 18e siècle. Cette différence philosophie et culturelle est à l'origine de bien des malentendus, notamment en rapport avec le fameux "puritanisme" de la société américaine.

            Par ailleurs, on est tenté de s’interroger sur les sources de l’image de rigorisme sexuel des Américains qui circule de ce côté-ci de l’Atlantique. De quelle Amérique s’agit-il ? Quelles sont les productions culturelles que consomment les contempteurs de la culture US ? Si nous nous en tenons aux productions les plus populaires et les plus largement diffusées, nous sommes obligés de constater plutôt une apologie de la liberté sexuelle, qu’on pense aux séries à succès Sex and the City ou encore les Desperate housewives. Certes, dans cette dernière série, le personnage de Bree incarne une certaine forme d’hypocrisie morale et sexuelle, puisque tout en allant tous les dimanches à la messe, elle « commet » l’adultère sous toutes ses formes. Mais, justement, tout l’intérêt du personnage et l’effet comique recherché reposent sur cette incohérence, sans cesse tournée en dérision. Et que dire du dessin animé The Simpsons – succès planétaire depuis bientôt vingt ans – , dans lequel tous les débats qui travaillent les États-Unis sont passés sous le scalpel d’une critique corrosive. Le créationnisme, la peine de mort, l’ultralibéralisme économique : toutes les tares qui déchirent le pays y sont traitées. Quant à la sévérité sexuelle, elle est cette fois incarnée par une famille (les Flanders) qui est sans cesse ridiculisée.

            Les graves questions de la répression policière et de la pression morale qui pèsent et qui ont pesé sur les Américains ne sont, elles, pas forcément envisagées sur le mode du ridicule. L’excellente série Cold Case puise dans l’histoire américaine des fictions narrant des affaires policières et judiciaires tragiques dont ont été victimes des hommes, des femmes et des enfants, en raison de leur couleur, de leur religion ou encore de leur orientation et de leurs pratiques sexuelles. Il en est de même dans la série Mad Man, qui raconte et dénonce, notamment, combien il était difficile, dans les années 1960, d’être une femme qui veut travailler et se réaliser et combien il était impossible d’être homosexuel.

            Alors, où est-ce puritanisme américain tant décrié ? Est-ce dans les romans de Philip Roth, Paul Auster, Bret Easton Ellis, Cormac McCarthy, Siri Hustvedt ou Joyce Caroll Oates ? À moins qu’il soit dans les films de Woody Allen, Quentin Tarantino et Tim Burton ? Vraisemblablement, les arbitres de la normalité sexuelle et amoureuse des Américains ne s’embarrassent pas de la contradiction entre leur discours et le discours des hommes et des femmes qu’ils jugent. En fait, ils sont tout à leur projet d’entretien d’un stéréotype, celui qui fonde l’antiaméricanisme européen depuis maintenant des siècles. Dans cette démarche, comme le dit Philippe Roger « le discours d’hostilité n’est pas discriminant, mais cumulatif ; il suspend le principe de non-contradiction au profit de l’aggravation des charges ». Les préjugés de cet antiaméricanisme sont variés et nous n’avons pas le projet de les détailler ici. Mais une chose est certaine, les lieux communs sur lesquels il se fonde sont bien éloignés de la réalité de l’histoire des religions aux États-Unis ainsi que de la culture qu’ils diffusent aujourd’hui en masse…

Monique Weis et Cécile Vanderpelen (ULB).

 

Références

Michel Duchein, Puritanisme et puritains, 2009 (www.clio.fr)

Camille Froidevaux-Metterie, Politique et religion aux États-Unis, La Découverte-Repères, Paris, 2009.

Denis Lacorne, De la Religion en Amérique. Essai d'histoire politique, Gallimard, L'Esprit de la Cité, Paris, 2007.

Isabelle Richet, La Religion aux États-Unis, PUF-Que sais-je ?, Paris, 2001.

Philippe Roger, L’ennemi américain. Généalogie de l’antiaméricanisme français, Paris, Seuil, 2002

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