L’ouvrage massif, et succès de librairie, que proposent Michel-Yves Bolloré, frère de l’homme d’affaires bien connu, et Olivier Bonnassies (Dieu. La science. Les preuves. L’aube d’une révolution, Paris, 2021), ne relève pas, disons-le immédiatement, des sciences dites « dures », mais prétend les vulgariser. Est-il impertinent de relever, à ce sujet, l’intérêt appuyé de son éditeur Trédaniel pour le domaine des médecines alternatives, de l’ésotérisme, du bien-être… bref, pour la nébuleuse des savoirs et pratiques qu’on qualifiera pudiquement de parallèles ou d’alternatifs ?
"Dans le contexte que nous connaissons, celui d’un climat de tensions et de peurs nourries par la terreur islamiste, la vigilance démocratique a parfois du mal à résister au « tout sécuritaire ». Il en va de même sur le plan intellectuel : l’esprit critique s’émousse quelque peu face aux angoisses de notre société, et peine à penser sereinement les événements, les logiques qui les sous-tendent et les mots utilisés pour les décrire" — Radicalisme, radicalisation, déradicalisation: des mots pour dire quoi ?, par Cécile Vanderpelen-Diagre et Jean-Philippe Schreiber, historiens des religions, professeurs à l’Université libre de Bruxelles (Le Soir)
Le week-end dernier, le Danemark a voté, à la majorité de ses députés, la suppression du délit de blasphème. Existe-t-il donc en Europe des pays qui ont toujours une législation punissant le blasphème ? — Le délit de blasphème existe-t-il encore en Europe (Isabelle de Gaulmyn, France Inter)
Récemment, les grands rassemblements à l’occasion de la « Manif pour tous » en France ainsi que la prolifération sur Internet et dans les médias d’un discours dénonçant la discrimination, voire la persécution, dont sont victimes les catholiques – « la christianophobie » et la « catholicophobie », en référence bien entendu à l’« islamophobie » – semblent indiquer un nouveau militantisme de la « cathosphère ». Mais s’agit-il réellement de nouveaux « pèlerins », ressourcés par une génération plus zélatrice que la précédente, ou d’un redéploiement de l’action ? Peut-on les qualifier, comme on le fait souvent, d’intégristes ou de fondamentalistes religieux ? Il y a peu, un colloque à Paris se penchait sur ce que les sociologues et politistes préfèrent appeler le « catholicisme d’identité ».
Il y a quatre-vingts ans exactement, le 9 octobre 1932, paraissait à Paris le premier numéro de la revue Esprit. Dans l’esprit de son fondateur, Emmanuel Mounier, il s’agissait de doter d’une tribune le mouvement qu’il était en train de mettre sur pied, afin de diffuser les principes de ce qu’il appelait « la révolution personnaliste ». Grâce à un recentrage sur la spiritualité chrétienne, il voulait remettre au cœur de la société la personne et les relations interpersonnelles afin de combattre la dépersonnalisation généralisée du monde moderne et ses tares à ses yeux les plus morbides : l’individualisme, le capitalisme et le libéralisme. Ce mouvement allait avoir une grande influence sur la pensée politique dans la plupart des pays à forte majorité catholique, où des hommes tels que Karol Wojtyla, futur Jean-Paul ii, Vaclav Havel, Jacques Delors, ou plus récemment Herman Van Rompuy s’en feraient les continuateurs. Quel est cet héritage ? Comment expliquer ce succès ?