Ce dimanche 2 octobre, le pape François a réanimé la polémique autour de « l’idéologie du genre » dans l’avion qui le ramenait d’un voyage à Cracovie. Comme il l’avait déjà fait à diverses occasions, il a pris position pour affirmer que ladite théorie était une « colonisation idéologique » dangereuse pour l’ordre naturel puisqu’elle est propagée dans les manuels scolaires. Elle ferait des enfants des cobayes et leur apprendrait que la sexualité, l’orientation sexuelle et le sexe biologique sont des choix posés par les individus, et non des déterminants donnés par la nature et voulus par Dieu.
Certains s’étonnent de l’intérêt que la presse belge porte aux plus hautes autorités de l’Église catholique. La nomination et chacune des déclarations d’un archevêque sont abondamment répercutées par les médias. Ces derniers savent qu’une émission ou un débat qui compte un « primat » de Belgique bénéficie immanquablement d’une grande audience. Cette attention contraste évidemment avec le nombre de Belges qui pratiquent la religion catholique. Quelles sont, alors, les raisons de ce succès ? Les archevêques auraient-ils encore un quelconque pouvoir d’influence dans notre société sécularisée et déchristianisée ? La récente biographie consacrée au cardinal Godfried Danneels (Karim Schelkens et Jürgen Mettepenningen, Godfried Danneels, Biographie, Anvers, 2015), qui fut archevêque de Malines-Bruxelles entre 1979 et 2010, permet d’offrir un aperçu sur l’évolution de cette fonction, et de répondre à certaines de ces questions.
La manière dont le grand public et les médias se représentent le fait religieux est souvent tributaire des coups de projecteurs braqués sur les religions en raison de l’actualité immédiate et des rapports de force qu’elles subissent ou entretiennent entre elles — voire avec l’Etat et les collectivités locales. Dès lors, beaucoup de stéréotypes et a prioris circulent sur les religions, leurs pratiques et les croyants. Pour les sciences humaines, l’une des manières les plus efficaces d’approcher la façon dont la religion est vécue, pratiquée, perçue et expérimentée par les individus est l’enquête. ORELA, dans le cadre de "La Religion dans la Cité", et en collaboration avec Le Soir et la RTBF, vient ainsi de faire réaliser par IPSOS un sondage sur « Les Belges francophones et la religion ». Quels enseignements en tirer ?
Il y a quelques jours, au Cirque royal à Bruxelles, plus de 900 personnes se sont retrouvées pour écouter le concert du rappeur américain chrétien Lecrae, actuellement en tournée en Europe. Aux États-Unis, ce chanteur texan de 35 ans est une star qui semble être parvenue à séduire un public ne se limitant pas aux seuls croyants : 88 000 albums vendus pour son dernier titre Anomaly et plusieurs Grammy Awards attestent de son large succès. Ses chansons sont un témoignage : celui, personnel, d’un drogué repenti, converti au christianisme ; celui aussi d’un noir qui vit aux États-Unis. Entre les gospels très connotés d’un point de vue religieux et le rap mainstream, il a trouvé sa voie et imposé sa voix.
Récemment, les grands rassemblements à l’occasion de la « Manif pour tous » en France ainsi que la prolifération sur Internet et dans les médias d’un discours dénonçant la discrimination, voire la persécution, dont sont victimes les catholiques – « la christianophobie » et la « catholicophobie », en référence bien entendu à l’« islamophobie » – semblent indiquer un nouveau militantisme de la « cathosphère ». Mais s’agit-il réellement de nouveaux « pèlerins », ressourcés par une génération plus zélatrice que la précédente, ou d’un redéploiement de l’action ? Peut-on les qualifier, comme on le fait souvent, d’intégristes ou de fondamentalistes religieux ? Il y a peu, un colloque à Paris se penchait sur ce que les sociologues et politistes préfèrent appeler le « catholicisme d’identité ».
En France, la rentrée littéraire a été marquée par le référent chrétien, à tel point que L’Obs n’a pas hésité à titrer : « Dieu fait sa rentrée littéraire ». Dieu, la foi, la quête de sens spirituel, le catholicisme, le christianisme, les catholiques, les chrétiens et les convertis (à savoir les conversions tant à la religion qu’à l’athéisme) sont en effet convoqués dans un nombre remarquable de romans : Le Royaume d’Emmanuel Carrère, Une éducation catholique de Catherine Cusset, Excelsior d’Olivier Py, La vie de Jude, frère de Jésus de Françoise Chandernagor, Son visage et le tien d’Alexis Jenni ou encore le prix Goncourt Pas pleurer de Lydie Salvayre. Cette floraison est significative : pour les éditeurs, le sujet constitue un marché potentiel — et ils ont raison.
Cinquante ans après le 2e Concile œcuménique du Vatican (1962-1965), les historiens et sociologues du catholicisme s’interrogent plus que jamais sur la portée exacte de cet événement. La question se pose notamment de savoir si les réformes sanctionnées par les décrets conciliaires ont été vécues comme une rupture par les croyants, les religieux et la hiérarchie ou si elles entérinaient une série de changement expérimentés ou espérés dans les communautés, partout à travers le monde. Un colloque international s’est réuni la semaine dernière à Rome afin d’examiner le problème en se focalisant plus spécifiquement sur les ordres religieux, masculins et féminins. Les congrégations religieuses ont en effet été des laboratoires où ont été discutés des projets de rénovation des structures de gouvernance de l’Église. Nombre d’experts du Concile en étaient d’ailleurs issus.
La semaine dernière, la seconde saison de la série phare d’Arte et Zadig production intitulée Ainsi soient-ils s’achevait. L’intrigue imaginée par David Elkaïm, Bruno Nahon, Vincent Poymiro et Rodolphe Tissots est basée sur le parcours de cinq jeunes hommes qui entrent au séminaire des Capucins à Paris. Leurs histoires, motivations et psychologies très différentes ont pour effet qu’ils vivent leur engagement de manières très diverses. Ils découvrent, avec le spectateur, que leur destin est en outre lié aux arcanes de la hiérarchie ecclésiastique, prise dans les jeux de pouvoir à son sommet et tiraillée par les secousses d’une Église déchirée sur de nombreuses questions : les sans-papiers, la chute des vocations, la sexualité et/ou le mariage des prêtres, la « modernité » politique et sociale, le mariage pour tous. La série a défrayé la chronique, que ce soit dans les médias catholiques ou non.
Avec son visage lunaire sans bouche et son costume breton, le personnage de Bécassine est l’une des héroïnes de bande dessinée française les plus connues du début du vingtième siècle. Née sous le crayon d’Emile-Joseph-Porphyre Pinchon pour le premier numéro de la revue La Semaine de Suzette en 1905, elle s’affirme avec Maurice Languereau, pour les textes, lors de la parution du premier album des aventures de Bécassine, L’enfance de Bécassine en 1913. Cette collaboration fructueuse dura jusqu’en 1938 avec la parution du dernier opus, Bécassine en roulotte. Les albums publiés chaque année entre 1905 et 1938 connurent un succès important. L’héroïne bretonne fut ensuite remise au goût du jour dans les années cinquante, et vingt ans plus tard, devint le sujet d’un air populaire grâce à la chanteuse pour enfants Chantal Goya. Furent alors mis en évidence son caractère bon enfant et maladroit. De la sorte, tout le monde semble avoir oublié que le projet initial des albums comportait une réelle dimension politico-religieuse. Si Bécassine « est ma cousine », comme le dit la chanson, elle n’en demeure pas moins une cousine bien catholique.
Le référendum invitant les Écossais à se prononcer sur l’indépendance de leur région (ou Nation pour ses partisans) a inspiré de nombreux reportages sur les spécificités politiques, sociales, économiques et culturelles de ce pays. Ces analyses n’interrogeaient cependant que très rarement la place de la religion dans les rivalités identitaires en place. On oublie ainsi que si la religion majoritaire y est l’Église d’Écosse presbytérienne, très liée à l’identité écossaise, la deuxième en importance est l’Église catholique romaine. Cette dernière a vu croître les rangs de ses fidèles par l’apport des Irlandais au XIXe siècle, puis, au XXe siècle, l’immigration italienne et polonaise — et, plus récemment, indienne, philippine et africaine. De ce fait, la proportion de catholiques dans la société y est plus élevée qu’en Angleterre : on l’estime en effet à 17 %, contre 10 % au sud du Royaume-Uni. Quelles sont les conséquences de cette présence sur les dynamiques politiques et sociales écossaises ? Quel a été ou aurait pu être son impact sur le résultat du referendum autour de l’indépendance écossaise ?