Mercredi 23 octobre 2024
jeudi 3 novembre 2011

Le dévoiement de la laïcité

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L’attentat perpétré hier contre les locaux du journal satirique Charlie Hebdo, qui s’apprêtait à publier un numéro spécial intitulé Charia Hebdo (voir notre Revue de presse du 31 octobre), a conduit sa rédactrice adjointe à déplorer le soutien qu’elle s’attendait à recevoir de la part de Marine Le Pen ou de l’association Riposte laïque.

Et, en effet, le Front national s’est très rapidement fendu d’un communiqué indiquant que « l'attentat contre Charlie Hebdo est à la fois une atteinte à la liberté de la presse et une agression contre la laïcité ». Cette récupération récente de la thématique de la laïcité, a priori surprenante dans le cas de l’extrême-droite, est révélatrice des glissements, réappropriations et dévoiements de certains thèmes qui appartiennent à l’arsenal démocratique ou républicain et connaissent aujourd’hui des mutations politiques ou idéologiques marquées.

A l’analyse, cette récupération s’inscrit paradoxalement dans la suite des stratégies de retournement de concepts qui visent habituellement à définir l’universalité des principes démocratiques, stratégies que l’on a vu à l’œuvre plusieurs années durant dans le chef plutôt des adversaires les plus acharnés de l’extrême-droite ou de la droite populiste. Elle illustre dès lors l’évolution en la matière, qui a vu le glissement à droite du thème de la laïcité, l’incapacité des défenseurs « authentiques » de celle-ci à enrayer ce processus et cette altération, et l’abandon progressif de ce thème par ceux qui s’étaient signalés comme les premiers récupérateurs — fossoyeurs, diront certains — de la laïcité.

Dans le numéro d'octobre de Pastoralia, la revue du diocèse de Malines-Bruxelles, le primat de Belgique, Mgr Léonard, a estimé que les divorcés devaient éviter les tâches qui les placeraient dans une position délicate ou difficile. Et de leur déconseiller d'enseigner la religion ou d'exercer une fonction de direction dans l'enseignement catholique.

Cette nouvelle sortie du primat de Belgique a aussitôt suscité la réaction courroucée, entre autres associations, du Collège des directeurs de l'enseignement fondamental catholique, de l'Union des fédérations des associations de parents de l'enseignement catholique (Ufapec) et du Secrétariat général de l'enseignement catholique (Segec) — ce dernier évoquant la discrimination à l'embauche.

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La récente visite de Paul Kagame en France a réactivé l’attention des médias sur une question quelque peu oubliée : celle des religieux soupçonnés de participation au génocide ayant trouvé refuge dans l’hexagone. Le réchauffement des relations diplomatiques entre les deux pays jette en effet une nouvelle lumière sur le problème de l’extradition éventuelle d’individus visés par des mandats d’arrêt internationaux du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Le cas le plus emblématique à cet égard est sans doute celui du père Wenceslas Munyeshyaka, ancien curé de la paroisse Sainte-Famille de Kigali où, d’après les témoins survivants, il se serait livré à des violences, extorsions, viols et meurtres à l’encontre des réfugiés Tutsi de la cathédrale dont il avait la charge.  

Au-delà de l’impact de tels témoignages et de procès retentissants impliquant des religieux comme celui des « quatre de Butare » à Bruxelles, le génocide a durablement bouleversé les relations entre l’Eglise catholique et l’Etat rwandais. Pour comprendre une quinzaine d’années de tensions, d’accusations réciproques et de négociation pragmatique entre les deux institutions, il est nécessaire de porter le regard sur l’histoire de l’évangélisation du pays, une histoire vieille de plus d’un siècle.

Le récent discours du pape Benoît XVI devant le parlement allemand sur l’éthique politique interpelle de nombreux observateurs. Certains éprouvent un vrai malaise face à ce qu’ils ressentent comme une ingérence de la religion dans les affaires politiques. Laissant ici les questions institutionnelles que pose l’événement, nous voudrions reprendre la question de la relation entre la religion et la politique en nous concentrant sur les logiques structurelles de ces deux systèmes.

La question de la séparation de l’Église et de l’État a fait couler beaucoup d’encre dans nos sociétés modernes qui, si elles conviennent généralement qu’elle est une condition à un vivre ensemble harmonieux, sont embarrassées quant aux moyens institutionnels à mettre en œuvre pour l’assurer. Certes, en théorie, la circonscription de la religion dans la sphère privée tandis que la politique se réserve la sphère publique est parfaite. L’histoire et l’actualité montrent que de l’idéal à la réalité, le chemin est long et semé d’embûches.

mercredi 28 septembre 2011

Retour au pays d'un pape contesté

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Il y a un an, Benoît XVI a accompli un voyage officiel fort remarqué en Grande-Bretagne, terre séculaire d'anti-papisme, voire d'anti-catholicisme. Malgré les critiques de la part de quelques adversaires irréductibles, qui ont exprimé leur opposition en recourant à des méthodes peu convaincantes, le chef de l'Église romaine a été accueilli à Londres avec curiosité, bienveillance et sympathie, non seulement par l'importante minorité catholique, mais aussi par les milieux politiques et par la grande majorité de la population.

En ce mois de septembre 2011, Benoît aurait pu recevoir le même accueil en Allemagne, autre berceau du protestantisme. Mais le troisième retour au pays d'un pape de plus en plus impopulaire n'a pas tenu ses promesses. Il suffit de lire les échos dans la presse allemande pour se rendre compte que l'état de grâce de 2005, année de l'élection du premier pape allemand depuis la Renaissance, appartient bel et bien au passé.

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La plupart des manuels scolaires européens colportent une image dépassée et simpliste de l'islam. Ils présentent cette religion comme étant fondamentalement "Autre" et incompatible avec les principes de la modernité occidentale. En reproduisant ces clichés, les manuels scolaires accentuent les difficultés d'intégration des musulmans dans les sociétés européennes.

Telles sont les conclusions d'une étude scientifique réalisée en 2011 par l'Institut Georg Eckert de Brunswick, un centre de recherche spécialisé dans l'analyse comparative des manuels scolaires en sciences humaines à une échelle internationale (http://www.gei.de/). Cette équipe interdisciplinaire de chercheurs, qui travaille en collaboration étroite avec plusieurs universités allemandes, a passé en revue des manuels d'histoire et d'éducation civique de différents pays européens (Allemagne, Autriche, France, Espagne et Grande-Bretagne). S'il y a déjà eu des études nationales concernant l'image de l'islam et des musulmans dans la littérature scolaire, celle-ci est la première à jeter un regard transnational sur la question.

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La condamnation en Grande-Bretagne d’un aumônier anglican de 84 ans qui a avoué avoir abusé de jeunes garçons depuis plus de cinquante ans (The Guardian, 13 septembre 2011) rappelle que le problème des abus sexuels sur mineurs n’est pas l’apanage de l’Église catholique et qu’il se rencontre dans d’autres religions. Au-delà du fait évident que de telles exactions peuvent se perpétrer dans n’importe quel milieu, nous voudrions ici nous interroger sur ce que peuvent en dire les  sciences du fait religieux.

Dans les explications qui sont données au phénomène d’abus par des religieux, plusieurs reviennent sans cesse :

1° les déviations que sont toujours susceptibles d’occasionner les positions d’autorité ;

2° les perturbations psychologiques induites par une sexualité « rentrée » ;

3° des penchants pédophiles structurels d’individus qui choisissent pour les assouvir des professions qui les mettent en présence de « proies » captives (aumôniers scouts, enseignants, etc.).

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