"Pour « La Croix », l’Ifop a renouvelé un sondage réalisé en 1961, ce qui permet de comparer l’image de l’Église à cinquante ans de distance. Si l’Église a dû affronter une vague de sécularisation brutale, elle reste une institution qui compte, notamment dans le domaine social. Mercredi 10 octobre, Benoît XVI a longuement évoqué l’importance de Vatican II dans l’Église aujourd’hui" — Cinquante ans après Vatican II, l’Eglise compte toujours ! (Isabelle de Gaulmyn, La Croix)
"À Rome, l'anniversaire du concile Vatican II n'est pas marqué par l'euphorie. Les cérémonies romaines, en ce 11 octobre, donneront le change mais, cinquante ans après l'ouverture de ce concile, le cœur n'y est pas. Car le bilan est plutôt sombre" — Vatican II: le bilan sans concession de l'Église (Jean-Marie Guénois, Le Figaro)
"Pas d’argent, pas de sacrement. Tel est le sens du décret publié fin septembre par les évêques allemands : les catholiques qui ne se seront pas acquittés de l’impôt religieux n’auront plus le droit de se marier, de devenir parrain, marraine ou d’être enterré selon leur foi" — Allemagne : L’Église rappelle ses contribuables à l’ordre (Fabien Trécourt, Le Monde des Religions)
"Ils ont recommencé, dimanche 7 octobre : un petit groupe de juifs religieux, se mêlant aux touristes qui visitent l'esplanade des Mosquées, ont pénétré sur le Haram Al-Charif (le mont du Temple pour les juifs) et se sont couchés sur le sol pour y prier. La police est intervenue, arrêtant trois d'entre eux. Vendredi, à l'issue de la prière hebdomadaire à la mosquée Al-Aqsa, les policiers israéliens avaient utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants musulmans qui lançaient des pierres contre des juifs et des chrétiens aux cris de « Allah Akbar »" — A Jérusalem, les incursions de juifs religieux sur l'esplanade des Mosquées se multiplient (Laurent Zecchini, Le Monde)
Le dieu de la science, Albert Einstein, relativise l'existence de Dieu et de la religion dans une lettre écrite à un ami, un an avant sa mort, en 1954. "Le mot Dieu n'est, pour moi, rien d'autre que l'expression et le produit de la faiblesse humaine. (…) La Bible est une collection de légendes et de contes de fées, certes honorables mais primitives et infantiles", confiait le Prix Nobel de physique de 1921 au philosophe juif Erik Gutkind — La « Lettre à Dieu » d’Einstein vendue 3 millions de dollars sur eBay (Blog Big Browser, Le Monde)
Albert Einstein’s ‘God Letter’ To Be Auctioned On eBay With An Opening Bid of $3 Million. The letter was last sold in 2008, with big-name atheists such as author Richard Dawkins among bidders. In it, Einstein writes that the word ‘God’ is only a product of human weakness, and the Bible a collection of pretty childish legends (Huffington Post)
"Pour les spécialistes du bouddhisme, c’est un événement majeur : la Chine vient d’achever le catalogage des textes sacrés de Pattra, un ensemble de manuscrits vieux de quelque deux millénaires" — Bouddhisme : des manuscrits vieux de 2000 ans remis au goût du jour (Fabien Trécourt, Le Monde des Religions)
"Un graffiti en hébreu insultant Jésus a été inscrit mardi 2 octobre sur la porte d'entrée d'un monastère franciscain du mont Sion à Jérusalem, a indiqué la custodie de Terre sainte (l'ordre catholique des franciscains) sur son site, un mode opératoire rappelant de précédents incidents attribués à des extrémistes juifs" — Un monastère chrétien de Jérusalem tagué d'insultes à Jésus (AFP, Le Monde)
"Le gouverneur de Californie, Jerry Brown, a signé dimanche une loi interdisant les "thérapies" visant à changer l'orientation sexuelle de mineurs homosexuels, pour les ramener dans le "droit chemin" de l'hétérosexualité. La Californie devient ainsi le premier Etat américain à bannir ces sessions. Les défenseurs des droits individuels américains les dénoncent de longue date comme un endoctrinement dangereux, essentiellement associé aux milieux évangéliques" — La Californie interdit les « thérapies de conversion » de jeunes homosexuels (Blog Big Browser, Le Monde)
"Merkel said about Islam that Germans 'should be open about it and say, `yes, it's part of us.' She added that Christians should maybe start thinking and talking more about their own religion again 'rather than having fear of Islam' " – Chancellor Merkel Says Islam Is Part Of Germany (Associated Press/Huffington Post)
A German court gave its backing yesterday to a decree by the country's Catholic bishops declaring that believers who refused to pay an eight per cent church tax could not be considered Catholic and would automatically lose the right to receive Holy Communion and a religious burial " – German court warns Catholics: pay church tax or face expulsion (Tony Paterson, The Independent)
« Dans cette Révolution Française, tout, jusqu’à ses forfaits les plus épouvantables, tout a été prévu, médité, combiné, résolu, statué ; tout a été […] amené par des hommes qui avaient seuls le fil des conspirations longtemps ourdies dans les sociétés secrètes, et qui ont su choisir et hâter les moments propices au complot ». Ainsi s’exprimait, dans un texte célèbre, l’abbé Augustin de Barruel (Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme, 1798-1799).
Il ne fut certes pas le premier à attribuer la Révolution française à la conspiration des francs-maçons, mais l’idée d’un complot permanent, qu’il élabora au lendemain de la Révolution, marquera pour des générations la pensée antimoderniste, de sorte que nombre de théories autour du complot n’ont été que des avatars des écrits barruéliens, et que l’antimaçonnisme des XIXe et XXe siècles, la principale incarnation de la rhétorique du complot, n’est en fin de compte qu’une longue resucée de sa pensée.
Les délires conspirationnistes qui, depuis Barruel, ont entretenu l’imaginaire du soupçon dans nos sociétés peuvent bien entendu être balayés d’un revers de main, parce qu’ils ne sont après tout que l’expression d’une vision magique du politique. Mais ce serait un peu court. Les théories du complot permanent puisent le plus souvent aux mêmes sources, se nourrissent depuis deux siècles de la même historiosophie, répondent à des mêmes schèmes rhétoriques et offrent une explication générale des maux du monde qui structure maints discours contemporains sur le réel.
L’Église catholique, mise à mal par la modernité, a joué à la fin du XIXe siècle un rôle capital de ce point de vue. D’abord, elle a condensé et popularisé un discours qui reposait jusque-là sur la complexité et la confrontation documentaire avec des adversaires dont le propos était davantage étudié et disséqué. Ensuite, elle a préparé le terrain à la sécularisation de motifs qui s’énonçaient pour l’essentiel dans un registre religieux. Car ce sont les usages politiques de conceptions théologiques ou apologétiques (comme les notions d’hérésie, de secret, de prophétie, voire la figure du diable…) qui ont offert au discours complotiste une profondeur causale légitimée par la doctrine de l’Église et l’Institution ecclésiale.
L’idée du complot est d’une puissance redoutable parce qu’elle mobilise les ressorts de la pensée mythique — le mythe ayant précisément pour fonction de tout expliquer. Elle relève du mythe aussi parce qu’elle suggère un dédoublement du monde, la réalité apparente n’étant que le voile derrière lequel opèrerait un autre monde, insaisissable, qui en fixerait les règles et les lois, et serait le lieu véritable du pouvoir. Pierre-André Taguieff a montré que le principal véhicule textuel en fut les Protocoles des Sages de Sion, dont il a décortiqué les formes du discours et les avatars.
Toutefois, le discours officiel de l’Église catholique a fortement concouru à entretenir ce mythe politique d’une prétendue puissance cachée, organisatrice du désordre social et politique, trente ans avant la diffusion des Protocoles. L’encyclique Humanum Genus du Pape Léon XIII, fulminée en 1884, point d'orgue de l'antimaçonnisme catholique et matrice de nombreuses théories du complot, s’inscrit au cœur de cette logique — aucune condamnation papale de la franc-maçonnerie n’avait auparavant été aussi sévère. Humanum Genus constitue en effet un tournant fondamental : ce qui était ressassé sur la conspiration moderniste antichrétienne d’inspiration satanique, et ce depuis l’abbé Barruel, sera ici synthétisé dans la doctrine de l’Église, qui fit désormais de l’antimaçonnisme un combat au cœur de son action, lui offrant une formidable chambre d’écho.
La substance du propos du Pape tient dans ces premières lignes de l’Encyclique : « Les fauteurs du Mal paraissent s’être coalisés dans un immense effort, sous l’impulsion et avec l’aide d’une Société répandue en un grand nombre de lieux et fortement organisée, la Société des francs-maçons ».
La théorie de la conspiration, dans ses ressorts rhétoriques comme dans l’argumentaire théologique, est ainsi tout entière dans le discours explicatif d’Humanum Genus. Les conceptions qui seront développées ultérieurement, nourrissant le mythe politique du complot mondial, relèveront souvent d’une sécularisation de conceptions théologiques et du fantasme papal d’une conspiration pour ainsi dire ontologique.
L’Église se considère en effet, dans la seconde partie du XIXe siècle, comme une citadelle assiégée en permanence par les forces du Mal. Elle identifie la franc-maçonnerie — ou son avatar judéo-maçonnique — comme le lieu par excellence qui symbolise ce Mal, à savoir le changement du monde moderne. Et c’est au nom de sa conception de la société parfaite qu’elle va condamner la franc-maçonnerie avec une violence qu’elle n’a appliquée, canoniquement, à aucune autre institution. Incarner les forces agissantes de la modernité dans le diable, c’est affirmer clairement que, en dehors de l’Église, aucune voie du Salut n’est légitime.
Jean-Philippe Schreiber (ULB).
Orientation bibliographique :
P.-A. Taguieff, La foire aux Illuminés. Ésotérisme, théorie du complot, extrémisme, Paris, Mille et Une Nuits, 2005
Id., Les Protocoles des Sages de Sion, Paris, Berg, 1992.
L'Arabie saoudite a bloqué un millier de Nigérianes venues accomplir le Hadj, le grand pèlerinage, obligation pour tout musulman pieux. Motif, selon l'autorité du pèlerinage au Nigeria: les Saoudiens exigent que les femmes soient accompagnées d'un marham - un «gardien» mâle. Selon le journal nigérian The Daily Trust, les femmes arrivées à bord de plusieurs vols ont été immédiatement séparées des hommes et sommées de désigner leur gardien, qui doit être le mari, ou à défaut le père, un frère ou un oncle, dans cet ordre — Elles voulaient prier à La Mecque, Djedda a refusé (Pierre Prier, Le Figaro)
Depuis dimanche 23 septembre, les autorités saoudiennes refusent l’entrée dans leur pays à des femmes nigérianes sous prétexte qu’elles ne sont pas accompagnées par des hommes — Un millier de Nigérianes sont toujours retenues à l’aéroport en Arabie Saoudite (La Croix)
La franc-maçonnerie est dans les délires conspirationnistes la coalisation des forces du Mal, le point central d’où tout procède et où tout aboutit, synthèse du caractère polymorphe de l’ennemi. Selon l’Encyclique Humanum Genus : « Il existe dans le monde un certain nombre de sectes qui, bien qu’elles diffèrent les unes des autres par le nom, les rites, la forme, l’origine, se ressemblent et sont d’accord entre elles par l’analogie du but et des principes essentiels. En fait, elles sont identiques à la franc-maçonnerie, qui est pour toutes les autres comme le point central d’où elles procèdent et où elles aboutissent ».
Elle est la « mère de toutes les sociétés secrètes » écrira l’évêque québécois Laflèche. Le mal paraît protéiforme, mais en réalité ramène à la même essence diabolique, cumule tous les maux du passé ; la franc-maçonnerie est la synthèse de toutes les hérésies. Ce discours simplifie le réel : les ennemis sont assimilés les uns aux autres plutôt que différenciés. La Constitution Ecclesiam a Iesu Christo de 1821 avait ainsi élargi les griefs adressés à la franc-maçonnerie à toutes les sociétés clandestines, alimentant les amalgames qui suivront ; procéder par l’amalgame et l’analogie vise à laisser supposer le caractère d’universalité de la conspiration.
La franc-maçonnerie est certes une société homogène, armée d’un projet conspirateur. Mais elle est tout à la fois régie par un principe séparateur : cette société est hiérarchisée ; les grades inférieurs n’ont pas accès aux mystères ; les grades supérieurs manigancent des plans occultes que les premiers ignorent. Il y aurait donc plusieurs niveaux dans le complot : c’est la société secrète dans la société secrète : l’Encyclique Humanum Genus sanctionne, théologiquement, la thèse barruélienne des Supérieurs inconnus.
Il s’agit dès lors de dévoiler le vrai pouvoir caché derrière le pouvoir apparent ou, comme l’écrivait Mgr. de Ségur, de faire apparaître la maçonnerie secrète que cache la maçonnerie visible — d’où tout le jeu rhétorique entre l’ombre et la lumière, entre visible et invisible. On peut supposer que la théorie des mystères, des hauts grades opaques et des supérieurs inconnus est mobilisée du fait même que les ouvrages de révélation ont permis de se rendre compte que la franc-maçonnerie n’avait rien de bien épouvantable. Il faut donc en quelque sorte créer une autre franc-maçonnerie, bien plus redoutable, bien plus occulte — la franc-maçonnerie ordinaire n’est que l’antichambre de la véritable société secrète.
La thèse des supérieurs inconnus procède de l’idée d’un gouvernement occulte, tirant les ficelles économiques et politiques, œuvrant en secret à confisquer le pouvoir : cette idée traverse l’histoire politique de l’antimaçonnisme et des théories du complot et puise dans l’antimaçonnisme théologique depuis la Constitution Ecclesiam a Iesu Christo de 1821. Cette théorie implique qu’une vision providentielle de l’histoire soit remplacée par celle d’un plan réalisé par une minorité secrète. Au pouvoir de l’Église se substitue progressivement celui d’une force sociale active, insaisissable, qui agit rationnellement sur le cours de l’histoire, comme l’explique Pierre-André Taguieff.
C’est un double mouvement complotiste : tout à la fois, il tente de subvertir le pouvoir, et il est déjà dans le pouvoir ; il est le vrai pouvoir désormais — le gouvernement invisible —, et il convient donc de l’en déloger. Toujours selon l’Encyclique : « Dans l’espace d'un siècle et demi, la secte des francs-maçons a fait d'incroyables progrès. Employant à la fois l’audace et la ruse [ce sont les attributs du Malin], elle a envahi tous les rangs de la hiérarchie sociale et commence à prendre, au sein des États modernes, une puissance qui équivaut presque à la souveraineté ».
Avec les années 1860, en Allemagne puis en France, la rhétorique antimaçonnique va s’emparer de la thématique juive pour fustiger la conspiration antichrétienne à l’œuvre dans la modernité européenne. En faisant de la coalition des maçons et des juifs une instance intrinsèquement « complotrice », ce discours a redoutablement gagné en performance, peu de mythes ayant eu dans l’histoire une efficacité symbolique aussi forte.
L’ouvrage de Henri Gougenot des Mousseaux (Les Juifs, le judaïsme et la judaïsation des peuples chrétiens, 1869) a pour objectif de démontrer les liens organiques entre franc-maçonnerie et judaïsme, les juifs ayant pu grâce au relativisme religieux de l’ordre maçonnique investir la société chrétienne. Accentuant la logique de la thèse barruélienne, Gougenot des Mousseaux judaïse les supérieurs inconnus : le judaïsme serait donc le deus ex machina qui manipulerait la franc-maçonnerie à sa guise. Et Humanum Genus d’insister sur la perte de la souveraineté temporelle du Pape, le démembrement des territoires pontificaux étant souvent imputé aux juifs.
Jean-Philippe Schreiber (ULB).
Orientation bibliographique :
P. Rajotte, Les mots du pouvoir ou le pouvoir des mots. Essai d'analyse des stratégies discursives ultramontaines au XIXe siècle, Montréal, Ed. de l’Hexagone, 1991.
P.-A. Taguieff, Les Protocoles des Sages de Sion, Paris, Berg, 1992.
"La majorité des écoles, magasins et bureaux étaient fermés dimanche au Bangladesh en raison d'un appel à la grève lancé par les partis d'opposition pour protester contre un film islamophobe qui a provoqué des manifestations de colère dans le monde musulman" — Grève générale au Bangladesh pour protester contre le film anti-islam (AFP, Le Point)
"Depuis quelques mois, des islamistes quittent la France ou d'autres pays européens pour rejoindre le nord du Mali où s'activent les trois groupes islamistes Aqmi, Ansar Dine et Mujao" — De nouvelles filières djihadistes visent la France (Isabelle Lasserre et Thierry Oberlé, Le Figaro)