Samedi 05 juillet 2025

Résultats de la recherche pour : Younes Johan Van Praet

lundi, 08 octobre 2012 09:57

Revue de presse, 8 octobre

Vatileaks

"Sans surprise, la justice du Vatican a condamné Paolo Gabriele, l’ex-majordome du Pape, à un an et demi de prison. Le procureur en avait requis le double pour l’ex-serviteur qui était quand même poursuivi pour "vol aggravé" de centaines de documents confidentiels dérobés dans les plus hautes sphères de l’Église" — Édito: Vatileaks : le procès à faire (Christian Laporte, La Libre Belgique)

"Le procès du majordome du pape, condamné samedi à 18 mois de prison, laisse plus de questions irrésolues qu'il n'apporte de réponses sur le scandale des fuites au Vatican, et n'est sûrement pas son point final, relèvent les analystes" — Vatileaks: après le procès du majordome, plus de questions que de réponses (AFP, La Libre Belgique)

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samedi, 06 octobre 2012 08:19

Revue de presse hebdo, 6 octobre

Science

Le dieu de la science, Albert Einstein, relativise l'existence de Dieu et de la religion dans une lettre écrite à un ami, un an avant sa mort, en 1954. "Le mot Dieu n'est, pour moi, rien d'autre que l'expression et le produit de la faiblesse humaine. (…) La Bible est une collection de légendes et de contes de fées, certes honorables mais primitives et infantiles", confiait le Prix Nobel de physique de 1921 au philosophe juif Erik Gutkind — La « Lettre à Dieu » d’Einstein vendue 3 millions de dollars sur eBay (Blog Big Browser, Le Monde)

Albert Einstein’s ‘God Letter’ To Be Auctioned On eBay With An Opening Bid of $3 Million. The letter was last sold in 2008, with big-name atheists such as author Richard Dawkins among bidders. In it, Einstein writes that the word ‘God’ is only a product of human weakness, and the Bible a collection of pretty childish legends (Huffington Post)

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vendredi, 05 octobre 2012 09:46

Revue de presse, 5 octobre

Bouddhisme

"Pour les spécialistes du bouddhisme, c’est un événement majeur : la Chine vient d’achever le catalogage des textes sacrés de Pattra, un ensemble de manuscrits vieux de quelque deux millénaires" — Bouddhisme : des manuscrits vieux de 2000 ans remis au goût du jour (Fabien Trécourt, Le Monde des Religions)

 

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mardi, 30 octobre 2012 06:38

La revanche des sorcières allemandes

Il y a quelques mois, le Conseil de la ville de Cologne a réhabilité la sorcière Katharina Henot, que ses prédécesseurs en droit avaient brûlée vive en mai 1627. D'autres villes et villages allemands s'apprêteraient à réexaminer d'autres cas de condamnations pour sorcellerie. Au-delà de son intérêt anecdotique pour les amateurs de frissons, particulièrement friands en cette saison d'Halloween, l'affaire Henot pose des questions plus profondes concernant le rapport aux pages douloureuses du passé, le travail de mémoire et les efforts de réconciliation au-delà des siècles.

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mercredi, 03 octobre 2012 09:42

Revue de presse, 3 octobre

Jérusalem

"Un graffiti en hébreu insultant Jésus a été inscrit mardi 2 octobre sur la porte d'entrée d'un monastère franciscain du mont Sion à Jérusalem, a indiqué la custodie de Terre sainte (l'ordre catholique des franciscains) sur son site, un mode opératoire rappelant de précédents incidents attribués à des extrémistes juifs" — Un monastère chrétien de Jérusalem tagué d'insultes à Jésus (AFP, Le Monde)

USA

"Le gouverneur de Californie, Jerry Brown, a signé dimanche une loi interdisant les "thérapies" visant à changer l'orientation sexuelle de mineurs homosexuels, pour les ramener dans le "droit chemin" de l'hétérosexualité. La Californie devient ainsi le premier Etat américain à bannir ces sessions. Les défenseurs des droits individuels américains les dénoncent de longue date comme un endoctrinement dangereux, essentiellement associé aux milieux évangéliques" — La Californie interdit les « thérapies de conversion » de jeunes homosexuels (Blog Big Browser, Le Monde)

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Les Américains sont-ils "capitalistes", c'est-à-dire attachés au système du libéralisme économique, parce qu'ils sont protestants ? Le sont-ils davantage que d'autres, que les Européens par exemple, en raison de leur identité religieuse ? Comme tous les clichés historiques, cette affirmation comporte des éléments vrais, mais aussi des simplifications susceptibles de nourrir bien des raisonnements caricaturaux.

Tout d'abord, il ne faut pas perdre de vue que les États-Unis ne sont pas une Nation intrinsèquement et majoritairement protestante. La population y est très diverse, y compris en termes d'appartenance confessionnelle. Le libéralisme économique peut certes être considéré comme un des piliers de la société américaine, mais cette attitude et les valeurs qui y sont liées ne sont pas l'apanage des seuls protestants. Le principe qui est au cœur de l'American Dream selon lequel la réussite serait accessible à tous, par l'initiative personnelle et par l'endurance au travail, a attiré des vagues successives d'immigrés juifs, catholiques, musulmans et autres. Par ailleurs, le protestantisme américain est lui-même fort diversifié et les rapports à l'économie ne sont pas les mêmes d'une Église à l'autre.

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dimanche, 30 septembre 2012 09:26

Revue de presse hebdo, 30 septembre

Germany

"Merkel said about Islam that Germans 'should be open about it and say, `yes, it's part of us.' She added that Christians should maybe start thinking and talking more about their own religion again 'rather than having fear of Islam' " – Chancellor Merkel Says Islam Is Part Of Germany (Associated Press/Huffington Post)

A German court gave its backing yesterday to a decree by the country's Catholic bishops declaring that believers who refused to pay an eight per cent church tax could not be considered Catholic and would automatically lose the right to receive Holy Communion and a religious burial " – German court warns Catholics: pay church tax or face expulsion (Tony Paterson, The Independent)

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Il y a quatre-vingts ans exactement, le 9 octobre 1932, paraissait à Paris le premier numéro de la revue Esprit. Dans l’esprit de son fondateur, Emmanuel Mounier, il s’agissait de doter d’une tribune le mouvement qu’il était en train de mettre sur pied, afin de diffuser les principes de ce qu’il appelait « la révolution personnaliste ». Grâce à un recentrage sur la spiritualité chrétienne, il voulait remettre au cœur de la société la personne et les relations interpersonnelles afin de combattre la dépersonnalisation généralisée du monde moderne et ses tares à ses yeux les plus morbides : l’individualisme, le capitalisme et le libéralisme. Ce mouvement allait avoir une grande influence sur la pensée politique dans la plupart des pays à forte majorité catholique, où des hommes tels que Karol Wojtyla, futur Jean-Paul ii, Vaclav Havel, Jacques Delors, ou plus récemment Herman Van Rompuy s’en feraient les continuateurs. Quel est cet héritage ?  Comment expliquer ce succès ?

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« Dans cette Révolution Française, tout, jusqu’à ses forfaits les plus épouvantables, tout a été prévu, médité, combiné, résolu, statué ; tout a été […] amené par des hommes qui avaient seuls le fil des conspirations longtemps ourdies dans les sociétés secrètes, et qui ont su choisir et hâter les moments propices au complot ». Ainsi s’exprimait, dans un texte célèbre, l’abbé Augustin de Barruel (Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme, 1798-1799).

Il ne fut certes pas le premier à attribuer la Révolution française à la conspiration des francs-maçons, mais l’idée d’un complot permanent, qu’il élabora au lendemain de la Révolution, marquera pour des générations la pensée antimoderniste, de sorte que nombre de théories autour du complot n’ont été que des avatars des écrits barruéliens, et que l’antimaçonnisme des XIXe et XXe siècles, la principale incarnation de la rhétorique du complot, n’est en fin de compte qu’une longue resucée de sa pensée.

Les délires conspirationnistes qui, depuis Barruel, ont entretenu l’imaginaire du soupçon dans nos sociétés peuvent bien entendu être balayés d’un revers de main, parce qu’ils ne sont après tout que l’expression d’une vision magique du politique. Mais ce serait un peu court. Les théories du complot permanent puisent le plus souvent aux mêmes sources, se nourrissent depuis deux siècles de la même historiosophie, répondent à des mêmes schèmes rhétoriques et offrent une explication générale des maux du monde qui structure maints discours contemporains sur le réel.

L’Église catholique, mise à mal par la modernité, a joué à la fin du XIXe siècle un rôle capital de ce point de vue. D’abord, elle a condensé et popularisé un discours qui reposait jusque-là sur la complexité et la confrontation documentaire avec des adversaires dont le propos était davantage étudié et disséqué. Ensuite, elle a préparé le terrain à la sécularisation de motifs qui s’énonçaient pour l’essentiel dans un registre religieux. Car ce sont les usages politiques de conceptions théologiques ou apologétiques (comme les notions d’hérésie, de secret, de prophétie, voire la figure du diable…) qui ont offert au discours complotiste une profondeur causale légitimée par la doctrine de l’Église et l’Institution ecclésiale.

L’idée du complot est d’une puissance redoutable parce qu’elle mobilise les ressorts de la pensée mythique — le mythe ayant précisément pour fonction de tout expliquer. Elle relève du mythe aussi parce qu’elle suggère un dédoublement du monde, la réalité apparente n’étant que le voile derrière lequel opèrerait un autre monde, insaisissable, qui en fixerait les règles et les lois, et serait le lieu véritable du pouvoir. Pierre-André Taguieff a montré que le principal véhicule textuel en fut les Protocoles des Sages de Sion, dont il a décortiqué les formes du discours et les avatars.

Toutefois, le discours officiel de l’Église catholique a fortement concouru à entretenir ce mythe politique d’une prétendue puissance cachée, organisatrice du désordre social et politique, trente ans avant la diffusion des Protocoles. L’encyclique Humanum Genus du Pape Léon XIII, fulminée en 1884, point d'orgue de l'antimaçonnisme catholique et matrice de nombreuses théories du complot, s’inscrit au cœur de cette logique — aucune condamnation papale de la franc-maçonnerie n’avait auparavant été aussi sévère. Humanum Genus constitue en effet un tournant fondamental : ce qui était ressassé sur la conspiration moderniste antichrétienne d’inspiration satanique, et ce depuis l’abbé Barruel, sera ici synthétisé dans la doctrine de l’Église, qui fit désormais de l’antimaçonnisme un combat au cœur de son action, lui offrant une formidable chambre d’écho.

La substance du propos du Pape tient dans ces premières lignes de l’Encyclique : « Les fauteurs du Mal paraissent s’être coalisés dans un immense effort, sous l’impulsion et avec l’aide d’une Société répandue en un grand nombre de lieux et fortement organisée, la Société des francs-maçons ».

La théorie de la conspiration, dans ses ressorts rhétoriques comme dans l’argumentaire théologique, est ainsi tout entière dans le discours explicatif d’Humanum Genus. Les conceptions qui seront développées ultérieurement, nourrissant le mythe politique du complot mondial, relèveront souvent d’une sécularisation de conceptions théologiques et du fantasme papal d’une conspiration pour ainsi dire ontologique.

L’Église se considère en effet, dans la seconde partie du XIXe siècle, comme une citadelle assiégée en permanence par les forces du Mal. Elle identifie la franc-maçonnerie — ou son avatar judéo-maçonnique — comme le lieu par excellence qui symbolise ce Mal, à savoir le changement du monde moderne. Et c’est au nom de sa conception de la société parfaite qu’elle va condamner la franc-maçonnerie avec une violence qu’elle n’a appliquée, canoniquement, à aucune autre institution. Incarner les forces agissantes de la modernité dans le diable, c’est affirmer clairement que, en dehors de l’Église, aucune voie du Salut n’est légitime.

Jean-Philippe Schreiber (ULB).

Orientation bibliographique :

P.-A. Taguieff, La foire aux Illuminés. Ésotérisme, théorie du complot, extrémisme, Paris, Mille et Une Nuits, 2005

Id., Les Protocoles des Sages de Sion, Paris, Berg, 1992.

La franc-maçonnerie est dans les délires conspirationnistes la coalisation des forces du Mal, le point central d’où tout procède et où tout aboutit, synthèse du caractère polymorphe de l’ennemi. Selon l’Encyclique Humanum Genus : « Il existe dans le monde un certain nombre de sectes qui, bien qu’elles diffèrent les unes des autres par le nom, les rites, la forme, l’origine, se ressemblent et sont d’accord entre elles par l’analogie du but et des principes essentiels. En fait, elles sont identiques à la franc-maçonnerie, qui est pour toutes les autres comme le point central d’où elles procèdent et où elles aboutissent ».

Elle est la « mère de toutes les sociétés secrètes » écrira l’évêque québécois Laflèche. Le mal paraît protéiforme, mais en réalité ramène à la même essence diabolique, cumule tous les maux du passé ; la franc-maçonnerie est la synthèse de toutes les hérésies. Ce discours simplifie le réel : les ennemis sont assimilés les uns aux autres plutôt que différenciés. La Constitution Ecclesiam a Iesu Christo de 1821 avait ainsi élargi les griefs adressés à la franc-maçonnerie à toutes les sociétés clandestines, alimentant les amalgames qui suivront ; procéder par l’amalgame et l’analogie vise à laisser supposer le caractère d’universalité de la conspiration.

La franc-maçonnerie est certes une société homogène, armée d’un projet conspirateur. Mais elle est tout à la fois régie par un principe séparateur : cette société est hiérarchisée ; les grades inférieurs n’ont pas accès aux mystères ; les grades supérieurs manigancent des plans occultes que les premiers ignorent. Il y aurait donc plusieurs niveaux dans le complot : c’est la société secrète dans la société secrète : l’Encyclique Humanum Genus sanctionne, théologiquement, la thèse barruélienne des Supérieurs inconnus.

Il s’agit dès lors de dévoiler le vrai pouvoir caché derrière le pouvoir apparent ou, comme l’écrivait Mgr. de Ségur, de faire apparaître la maçonnerie secrète que cache la maçonnerie visible — d’où tout le jeu rhétorique entre l’ombre et la lumière, entre visible et invisible. On peut supposer que la théorie des mystères, des hauts grades opaques et des supérieurs inconnus est mobilisée du fait même que les ouvrages de révélation ont permis de se rendre compte que la franc-maçonnerie n’avait rien de bien épouvantable. Il faut donc en quelque sorte créer une autre franc-maçonnerie, bien plus redoutable, bien plus occulte — la franc-maçonnerie ordinaire n’est que l’antichambre de la véritable société secrète.

La thèse des supérieurs inconnus procède de l’idée d’un gouvernement occulte, tirant les ficelles économiques et politiques, œuvrant en secret à confisquer le pouvoir : cette idée traverse l’histoire politique de l’antimaçonnisme et des théories du complot et puise dans l’antimaçonnisme théologique depuis la Constitution Ecclesiam a Iesu Christo de 1821. Cette théorie implique qu’une vision providentielle de l’histoire soit remplacée par celle d’un plan réalisé par une minorité secrète. Au pouvoir de l’Église se substitue progressivement celui d’une force sociale active, insaisissable, qui agit rationnellement sur le cours de l’histoire, comme l’explique Pierre-André Taguieff.

C’est un double mouvement complotiste : tout à la fois, il tente de subvertir le pouvoir, et il est déjà dans le pouvoir ; il est le vrai pouvoir désormais — le gouvernement invisible —, et il convient donc de l’en déloger. Toujours selon l’Encyclique : « Dans l’espace d'un siècle et demi, la secte des francs-maçons a fait d'incroyables progrès. Employant à la fois l’audace et la ruse [ce sont les attributs du Malin], elle a envahi tous les rangs de la hiérarchie sociale et commence à prendre, au sein des États modernes, une puissance qui équivaut presque à la souveraineté ».

Avec les années 1860, en Allemagne puis en France, la rhétorique antimaçonnique va s’emparer de la thématique juive pour fustiger la conspiration antichrétienne à l’œuvre dans la modernité européenne. En faisant de la coalition des maçons et des juifs une instance intrinsèquement « complotrice », ce discours a redoutablement gagné en performance, peu de mythes ayant eu dans l’histoire une efficacité symbolique aussi forte.

L’ouvrage de Henri Gougenot des Mousseaux (Les Juifs, le judaïsme et la judaïsation des peuples chrétiens, 1869) a pour objectif de démontrer les liens organiques entre franc-maçonnerie et judaïsme, les juifs ayant pu grâce au relativisme religieux de l’ordre maçonnique investir la société chrétienne. Accentuant la logique de la thèse barruélienne, Gougenot des Mousseaux judaïse les supérieurs inconnus : le judaïsme serait donc le deus ex machina qui manipulerait la franc-maçonnerie à sa guise. Et Humanum Genus d’insister sur la perte de la souveraineté temporelle du Pape, le démembrement des territoires pontificaux étant souvent imputé aux juifs.

 Jean-Philippe Schreiber (ULB).


Orientation bibliographique :

P. Rajotte, Les mots du pouvoir ou le pouvoir des mots. Essai d'analyse des stratégies discursives ultramontaines au XIXe siècle, Montréal, Ed. de l’Hexagone, 1991.

P.-A. Taguieff, Les Protocoles des Sages de Sion, Paris, Berg, 1992.

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