C’est un comédien et humoriste inexpérimenté en politique, populiste pour d’aucuns, Volodymyr Zelensky, qui a remporté avec une majorité écrasante de plus de 73 % des voix, ce dimanche 21 avril, l’élection présidentielle en Ukraine, face au président sortant Petro Porochenko. Le symbole est fort, et ce d’autant que le président ukrainien jouit de pouvoirs importants, notamment comme chef des armées — ce qui n’est pas négligeable dans un territoire névralgique, où peut se jouer le sort de l’Europe —, et que ce néophyte en politique devra à la fois gérer les délicates tensions avec la Russie et gouverner sans majorité parlementaire, du moins avant les élections législatives prévues en octobre prochain.
L’Ukraine de la période post-soviétique présente une spécificité remarquable par rapport aux autres sociétés du monde slave ou orthodoxe. Son histoire et son passé récent y ont produit un large pluralisme religieux, officiellement protégé par la loi, mais pourtant source de conflits. Les nouvelles déclinaisons de la liberté religieuse et de la laïcité de l’État pourraient dès lors y être menacées par les pulsions uniformisatrices du pouvoir et des acteurs religieux eux-mêmes.
La dénonciation, par le groupe féminin punk des Pussy Riots, de la collusion entre Eglise et Etat en Russie est l’occasion de revenir sur les rapports entre l’Eglise orthodoxe et le pouvoir en Russie : la laïcité y est certes inscrite dans la Constitution, mais l’Eglise orthodoxe conserve un statut privilégié dans la loi relative aux cultes. La soumission traditionnelle du pouvoir religieux à l’Etat, héritée de Byzance, demeure une réalité en Russie : l’orthodoxie est inséparable de la Nation russe. L’Etat russe peut dès lors compter sur un soutien inconditionnel de l’Eglise orthodoxe et, inversement, l’Eglise moscovite bénéficie d’un appui politique et d’un prestige considérables.