"L'évêque Tawadros de Beheira (delta du Nil), choisi dimanche pour être le nouveau patriarche de l'église copte orthodoxe d'Egypte, est un pharmacien de formation qui a gravi tous les échelons de la hiérarchie ecclésiastique, et régnera sous le nom de Tawadros II" — Tawadros II, un pharmacien de formation nouveau successeur de Saint Marc (AFP, La Libre Belgique)
"C’est au cours d’un processus assez long et compliqué que le successeur du pape copte Chenouda III, décédé en mars dernier à l’âge de 88 ans, sera désigné dimanche" — Election du nouveau patriarche copte (Jacques Goditiabois-Deacon, La Libre Belgique)
"Prières, larmes, vapeurs d'encens… C'est dans un climat singulier que s'est déroulée dimanche l'élection du nouveau pape copte d'Égypte en la cathédrale Saint-Marc. «Un événement crucial à l'heure où notre communauté traverse une phase d'incertitude», relève la chercheuse Viviane Fouad, en référence au regain de violence à caractère confessionnel depuis la victoire d'un islamiste à la présidence" — Un nouveau pape pour les coptes d'Égypte (Delphine Minoui, Le Figaro)
Le pianiste réputé pour ses compositions et pour sa défense de la laïcité, Fazil Say, est traîné devant la justice. Le pouvoir islamo-conservateur turc "a décidément un problème avec la liberté de création" — Turquie: Fazil Say idole et tête de Turc (Gercek Burcin, L'Express)
Le virtuose turc du piano Fazil Say jugé pour blasphème rejette les accusations (Le Nouvel Observateur)
"Nommé à la faveur de la formation du gouvernement d’union nationale, le représentant du Haut conseil islamique a du mal à se faire une place au sein du gouvernement. Le Dr. Yacouba Traoré, ministre des Affaires religieuses et du Culte, agace ses camarades en conseil des ministres, rapportent différentes sources qui évoquent son refus de s’asseoir auprès ou de serrer la main des femmes ministres en plus de ses habitudes de réciter les versets de Coran au début de ses interventions" — Conseil des ministres : Le ministre des Affaires religieuses qui dérange (Mali Actualités)
"L'état d'urgence a été décrété dans l'État de Rakhine, dans l'ouest de la Birmanie, après des violences entre bouddhistes et musulmans" — La société birmane sous tension (Anaïs Bouniol, Le Point)
"L'Arakan, État isolé de l'ouest de la Birmanie, s'embrase. Dans un enchaînement de représailles sanglantes, dix pèlerins musulmans ont été frappés à mort la semaine dernière par une foule en colère après le viol et l'assassinat d'une jeune femme bouddhiste" — La Birmanie martyrise sa minorité musulmane (Florence Compain, Le Figaro)
La masturbation, un sujet tabou dans la religion catholique ? Le Saint-Siège a condamné lundi le livre d’une nonne américaine dans lequel elle fait l'éloge de la masturbation féminine et justifie les unions homosexuelles ainsi que le divorce — Masturbation : le Vatican condamne le livre d'une soeur américaine (Slate.fr)
En mettant l'accent sur la famille traditionnelle, Benoît XVI, entouré à Milan de milliers de fidèles de 154 pays, tend la main aux pouvoirs publics en faisant valoir que la famille est un immense "capital social" que les lois doivent protéger et aider pour la cohésion des sociétés — Le pape veut convaincre les politiques du "capital social" de la famille (Le Nouvel Observateur)
"Un événement historique : telle est la formule utilisée par les médias israéliens pour saluer la décision gouvernementale de rémunérer des rabbins appartenant aux courants réformé et conservateur par des fonds publics" — Israël : une brèche dans le monopole des rabbins orthodoxes (Danièle Kriegel, Le Point)
"Dans cette région frontalière de la Malaisie, des milices bouddhistes affrontent les insurgés islamistes qui veulent les chasser" — Thaïlande : la «sale» guerre de religion de Pattani (Florence Compain, Le Figaro)
"Des hommes armés ont attaqué dimanche matin un lieu de réunion de la communauté chrétienne à Kano, dans le nord du Nigeria, a annoncé un porte-parole de l'armée. Des explosions et des fusillades ont éclaté dans l'un des amphithéâtres de l'université utilisé par les chrétiens pour se rassembler" — Plusieurs morts lors d'attaques contre des messes dans le nord du Nigeria (AFP et AP, Le Monde)
"Une explosion et des tirs ont fait au moins vingt morts dimanche 29 avril à Kano, dans le nord du Nigeria, dont la population est en majorité musulmane. L’attaque a pris pour cibles deux services religieux chrétiens qui se déroulaient en plein air dans l’enceinte de l’université de cette ville de 3,6 millions d’habitants, parmi les plus peuplées du pays" — Dimanche endeuillé pour les chrétiens du Nigeria (Marianne Meunier, La Croix)
"Environ vingt personnes ont été tuées lors d'un service religieux chrétien au Nigéria dimanche matin. Au Kenya, une attaque à la grenade contre une église à Nairobi a fait un mort et 15 blessés" — Les islamistes persécutent les chrétiens au Nigeria et au Kenya (Le Vif.be avec L'Express.fr)
Une large majorité de catholiques irlandais sont favorables au mariage des prêtres, selon une étude réalisée pour le compte de l'Association des prêtres irlandais. D'après cette enquête, 87% des personnes interrogées considèrent que les prêtres devraient être autorisés à se marier, 72% que les hommes mariés d'âge mûr devraient pouvoir devenir prêtres et 77% sont pour l'ordination de femmes — Les catholiques irlandais seraient favorables au mariage des prêtres (AFP, France TVInfo)
"Liberté de Religion dans le contexte établi selon le Traité de Lisbonne", une étude de Giorgio Feliciani, directeur du CESEN - Centro studi sugli enti ecclesiastici, Università Cattolica del Sacro Cuore, Milano, publiée dans Statoechiese.
"Une conférence-bilan sur les tâches de la gestion publique des religions en 2011 a eu lieu le 28 février à Hanoi, sous la présidence du vice-Premier ministre Nguyên Xuân Phuc" - Conférence-bilan sur la gestion publique des religions (AVI/CVN, Le Courrier du Vietnam)
"Dans le Tennessee, comme ailleurs dans le pays, les électeurs ont plébiscité Rick Santorum "parce qu'il défend la liberté religieuse", qu'il "soutient la famille" et "qu'il ne défend pas simplement nos valeurs, il les incarne", disent ses partisans" - Rick Santorum "ne fait pas que défendre nos valeurs, il les incarne" (AFP, La Libre Belgique)
"L'Allemagne, où l'islam est devenu la troisième religion, va pour la première fois former cette année des imams dans ses universités, notamment à Osnabrück où des prédicateurs suivent déjà une formation continue" - L'Allemagne va former des imams dans ses universités (AFP, La Libre Belgique. Photo : LooiNL)
"La subvention de 400 000 francs destinée à la rénovation de la basilique Notre-Dame est considérée comme illégale. Un collectif dépose une plainte" - Un collectif accuse la Ville de subventionner illégalement un lieu de culte (Olivier Francey, Tribune de Genève)
"La police new yorkaise surveille de près les musulmans. Une polémique en cours depuis l'automne dernier mais qui enfle avec de nouvelles révélations : les policiers new yorkais ont opéré largement en dehors de la ville et ont notamment espionné les milieux universitaires" - USA: des universitaires musulmans sous surveillance (Robin Cornet, RTBFInfo)
"Le parlement a voté lundi en faveur d’un allongement de la liste des 14 Eglises et communautés religieuses officiellement reconnues en Hongrie" - Eglises : la « golden liste » allongée (Hulala)
"Le dernier ouvrage de Gilles Kepel, Quatre-vingt-treize (Gallimard), nous plonge au cœur de l’islam de France tel qu’il s’est construit dans le département emblématique de la Seine-Saint-Denis depuis 25 ans" - L'islam du "neuf trois" décrypté par Gilles Kepel (Matthieu Mégevand, Le Monde des Religions)
"Les sex-toys vendus dans une boutique du quatrième arrondissement de Paris sont-ils des objets à caractère pornographique», ou simplement des objets érotiques? Le tribunal de Paris doit répondre ce mercredi à cette question, dans le cadre d'un procès qui oppose deux associations catholiques à une boutique de sex-toys, installée à moins de 200 mètres d'une école" - Jugement attendu pour le procès d'un love shop à Paris (Cyrille Vanlerberghe, Le Figaro)
"Et si le véritable effort pendant le Carême était de réduire l’utilisation de Facebook ou de Twitter, en particulier pour la jeune génération ? Bref, d’être moins accroché à Internet et aux réseaux sociaux, comme une réponse au message de Benoît XVI pour la Journée mondiale des communications sociales ?" - Pour le Carême, ils font le jeûne des réseaux sociaux (Hugues-Olivier Dumez, La Croix)
Sous la question de la viande halal, celle de la traçabilité - Idées de Florence Bergeaud-Blackler, anthropologue, chercheuse associée à l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman (Le Monde)
""We don't want this material to be secret," said the archivist, waving at an endless row of shelves packed with fading documents that disappeared off into the darkness. "I am really happy people will see what a rich patrimony we have," he added, before wandering further into the bowels of the Vatican's Secret Archive" - The Vatican's Secret Archive: selected papal documents go on display in Italy (Tom Kington, The Guardian)
"Dans le cadre de notre dossier “Peut-on encore critiquer l’Islam ?”, vous avez posé vos questions à Michaël Privot, islamologue et membre des Frères musulmans. Résumé" - Michaël Privot : "La critique est mal reçue par les musulmans, pas par l'islam" (Le Vif l'Express)
"Le « burqa bla-bla » de l'ULB a soulevé de nombreuses questions, dont celle de la liberté d'expression. Tabou, l'islam ? Mais qu'en pensent donc les musulmans ?" - Tabou, l'islam ? Qu'en pensent les musulmans ? (Marie-Cécile Royen, Le Vif l'Express)
"Les députés wallons planchent sur un projet de décret qui établirait un cadastre des lieux de culte classés. Ce document renseignerait notamment sur leur état et leur fréquentation afin d’envisager la réaffectation de certains d’entre eux" - Le PS veut « screener » les églises classées (P.G., Catho.be)
A l’époque du clonage, où mode et par conséquent notion même de procréation évoluent considérablement, il nous est très difficile de concevoir dans leur urgence et leur nécessité les « querelles byzantines » qui, au long de l’histoire de l’empire byzantin touchèrent à des points fondamentaux de la doctrine concernant la personne et la « naissance » du Christ, et engendrèrent de multiples hérésies. Elles témoignent en fait d’une réflexion pointue sur la religion, mais mettent aussi en évidence la subjectivité de la notion d’hérésie. Ce qui fut considéré ici comme hérésie n’a-t-il pas ainsi ailleurs été reconnu comme « orthodoxie » ?
Si l’orthodoxie (« la foi droite ») se définit en général, et à Byzance en particulier, comme la conformité à des normes de foi officiellement fixées par une Eglise, l’hétérodoxie, son contraire (« la foi autre », la fausse foi), désigne la divergence, l’écart par rapport à ces normes. L’hétérodoxie se traduit concrètement en hérésie, mauvais « choix », opinions et pratiques déviantes.
Le contenu de la foi orthodoxe se précise et s’édicte progressivement, en territoire byzantin, au fil des conciles. Chacun de ces conciles est appelé et justifié par la volonté d’éradiquer des déviances perçues comme dangereuses pour la « vraie » foi.
La première hérésie christologique, l’arianisme, prend corps au tout début du IVe siècle, avant même la naissance de l’empire byzantin (330). Elle se résume simplement : Dieu est-il un ou trois ? L’évêque Arius oppose Dieu le Père au Fils, le Christ : le Fils ne peut être identifié au Père puisqu’il en est une émanation, il a été créé par lui. Par conséquent il n’est pas de la même essence divine que lui. En outre pour Arius l’Esprit Saint émane du Fils, comme le Fils du Père. Le premier concile œcuménique, le concile de Nicée, en 325, affirme la consubstantialité du Père et du Fils et donc la totale divinité du Fils. Mais il ne se prononce pas sur la question de la Trinité divine. Elle reste en suspens.
L’apollinarianisme, dans la seconde moitié du IVe siècle, est la conséquence directe de l’affirmation de la consubstantialité Père / Fils. L’évêque Apollinarius s’interroge sur la jonction, possible ou non, de la divinité et de l’humanité dans le Christ. Selon lui, il n’y a qu’une seule personne, divine, dans le Christ, même s’il s’est incarné dans un corps humain. En réaction à cette hérésie, le second concile œcuménique, tenu à Constantinople en 381 sous l’empereur Théodose I, affirme la consubstantialité de la Trinité divine, Père, Fils, Esprit Saint. Le Père engendre le Fils, du Père procède l’Esprit Saint. Le concile affirme aussi la présence et la non-confusion dans une seule personne du Christ des deux essences, divine et humaine.
Cette affirmation appelle la naissance et le développement de l’hérésie suivante, le nestorianisme.
Au cours du premier tiers du Ve siècle Nestorius, évêque de Constantinople, pousse à son point d’aboutissement la distinction entre les deux essences du Christ : leur dissemblance les empêche de s’unir dans une même personne. Aussi Nestorius substitue-t-il à la notion d’essence celle de personne. Pour lui il s’agit non de l’union de deux essences en une personne, mais de l’union de deux personnes, divine et humaine, en une seule. Cette théorie implique une individualisation de la personne humaine dans le Christ, en contradiction avec le dogme officiel selon lequel le Christ incarne la quintessence de l’humanité. Nestorius conteste aussi la dénomination de la Vierge Marie comme Theotokos, « mère de Dieu », qui à ses yeux la déifie alors qu’en fait elle a seulement transmis son humanité au Christ. Le concile d’Ephèse, troisième concile œcuménique, réuni en 431 sous Théodose II, rectifie les affirmations déviantes de Nestorius. Mais ses conclusions ne suffisent pas à éradiquer le nestorianisme. Il faudra dans ce but réunir au siècle suivant le cinquième concile œcuménique, tenu à Constantinople en 553 sous l’empereur Justinien.
Prenant le relais du nestorianisme, le monophysisme privilégie la thèse d’une unique nature du Christ après l’Incarnation, dont le corollaire est la contamination de la nature divine par la nature humaine via le transfert de sa capacité à souffrir, donc à être modifiée dans son état. Ce résultat est incompatible avec le postulat de stabilité, d’immuabilité qui caractérise la nature divine. En 451, sous l’empereur Marcien, le concile de Chalcédoine, quatrième concile œcuménique, réfute alors le monophysisme.
Malgré leur condamnation officielle, les monophysites n’ont pas disparu. Ils ont fondé ensuite en particulier l’Eglise copte d’Egypte, et en Syrie l’Eglise jacobite. Ces deux Eglises sont donc nées d’une hérésie. Hérésie pour les uns, orthodoxie pour les autres : on touche aux limites de la notion d’hérésie. Elle paraît bien fluctuante.
Dans le sillage du monophysisme se sont aussi développées deux hérésies mineures : le monothélisme (une seule nature et une seule volonté, divine, dans le Christ) et le monoénergisme. (une seule puissance d’action commune aux deux natures du Christ). Ces deux hérésies sont condamnées en 681, sous Constantin IV, par le concile de Constantinople, sixième concile œcuménique.
Avec l’iconoclasme s’ouvre en matière d’hétérodoxie à Byzance une seconde période, caractérisée par l’imbrication étroite du politique et du religieux. La question de la représentation du Christ se trouve au fondement de cette nouvelle hérésie, qu’une décision impériale fait naître : en 730, l’interdiction subite par l’empereur Léon III non pas des images religieuses – représentation du Christ, de la Vierge Marie et des saints – mais du culte rendu à ces images sous forme de prosternations et de baisers, considérés désormais comme autant de manifestations d’idolâtrie.
En 754, Constantin V aggrave l’interdiction de Léon III. Partant de l’affirmation qu’il est impossible de représenter le Christ à cause de la part divine qui est en lui, à la fois il élargit l’interdiction de culte formulée par Léon III à celle de production des images, et l’interdiction de représenter le Christ à celle de l’ensemble des figures religieuses. Il ordonne par conséquent la destruction de toutes les images religieuses existantes. L’iconoclasme, devenu doctrine officielle de l’empire, a par là-même acquis le statut de doctrine « orthodoxe » et l’iconodoulie, jusqu’à 730 intégrée dans les pratiques courantes et acceptées de la foi, se trouve rejetée comme une hérésie. S’ensuit une politique de répression extrêmement cruelle contre les iconodoules, qui ne prend fin qu’avec l’avènement de Léon IV (775), beaucoup plus modéré dans la défense de l’iconoclasme.
La régence de l’impératrice Irène marque le retour à l’iconodoulie. Irène réunit en 787 à Nicée le septième et dernier concile œcuménique qui rétablit le culte des images religieuses, et permet à cette fin de relancer leur production. Pendant plus d’un quart de siècle l’iconodoulie demeure la position officiellement adoptée par l’empire.
A partir de 815, Léon V, se situant dans la même perspective d’analyse politique que Léon III en imputant à l’iconodoulie considérée comme une démarche idolâtre les échecs militaires subis tout au long du tiers de siècle précédent, réinstaure l’iconoclasme. Ses successeurs Michel II et Théophile entérinent ce choix. La mort de Théophile en 842 entraîne la fin de l’iconoclasme.
A travers des siècles d’histoire marqués de conflits religieux souvent sanglants émerge un constat, celui de la fragilité de son contenu quand il s’agit d’appréhender le concept d’hétérodoxie. Les normes mêmes à partir desquelles on le définit peuvent se voir soumises à variabilité. L’hérésie peut être arbitrairement décrétée comme telle dans et par un système de pensée « unique », exclusive. L’exemple de l’iconoclasme, à la frontière de l’hérésie, à la croisée de l’orthodoxie et de l’hétérodoxie, le montre tout particulièrement.
Florence Meunier (Université Paris IV-Sorbonne et ULB).