Depuis quelques décennies, la nature des relations entre politique et religion en Allemagne a fait l’objet de profondes mutations. Celles-ci sont liées à la sécularisation, à l’importance grandissante du nombre des personnes dites sans confession (Konfessionslose), à l’individualisation et la pluralisation religieuses, et notamment à la présence de plus en plus affirmée de l’islam. Ces évolutions, qui tendent à remettre en question l’équilibre bi-confessionnel protestant vs. catholique, longtemps considéré comme une dimension essentielle de l’identité collective allemande, bousculent les représentations d’une société qui a du mal à penser le pluralisme et la neutralité confessionnelle sans référence au christianisme. Les autorités publiques sont ainsi amenées à trouver des solutions politiques et juridiques, susceptibles de concilier la protection de la liberté de conscience et de religion, le principe de neutralité de l’État et l’égalité de traitement de toutes les communautés religieuses.
Le 31 octobre, les protestants du monde entier, et surtout ceux qui s’inscrivent dans la tradition luthérienne, fêtent l’anniversaire de la Réforme. Dans beaucoup de régions d’Allemagne notamment, cette Journée de la Réformation est même un jour férié. Le 31 octobre 1517, Martin Luther aurait en effet affiché sur la porte de l’église de Wittenberg ses fameuses 95 thèses, qui sont à l’origine de la deuxième grande scission au sein du christianisme – après celle entre l’Eglise latine et l’Eglise orthodoxe quelques siècles plus tôt.
Le Bundestag, la principale chambre du Parlement fédéral allemand, a adopté à une large majorité de 434 voix (contre 100 et 46 abstentions), ce mercredi 12 décembre, un projet de loi gouvernemental qui autorise la circoncision pour motif religieux. Ce texte prévoit que l’opération devra se dérouler dans un cadre médicalisé, et être pratiquée soit par un médecin, soit par un circonciseur, si ce dernier se conforme toutefois à une série d’obligations sanitaires strictes et encadrées.
Il y a quelques mois, le Conseil de la ville de Cologne a réhabilité la sorcière Katharina Henot, que ses prédécesseurs en droit avaient brûlée vive en mai 1627. D'autres villes et villages allemands s'apprêteraient à réexaminer d'autres cas de condamnations pour sorcellerie. Au-delà de son intérêt anecdotique pour les amateurs de frissons, particulièrement friands en cette saison d'Halloween, l'affaire Henot pose des questions plus profondes concernant le rapport aux pages douloureuses du passé, le travail de mémoire et les efforts de réconciliation au-delà des siècles.
Il y a un an, Benoît XVI a accompli un voyage officiel fort remarqué en Grande-Bretagne, terre séculaire d'anti-papisme, voire d'anti-catholicisme. Malgré les critiques de la part de quelques adversaires irréductibles, qui ont exprimé leur opposition en recourant à des méthodes peu convaincantes, le chef de l'Église romaine a été accueilli à Londres avec curiosité, bienveillance et sympathie, non seulement par l'importante minorité catholique, mais aussi par les milieux politiques et par la grande majorité de la population.
En ce mois de septembre 2011, Benoît aurait pu recevoir le même accueil en Allemagne, autre berceau du protestantisme. Mais le troisième retour au pays d'un pape de plus en plus impopulaire n'a pas tenu ses promesses. Il suffit de lire les échos dans la presse allemande pour se rendre compte que l'état de grâce de 2005, année de l'élection du premier pape allemand depuis la Renaissance, appartient bel et bien au passé.