Les chercheurs peuvent-ils procéder, avec le détachement qui sied, à l'analyse d'un événement dont la portée traumatique et les visées symboliques les ont touchés au plus profond de leur culture et de leurs valeurs ? Certes non, d'autant plus quand ces chercheurs œuvrent à l'Université libre de Bruxelles, temple du libre examen scientifique, qui pour avoir accueilli à plusieurs reprises la journaliste Caroline Fourest fut non seulement mise en cause, mais fit l'objet d'une violente agression. D'autant plus, aussi, quand ces chercheurs travaillent en étroite relation avec le Musée juif de Belgique, victime en mai 2014 d'un odieux attentat qui allait les toucher au plus profond d’eux-mêmes. Mais il faut pourtant tenter de raison garder, et essayer d'analyser avec lucidité ce que signifie la barbarie qui s'est brutalement insinuée au cœur de l'Europe, ce mercredi 7 janvier — et les suites qu’on en connaît, le vendredi 9.
While Ireland remains a predominantly Catholic society, in recent years the Church has experienced a notable erosion in its authority and power. At the same time, other faiths are growing, and the number of atheists and agnostics is increasing steadily.
Ireland is a majority Catholic society. According to the 2011 census, about 84 per cent of the population self-identify as Roman Catholic. At the same time, the Irish religious landscape exhibits considerable diversity. The Orthodox, Hindu, and Pentecostal faiths are the country’s three fastest growing non-Catholic religious traditions. The number of atheists and agnostics has grown by about 320 and 130 per cent respectively in the 2006-2011 span (All-Island Research Observatory (AIRO), PDR Table 35: Percentage and Actual Change in Population by Sex, Religion, Census Year, and Statistic).
L’historien-sociologue Emile Poulat vient de mourir à l’âge de 94 ans. D’abord spécialiste de l’histoire du catholicisme, il a également consacré, ces vingt-cinq dernières années, une demi-douzaine d’ouvrages à l’histoire de la laïcité. C’est un maître es-sciences humaines qui vient de disparaître. En 1954, avec quatre autres chercheurs — « Les cinq doigts de la main » avait-on coutume de dire alors —, Emile Poulat fonde, dans le cadre du CNRS, le Groupe de Sociologie des Religions. On est alors au début du processus d’organisation collective de la recherche en sciences sociales. De plus, une approche sociologique des religions constitue une sorte de transgression et le « parrain » du Groupe, le juriste Gabriel Le Bras, use de diplomatie pour que la hiérarchie catholique ne s’insurge pas contre cet état de choses !
En France, la rentrée littéraire a été marquée par le référent chrétien, à tel point que L’Obs n’a pas hésité à titrer : « Dieu fait sa rentrée littéraire ». Dieu, la foi, la quête de sens spirituel, le catholicisme, le christianisme, les catholiques, les chrétiens et les convertis (à savoir les conversions tant à la religion qu’à l’athéisme) sont en effet convoqués dans un nombre remarquable de romans : Le Royaume d’Emmanuel Carrère, Une éducation catholique de Catherine Cusset, Excelsior d’Olivier Py, La vie de Jude, frère de Jésus de Françoise Chandernagor, Son visage et le tien d’Alexis Jenni ou encore le prix Goncourt Pas pleurer de Lydie Salvayre. Cette floraison est significative : pour les éditeurs, le sujet constitue un marché potentiel — et ils ont raison.
Dans un article daté du 2 octobre 2014, le Huffington Post rend compte de propos tenus par Antonin Scalia, juge à la Cour suprême des Etats-Unis, selon lequel la Constitution permettrait de favoriser la religion par rapport à l’irréligion. Une telle position est sans doute aujourd’hui encore minoritaire à la Cour, mais l’évolution de cette dernière vers la droite rend la question d’autant plus pertinente. La position du juge Scalia constitue-t-elle une interprétation correcte de la Constitution ? Scalia est un « textualiste » : il veut que les juges prennent en considération le texte même de la Constitution sans trop s’en éloigner, sans trop le solliciter par des interprétations larges et audacieuses. Le textualiste désire que les juges ne s’éloignent pas de la signification ordinaire du texte (plain text), bref qu’ils ne témoignent pas de trop de « créativité ».
Le jour où les carnets intimes du cinquième roi des Belges seront disponibles — ils ont certes été utilisés par le cardinal Suenens pour écrire ses ouvrages sur Baudouin, mais la reine Fabiola les a ensuite repris et conservés — on pourra certainement avoir des éléments supplémentaires sur la foi du souverain, dont le cardinal s’est fait l’écho dans ses souvenirs. Mais à travers les écrits de celui-ci (Le roi Baudouin, une vie qui nous parle, 1995), qui fut un proche du roi, et les déclarations de Fabiola à la presse — notamment au moment des fiançailles royales —, on peut déjà avoir une idée convaincante du rapport que le couple entretenait avec la religion.
Lors d’une homélie, le 14 avril 2013, le pape François déclare : « Il y a les saints de tous les jours, les saints ‘cachés’, une sorte de ‘classe moyenne de la sainteté’, comme le disait un auteur français, cette ‘classe moyenne de la sainteté’ dont nous pouvons tous faire partie ». L’expression « classe moyenne de la sainteté » est extraite du premier roman, Augustin ou le Maître est là, de Joseph Malègue : « Sa vieille idée que le seul terrain d’exploration correcte du phénomène religieux est l’âme des Saints lui parut insuffisante. Les âmes plus modestes comptaient aussi, les classes moyennes de la sainteté » (1960, p. 668). Le livre connaît un réel succès avec onze rééditions de 1933 à 1966, mais il faut attendre l’évocation papale pour en connaître une nouvelle publication. Son ami, Jacques Chevalier, dans sa préface à Pierres Noires. Les classes moyennes du salut, paru en 1958, décrit Joseph Malègue comme doué d’une « foi ardente et un peu inquiète » mais hanté par le désaccord entre une foi vivace et un monde sans Dieu.