Samedi 23 novembre 2024
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La semaine dernière, la seconde saison de la série phare d’Arte et Zadig production intitulée Ainsi soient-ils s’achevait. L’intrigue imaginée par David Elkaïm, Bruno Nahon, Vincent Poymiro et Rodolphe Tissots est basée sur le parcours de cinq jeunes hommes qui entrent au séminaire des Capucins à Paris. Leurs histoires, motivations et psychologies très différentes ont pour effet qu’ils vivent leur engagement de manières très diverses. Ils découvrent, avec le spectateur, que leur destin est en outre lié aux arcanes de la hiérarchie ecclésiastique, prise dans les jeux de pouvoir à son sommet et tiraillée par les secousses d’une Église déchirée sur de nombreuses questions : les sans-papiers, la chute des vocations, la sexualité et/ou le mariage des prêtres, la « modernité » politique et sociale, le mariage pour tous. La série a défrayé la chronique, que ce soit dans les médias catholiques ou non.

Jusqu’au milieu du XXe siècle, le discours des autorités vaticanes liait de façon systématique l’activité sexuelle au péché : les développements consacrés à la dimension charnelle de l’amour visaient essentiellement à réprimer la sexualité. L’approche de cette question se transforme profondément à partir des années 1950-1960 : le discours de la hiérarchie catholique aborde désormais la sexualité plus positivement, en valorisant les rapports intimes qui étaient, hier encore, marqués du sceau de la honte et du tabou. Cette nouvelle orientation peut-elle être interprétée comme un « assouplissement » progressif de la morale sexuelle catholique, qui accompagnerait l’évolution des mœurs après la « révolution sexuelle » ? Non : cette « modernisation » du discours semble au contraire viser à réaffirmer, avec une vigueur renouvelée, les principes de la morale sexuelle catholique traditionnelle.

En cette fin de 2014, l’Eglise Protestante Unie de Belgique (EPUB) fête ses 175 ans. En 1839, les différentes Eglises protestantes présentes sur le territoire belge signèrent en effet une charte commune, créant ainsi l’Union des Eglises protestantes évangéliques du Royaume de Belgique. Celle-ci se dota d’un Synode, reconnu par l’Etat comme la seule autorité officielle du protestantisme belge. Par la suite, d’autres communautés rejoignirent cette déclaration d’unité et le Synode qui l’incarne jusqu’à aujourd’hui. En ce début de XXIe siècle, l’Eglise protestante unie de Belgique, dont ne font pas partie les nombreuses Eglises évangéliques et pentecôtistes, compte plus ou moins 110 000 membres. Elle a fêté son jubilé par un concert, un culte festif et une séance académique, mais aussi par une manifestation moins classique et hautement symbolique : le 17 octobre dernier, un impressionnant cortège de pasteurs en toge a en effet sillonné les rues de la ville. La célébration de la charte de 1839 a ainsi permis de nouer des parallèles avec d’autres périodes de l’histoire. De fait, le cortège des pasteurs de 2014 n’est pas sans rappeler une autre manifestation, organisée en 1923 pour commémorer de tragiques événements du XVIe siècle.

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En 1985 Shlomo a cent ans. En route pour son dernier voyage, il se souvient, en compagnie de l’auteur. Le « Temps » est un troisième narrateur. Leurs récits se rejoignent pour former « un vacarme [qui] s’élevait en s’entremêlant avec ton jargon fait d’arabe, de kurde, d’araméen, de persan, de russe et d’azéri, de turc, d’allemand et d’anglais même, [où] l’amour se mêlait à la haine, la folie collective des humains à la dignité de l’individu » (p. 97). Shlomo est né dans une ville des confins azéris du nord de l’Iran, Sablakh, devenue Mahabad en 1936. Il « compte parmi l’élite » (p. 136) de ce lieu, et ne le quitte que sous la menace d’une mort certaine, au terme de quatre années de guerre durant laquelle Russes, Ottomans, Allemands et Iraniens tuent tour à tour des membres de toutes les confessions sous prétexte qu’ils sont alliés avec leurs ennemis.

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La Revue Nouvelle consacre son numéro de septembre-octobre 2014 au thème « Parler vrai dans l’Église catholique ». Bien entendu, le clergé est resté un organe exclusivement masculin, mais on peut néanmoins s’étonner, en ce début de XXIe siècle, de ne voir apparaître dans le dossier aucune femme… que ce soit en tant que sujet ou qu’auteure. Dans le contexte agité autour de ce que l’Église catholique romaine appelle aujourd’hui la « théorie du genre », on ne peut qu’être frappé que soient oubliés les femmes et les hommes qui ont tenté de faire entendre la voix du féminisme et de l’égalité à l’intérieur de leur Église. Cette omission est d’autant plus surprenante qu’elle vient d’une revue qui jadis ouvrit sa tribune aux membres de l’une des associations les plus actives dans ce domaine : l’association franco-belge Femmes et Hommes dans l’Église (FHE), qui milite depuis plus de quarante ans au croisement du féminisme de la deuxième vague et du courant conciliaire.

vendredi 17 octobre 2014

Qu’est-ce qu’une religion ?

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Voilà bien deux siècles, ou presque, que des générations de chercheurs et de spécialistes de la religion posent la question qui est au coeur de l’étude des religions, mais n’appelle sans doute pas de réponse unique ou univoque : "Qu’est-ce qu’une religion ?" Cette interrogation est de nos jours rendue plus complexe encore par la variabilité extrême du phénomène religieux et l’éclatement progressif de ce qui était autrefois au cœur de la religiosité : le lien social. Longtemps, l’autorité publique n’a quant à elle pas eu trop à se poser cette même question dans sa régulation du religieux. En effet, elle considérait la religion de la majorité de la population, plus quelques dénominations certes minoritaires mais traditionnelles et de préférence monothéistes, comme propres à bénéficier de ses largesses ou de son attention. Or, le pluralisme religieux foisonnant que nous connaissons de plus en plus aujourd’hui, la variété des manières de croire, l’apparition de religions nouvelles ou de communautés non croyantes habillées d’oripeaux rituels, voire de religions parodiques, bouleverse désormais la donne. Et suppose d’interroger à nouveaux frais ce qu’est une religion et surtout un culte, à savoir son expression essentiellement publique.

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Le week-end dernier, le nombre de Sunday Assemblies, ou assemblées du dimanche, a plus que doublé. Dans trente-cinq villes du monde, en effet, de nouvelles  « églises » ont vu le jour, rassemblant autour de cérémonies au caractère bon enfant ceux qui, athées, agnostiques, incroyants, indifférents, sceptiques ou libres penseurs, souhaitent fraterniser et célébrer la vie, loin des rituels, des pratiques, des doctrines et des dogmes des religions établies. L’objectif, ici, était de « faire communauté », sans que cette communauté toute circonstancielle ne repose en aucune façon sur la croyance commune en l’existence de Dieu.

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