"Encore sous le coup de l’émotion, les employés du Vatican, de la base au sommet, ont repris leurs tâches. Avec beaucoup de questions sans réponses" — Au Vatican, le « jour d’après » (Frédéric Mounier, La Croix)
"Alors que Benoît XVI vient d’annoncer sa démission, l’Église prépare déjà sa succession. Son porte-parole, le père Federico Lombardi, a déclaré lors d’un point presse que « nous devrions avoir un nouveau pape pour Pâques », le 31 mars exactement" — Quelle succession pour le pape ? (Tristan Denonne, Le Monde des Religions)
"L’élection d’un nouveau pape déclenche immédiatement les spéculations parmi les ouailles d’Amérique latine : le prochain pontife sera-t-il un Latino-Américain ?" — Le prochain pape sera-t-il latino ? (Paulo A. Paranagua, Blog America Latino, Le Monde)
"Le pape Benoît XVI canonise, dimanche 21 octobre, sept nouvelles personnes lors d'une messe donnée place Saint-Pierre au Vatican. Parmi elles figurent la première sainte amérindienne ainsi qu'un missionnaire français fusillé à Madagascar" — Sept nouveaux saints, dont un missionnaire français, proclamés par le Vatican (AFP, 24Heures)
"Eighty thousand pilgrims, many in flowered lei, feathered headdresses and other traditional attire, gathered in St Peter's Square on Sunday as the pope added seven more saints to the Catholic roster in an attempt to reinvigorate the faith in parts of the world where it is lagging. One of the seven, Kateri Tekakwitha, will be the first Native American saint to be canonised" — Pope names first Native American saint (AP, The Guardian)
"When she heard the result of the vote, the Rev Dr Miranda Threlfall-Holmes couldn't help but think of what could have been. If the General Synod had been voting on the legislation as it was, the 288 votes to 144 would have given the two-thirds majority needed to enable women to become bishops" — Church of England must reassure female clergy (Lizzy Davies, The Guardian)
"That the current house of bishops tried to slip in this extra bit of 'protection' for the antis shows how out of touch they are" — Women bishops amendment has been rightly thrown out (Giles Fraser, The Guardian)
"Le synode général de l'Eglise d'Angleterre, qui se réunit à York du 6 au 10 juillet, devait être historique : la législation autorisant les femmes à devenir évêques devait être définitivement adoptée. Le projet de réforme a été accepté en février mais deux amendements, adoptés discrètement au mois de mai, ont provoqué la colère des femmes du clergé... qui menaçaient ces derniers jours de voter contre une loi pour laquelle elles se battent depuis plusieurs années. Pour éviter un rejet de la loi, et même un schisme au sein de l'Eglise, les dirigeants du comité directeur de l'institution ont finalement décidé de reporterle vote" — Le vote sur l'ordination de femmes évêques a été reporté (Anne-Gaëlle Rico avec AFP, Le Monde)
"Londonderry, envoyée spéciale - Depuis 1972, Brian Brace a passé chaque dernier dimanche de janvier à marcher. Trente-neuf fois, il a arpenté le bitume du quartier catholique de Londonderry pour rendre hommage à ses quatorze camarades morts sous les balles de l'armée britannique, lors du "Bloody Sunday". Le 30 janvier 1972, une date devenue légende de l'histoire nord-irlandaise, symbole de cette période des "troubles" et des souffrances de la communauté minoritaire catholique dans une Ulster protestante" - Bloody Sunday, la bataille de la mémoire (Charlotte Chabas, Le Monde. Photo :SeanMack )
"Avec ses rangées de platanes, ses pelouses détrempées par le crachin nord-irlandais, son étang où barbote un couple de canards, le parc Alexandra, situé dans le nord de Belfast, ressemble en tout point à n'importe quel jardin britannique. Depuis 1994 pourtant, un "mur de la paix" de trois mètres de haut et de quelques dizaines de mètres de long coupe ce lopin d'herbe en deux : un côté catholique, l'autre protestant. A l'image du reste de la ville de Belfast, les deux communautés, au nom de la sécurité, ont opté pour la séparation pure et simple" - A l'ombre des "murs de la honte" de Belfast (Charlotte Chabas, Le Monde)
"Dernier cours avant le week-end dans la petite école primaire catholique pour jeunes filles "Star of the sea", située dans le quartier de Falls Road, au nord de Belfast. Dans la classe de Monique Lambertz, des CE2 étudient en silence leur manuel pour comprendre les subtilités des sacrements chrétiens, "un fondement de notre précieuse religion", souligne l'enseignante. Quand la sonnerie retentit, les 286 fillettes se ruent vers la sortie de l'école, tristement encadrée par des rouleaux de fils barbelés" - En Irlande du Nord, catholiques et protestants ne partagent toujours pas les bancs d'école (Charlotte Chabas, Le Monde)
"La presse chinoise a tiré à boulets rouges lundi 30 janvier sur les pays occidentaux, leur reprochant de "travestir les faits", ainsi que sur le dalaï-lama, qu'elle a accusé de "trahir" sa religion, après des manifestations de Tibétains violemment réprimées dans le sud-ouest de la Chine" - La presse chinoise se déchaîne contre les Occidentaux et le dalaï-lama (AFP, Le Monde)
"L'Université d'Anvers (UA) va déposer plainte contre un homme ayant filmé un message vidéo haineux à une tribune officielle du campus et qui a ensuite placé ledit message sur YouTube" - Sharia4Belgium: l'université d'Anvers porte plainte (La Libre Belgique)
"Terriblement "touchy" lorsqu’il aborde l’engagement des chrétiens en politique - qu’on se rappelle la réaction très vive de la vice-Première ministre Laurette Onkelinx (PS) qui n’hésita pas à demander que l’Eglise belge change de chef ! - Mgr André-Joseph Léonard suscite moins de passions lorsqu’on lui demande de jauger le monde économique et financier" - "Il faut canaliser le néolibéralisme" (Christian Laporte, La Libre Belgique)
"A l’occasion de la sortie de son dernier livre, La laïcité falsifiée(Editions La Découverte), rencontre avec Jean Baubérot, professeur honoraire de la chaire histoire et sociologie de la laïcité à l’Ecole pratique des hautes études" - La laïcité en France, un athéisme d'Etat ? (Matthieu Mégevand, Le Monde des Religions)
"La presse et les médias chrétiens sont-ils en train de relever le défi du numérique ? Est-ce avec confiance et conviction ou contraints et forcés ? Quels sont les enjeux pour leurs métiers et leurs pratiques, mais aussi pour l’Église ? Ce sont quelques-unes des grandes questions que se sont posées pendant deux jours plus de 200 participants aux 16es journées d’études François de Sales, à Annecy, réunissant toutes les branches de la Fédération française de la presse catholique" - La conversion en marche des médias chrétiens au numérique (Jean-Baptiste De Fombelle, La Croix)
""Paroles de croyants" est la nouvelle série du site internet du Monde des Religions qui s’intéresse à celles et ceux qui vivent leur foi intensément tout en demeurant ancrés dans le monde moderne. Cette semaine, Olivier, catholique de 24 ans" - Olivier, catholique de 24 ans (Matthieu Mégevand, Le Monde des Religions)
"Le patriarche Kirill de Moscou a donné son accord pour que l’Église orthodoxe russe apporte son aide financière à la Grèce, en pleine crise économique, rapporte le site Internet Orthodoxie.com" - L’Église orthodoxe russe aidera la Grèce (La Croix)
"Last-minute efforts by church officials to avoid a forcible eviction of the long-standing Occupy protest camp next to St Paul's cathedral look set to be thwarted by the City of London, which has said it will not agree to any compromise deal" - Hopes fade for St Paul's Occupy camp compromise (Peter Walker, The Guardian)
"La 42e édition du Forum économique mondial de Davos s’est achevée ce week-end. Les débats ont porté entre autres sur la crise de la zone euro et des dettes souveraines, mais aussi sur les grands enjeux politique, scientifique et économique du monde de demain. A cette occasion, Klaus Schwab, le président et fondateur du Forum, a invité les responsables religieux à créer un « forum mondial sur l’éthique »" - Forum de Davos : les leaders religieux invités à créer un forum mondial sur l’éthique (apic/radiovatican/jjd, Catho.be)
"Ils remplissent les salles et leurs albums caracolent dans les charts. Eclairage sur le phénomène des 'Prêtres chanteurs', qui terminent leur tournée internationale par la Belgique" - Apparition des Prêtres chanteurs à Banneux (Olivier Rogeau, Le Vif l'express)
Les articles 10 et 11 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 ont aboli la notion de blasphème en tant que blasphème, ce dernier ne pouvant être sanctionné que lorsqu'il y a abus ou trouble à l'ordre public : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi » (article X) ; « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté, dans les cas déterminés par la loi » (article XI). La Révolution française représente une rupture en la matière, voire une inversion : la Terreur désinstitutionnalise la religion dans l’espace public — ce qui est déjà très sacrilège — et le droit se débarrasse progressivement de l’inscription du péché de blasphème dans ses textes.
Ce qui ne veut pas dire, loin de là, que le droit a définitivement mis au rencart la répression de ce qui paraît blasphématoire aux yeux de certains. Certes, en 1952, la Cour suprême américaine, dans le fameux arrêt « Baurstyn contre Wilson » a déclarée anticonstitutionnelle — le 1er amendement à la Constitution garantissant la liberté d'expression — l'interdiction du court-métrage « Le Miracle » de Roberto Rossellini, un film jugé blasphématoire. Tandis que la société américaine, dès lors privée de recours judiciaire pour faire valoir sa frilosité morale, a plutôt usé de l’auto-censure, ailleurs, en revanche, le délit de blasphème a continué de nourrir la censure légale, plusieurs décennies durant.
En Allemagne, l'article 166 du Code pénal, punit en effet le blasphème jusqu'à trois ans d'emprisonnement, s'il y a trouble de la paix civile ; il est incorporé aussi dans le droit de l'Alsace-Moselle, qui n’est pas soumise à la loi de séparation française de 1905. C'est le cas aussi en Autriche (articles 188, 189 du Code pénal), au Danemark (sections 140 et 266b du Code criminel), en Finlande (section 10, chapitre 17 du Code pénal), en Irlande (article 40 de la Constitution) ou en Espagne (article 525 du Code pénal) — qui sous le franquisme incarcéra notamment le dramaturge Arrabal pour crime de blasphème.
C’est le cas aussi en Italie, ou en vertu d’un code pénal datant du fascisme, les délits d’outrage à la religion ont été atténués non par une révision du Code mais par des arrêts de la Cour de Cassation (la loi italienne de 2006 a réformé le code pénal fasciste, sans supprimer l’incrimination de blasphème, mais en en modifiant le régime des sanctions). C’est le cas en Norvège (loi de 1930), aux Pays-Bas (article 147 du Code pénal, utilisé sans succès pour la dernière fois en 1968), en Pologne, en Suisse (article 261 du Code pénal) ou au Royaume-Uni — où la loi ne s'applique toutefois qu'à l'Église anglicane, de sorte que la plainte déposée contre les Versets sataniques de Salman Rushdie au motif qu’ils blasphèmeraient l’islam y a été rejetée.
Dans la plupart de ces derniers pays, les dites dispositions légales n'ont en réalité jamais ou peu été utilisées ; souvent, aucune jurisprudence n'est même citée. En Grèce toutefois, l’article 198 du Code pénal punit celui qui, en public et avec malveillance, offense Dieu de quelque manière que ce soit, et celui qui manifeste en public, en blasphémant, un manque de respect envers le sentiment religieux. Cette loi a encore été utilisée en 2005 pour faire condamner à six mois de prison in abstentia l'illustrateur autrichien Gerhard Haderer, et ce pour une bande dessinée jugée blasphématoire, interdite de parution en 2003 — la Cour d'Appel a par la suite levé cette interdiction, sous la pression de l’Union européenne.
La Vie de Brian des Monthy Python fut interdit pendant huit ans en République d'Irlande, et pendant un an en Norvège ; la publicité en Suède annonça ainsi avec beaucoup de malice, en référence à cette interdiction voisine : « Le film tellement drôle que les Norvégiens ont dû l'interdire ». Le film ne fut pas distribué en Italie avant 1990, onze ans après sa sortie. Il fut proscrit à Jersey jusqu'en 2001, et même alors, il fut interdit aux moins de dix-huit ans.
En France, comme dans quelques autres pays — dont la Belgique —, le délit de blasphème n'existe pas (notons qu’en ce qui concerne la Belgique, le code pénal prévoit en son article 144 que « toute personne qui, par faits, paroles, gestes ou menaces, aura outragé les objets d'un culte, soit dans les lieux destinés ou servant habituellement à son exercice, soit dans des cérémonies publiques de ce culte, sera punie d'un emprisonnement de quinze jours à six mois et d'une amende de vingt-six euros à cinq cents euros). Toutefois, les lois françaises de 1881 sur la liberté de la presse (renforcées par l’arsenal anti-discriminatoire de la loi Pleven de 1972) y sanctionnent l'incitation à la haine ou à la violence en raison de la religion (art. 24) ou la diffamation contre un groupe religieux (art. 31). Ainsi, souvent, la loi Pleven ou d'autres instruments juridiques, conçus comme plus efficaces que des lois anti-blasphème, sont aujourd’hui utilisés ou manipulés par ceux qui entendent poursuivre pour blasphème sous le couvert d’injure faite aux religions, et qui inversent à cette fin le sens de la rhétorique des droits de l’homme.
Le droit international, enfin, a du mal à intégrer cette notion ; ainsi, la Cour européenne des Droits de l’Homme a considéré que les Etats sont plus à même que le juge international d’apprécier la légitimité d’une restriction à la liberté d’expression destinée à protéger leurs concitoyens de ce qui peut les heurter. Elle a, en 1994, conforté la décision de la justice autrichienne dans l’affaire Werner Schroeter — le réalisateur et metteur en scène allemand auteur du Concile d’Amour, attaqué par le Otto Preminger Institut —, ou celle de la censure britannique dans l’affaire Nigel Wingrove en 1996 — du nom du cinéaste auteur du court-métrage Visions of Ecstasy.
Dans ces deux arrêts, la Cour de Strasbourg a considéré qu’en matière de liberté d’expression, les opinions dites blasphématoires relevaient d’une catégorie particulière, alors qu’habituellement la Cour est dans sa jurisprudence plutôt attentive à ce que la liberté d’expression proclamée dans l’article 10 de la Convention européenne de sauvegarde des Droits de l’Homme soit pleinement respectée. Et ce alors que l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe recommande quant à elle la suppression du délit de blasphème dans le droit interne des Etats affiliés.
Déduisant de la liberté de religion le droit d’être protégé contre des propos diffamant la religion et donc pour un justiciable de ne pas être insulté dans ses sentiments religieux, la Cour de Strasbourg a ainsi assimilé la diffamation de ce qui est considéré comme sacré par les religions à la diffamation des personnes — justifiant dès lors des éventuelles restrictions à la liberté d’expression. Mais en réalité, aux Etats-Unis surtout, et en Europe davantage chaque jour désormais, c’est l’auto-censure qui prévaut, de sorte que c’est moins dans la répression que dans la prévention du supposé délit de blasphème que s’inscrit la tendance, en ce début de XXIe siècle.
Il s'agit donc aussi, au regard de sa profondeur historique et de l’état moral de nos sociétés, d’interroger la question du blasphème ou ses expressions contemporaines dans les législations nationales, tout autant que les restrictions à la liberté d'expression dans le droit international, ainsi que le recours à des arguments religieux comme le blasphème dans des revendications de type ethnique ou identitaire. Et ce parce que dans des pays vivant sous le joug de la loi religieuse, mais également dans nos démocraties libérales, le « religieusement correct » revient en force aujourd’hui et contribue, notamment en usant de l’argument de la diffamation religieuse, à brider la liberté d’expression.
L’affaire des caricatures danoises a montré que la censure pouvait venir non seulement de l’autorité civile, mais également de ceux qui sont prêts à tout, jusqu’à détourner l’esprit de la loi, pour faire triompher leur conception totalitaire d’une liberté d’expression bridée par le respect qui serait dû aux expressions de la foi religieuse. Ce qui a conduit à de nombreuses actions intentées pour injure envers une religion devant les tribunaux, notamment français — le délit de blasphème étant comme on l’a dit irrecevable en France.
Par une perversion de sens, la diffamation de la religion est ainsi assimilée aujourd’hui à la diffamation envers les croyants, menant à la confusion avec la discrimination ethnique ou religieuse. La relation entre blasphémateur et l’objet du blasphème, qui était verticale (blasphémateur/Dieu), s’est ainsi horizontalisée, opposant celui qui exerce son droit à la liberté d’expression à l’égard des croyances religieuses et celui qui considère que sa liberté religieuse serait atteinte par ce type d’offense.
Le rétablissement d’un ordre moral se profile ainsi insidieusement, par la voie non politique mais judiciaire — avec quelques succès comme l’interdiction de l’affiche de la Cène détournée de Marithé et François Girbaud, en 2005, cassée toutefois en Cour de Cassation l’année suivante. Cela dit, l’affaire des caricatures a définitivement permis à des groupes de pression de revendiquer ouvertement le rétablissement d’une législation anti-blasphème là où elle n’existe plus, et son application ailleurs. La répression du blasphème montre ainsi la complexité de sa gestion sociale et judiciaire, au coeur de la tension entre liberté de conscience (du diffamateur et du diffamé), liberté d’expression et censure — comme si l’on en revenait au temps où Flaubert subissait pour le texte de Madame Bovary les foudres du procureur Pinard.
Jean-Philippe Schreiber (ULB).
Orientation bibliographique :
J. Boulègue, Le blasphème en procès, 1984-2009. L’Eglise et la mosquée contre les libertés, Paris, Nova, 2010
P. Dartevelle, Ph. Denis et J. Robyn (dirs.), Blasphèmes et libertés, Paris, Cerf, 1993
Nos sociétés sont structurées par des interdits qui sont souvent marqués par l’empreinte du religieux. La caricature, la provocation, voire l’image tout court, sont des formes de contestation de l’autorité qui proclame ces interdits — qu'il s'agisse du dogme religieux ou des institutions religieuses. « Blasphème » est dès lors le mot magique pour désigner l’offense contre ce qui est considéré comme sacré par la religion, loin de son acception littérale et originelle. En réalité, souvent, il s’agit d’autre chose. Les Monthy Python, très intelligemment, avaient ainsi défendu que La Vie de Brian, leur chef-d’oeuvre célèbre pour sa scène finale de crucifixion, interdit durant huit ans en Irlande et demeuré banni durant onze ans en Italie, était hérétique plus que blasphématoire, parce qu’il se moquait des pratiques religieuses plus que de l’idée de Dieu. Ils rejoignaient là ce que Jean-Claude Carrière, son scénariste, avait dit de la même façon de la Voie lactée de Buñuel.
Remontons aux origines. Le Lévitique (XXIV, 11-23) énonce la gravité de l’acte blasphématoire, et sa nature : « Le fils de l'Israélite blasphéma le Nom et le maudit (…).Yahvé parla à Moïse et dit : ‘Fais sortir du camp celui qui a prononcé la malédiction. Tous ceux qui l'ont entendu poseront leurs mains sur sa tête et toute la communauté le lapidera. Puis tu parleras ainsi aux Israélites (…) : Qui blasphème le nom de Yahvé devra mourir, toute la communauté le lapidera. Qu'il soit étranger ou citoyen, il mourra s'il blasphème le Nom’. (…) Moïse ayant ainsi parlé aux Israélites, ils firent sortir du camp celui qui avait prononcé la malédiction et ils le lapidèrent ». « Prononcé » et « maudit » sont ici les éléments essentiels de la rhétorique biblique en matière de blasphème : ils balisent le lien inextricable entre l’énonciation, la malédiction et la sanction de cette « malé-diction ».
Dans la traduction de la Bible hébraïque proposée par Segond, Exode XX, 7 se lit ainsi : « Tu ne prendras [invoqueras] point le nom de l'Éternel, ton Dieu, en vain ; car l'Éternel ne laissera point impuni celui qui prendra son nom en vain ». Ce qui devient le deuxième commandement, dans le catéchisme de l'Eglise catholique, énoncé de la façon suivante : « Son saint nom tu respecteras, fuyant blasphème et faux serment ».
Le blasphème est donc bien, dès l’origine, dans la religion du verbe qu‘est le judéo-christianisme, une parole, une parole énoncée avant d’être une parole réprimée. Cette parole énoncée est un acte langagier. Mais proférer des paroles interdites est un acte d’une gravité extrême : le nom — ineffable, dira-t-on plus tard — de Dieu ne se prononce pas, formule le Décalogue ; le blasphème, au sens premier, est donc un acte fondamentalement hérétique, puisqu’il est l’inverse parfait de la Sanctification du Nom.
D’emblée apparaît ainsi une tension entre le caractère courant et banal de cet acte langagier et la rhétorique du discours religieux, qui en fait un délit, un « crime de lèse-majesté divine », et le criminalise. L’observateur de l’histoire des pratiques sociales dans nos sociétés européennes, ne doit pourtant pas se laisser abuser par la rigueur de cette rhétorique : l’acte langagier demeure ce qu’il est, par lui-même, intentionnel ou non intentionnel, injuriant volontairement ou involontairement la religion, et ne constituant pour autant pas un blasphème, qui n’existe que par son assimilation à un péché et sa punition — puisqu’il n’est de blasphème que par la répression de la « parole impie ». Et en vérité, il y eut des variations en la matière : le blasphème ne fut pas toujours considéré comme un délit spirituel, parfois seulement comme une infraction langagière.
C’est dire qu’il s’agit là d’une question complexe, entre le prescrit de la loi religieuse et les usages sociaux de la parole impie. Elle ouvre plusieurs champs de recherche, de l’anthropologie à l’histoire de la justice criminelle, de la sociolinguistique à l’étude des religions populaires et des mentalités. Mais elle est aussi une plongée au plus intime de la religion et de ses dogmes fondamentaux, puisque le blasphème est à l’origine même du christianisme, dans la parole supposée blasphématoire du Christ en personne, qui le conduira à la Croix. Elle est enfin un bon indicateur de la place de la religion dans l’espace public et dans la culture : un baromètre en creux du degré de religiosité, de l’intensité du sentiment religieux, de la nature du sacré et des cadres de la permissivité religieuse.
Pour autant, la chose n’est pas simple : parce que le blasphème « désigne des outrances verbales d'inégale portée » et qu'il n’est pas une catégorie figée : celle-ci fut et demeure plastique, tributaire des changements de perception que les sociétés en eurent. De plus, on ne peut se laisser abuser par un terme qui n’est que le reflet de ce que l'Institution religieuse a dessiné comme frontière entre le licite et l’illicite. Il faut donc rendre compte de cette dynamique, sans être l’otage du sens premier donné au terme, et s’interroger sur les usages de ce sens, qui sont divers : le blasphème, au sens théologique littéral, n’est pas l’injure, l’exécration ou l’imprécation ; et ses contours sont fragiles dès lors que l’on veut définir ce qui n’est qu’un aspect d’un ensemble plus vaste, le sacrilège.
Cette notion fluctuante, quant à son acception, est liée aux dogmes que le blasphème protège. Comme l’écrivait Voltaire dans son Dictionnaire philosophique, à l’entrée « Blasphème » : « … ce qui fut blasphème dans un pays fut souvent piété dans un autre (…) Il est triste parmi nous que ce qui est blasphème à Rome, à Notre Dame de Lorette, dans l’enceinte des chanoines de San Gennaro, soit piété dans Londres, dans Amsterdam, dans Stockholm, dans Berlin, dans Copenhague, dans Berne, dans Bâle, dans Hambourg ».
Le Blasphemy Act de 1698, dans l’Angleterre de la Royal Society, de Hobbes, Locke et Toland, assimila le blasphème à l’incroyance en visant ceux qui proclamaient la fausseté de la religion chrétienne ou mettaient en question l’inspiration divine de la Bible. Mais l’athée ne blasphème pas, puisqu’il ne reconnaît pas Dieu : il provoque le croyant. Le blasphème n’est donc pas un indicateur fiable du développement de l’athéisme à l’époque moderne, seuls les croyants blasphémant formellement — Pierre Bayle, qui jouera un rôle déterminant dans l’évolution de la notion, le rappelait au XVIIe siècle déjà quand il écrivait que le blasphème n’est scandaleux qu’aux yeux de celui qui vénère la réalité blasphémée. Et Marguerite Yourcenar fera dire au Prieur, dans L’Oeuvre au Noir : « Pendant combien de nuits ai-je repoussé l’idée que Dieu n’est au-dessus de nous qu’un tyran ou qu’un monarque incapable, et que l’athée qui le nie est le seul homme qui ne blasphème pas ».
Jean-Philippe Schreiber (ULB).
Au moins 24 chrétiens ont été tués dans la répression d'une manifestation au Caire - Les Coptes d'Égypte accusent l'armée de «massacre» (Tangi Salaün, Le Figaro)
Couvre-feu de 02H00 du matin à 07H00 (00h00 à 05H00 GMT) dans le secteur de Maspero et jusqu’à la place Abbassiya », a indiqué la chaîne de télévision publique dans un bandeau. Les heurts avaient commencé à Maspero, devant le siège de la télévision publique, dans le centre-ville. La place Abbassiya, plus à l’est, se trouve à proximité de la principale cathédrale copte du Caire. Les Coptes (6 à 10 % de la population égyptienne) protestaient contre l’incendie d’une église dans le gouvernorat d’Assouan, en Haute Egypte. Ces affrontements ont fait 23 morts et 174 blessés, selon un bilan du ministère de la Santé cité en fin de soirée par la télévision - 23 morts et 174 blessés au Caire (dépêche AFP, Le Soir)
Les affrontements qui ont fait 24 morts dimanche au Caire en marge d'une manifestation de chrétiens coptes sont dus à des «inconnus infiltrés», a déclaré le chef de l'église copte orthodoxe - Violences en Égypte : l'armée promet une enquête (Le Figaro)
Les affrontements meurtriers entre coptes (chrétiens d'Egypte) et forces de l'ordre dimanche au Caire ont relancé les craintes d'aggravation des tensions dans un pays qui connaît une transition délicate depuis la chute du président Moubarak - Les coptes enterrent leurs morts en Egypte sur fond de vives tensions (dépêche AFP, Le Monde)
This was the army murdering citizens – and it's clear the soldiers were set up to believe they were under attack - The attack on Egyptian Christians was not sectarian. We will uncover the truth (Ahdaf Soueif, The Guardian)
L’armée a violemment réprimé une manifestation de plusieurs milliers de coptes, dimanche 9 octobre, dans le centre du Caire. Au moins 24 personnes ont été tuées. Des émeutes ont ensuite éclaté dans la capitale égyptienne - « Ils ne veulent plus de chrétiens en Égypte !» (Nina Hubinet, La Croix)
Iran
L’atmosphère de fin de règne qui plane actuellement sur l’Iran de Mahmoud Ahmadinejad a des conséquences dramatiques. Soucieux de maintenir son emprise sur une société qui leur échappe de plus en plus, le régime et ses ayatollahs versent dans un radicalisme religieux portant atteinte à la liberté des populations - qu’elles soient musulmanes ou chrétiennes - Iran : les persécutions religieuses s'intensifient (Virginie Larousse, Le Monde des Religions)
Des islamistes radicaux ont attaqué une télévision privée et l'université de Sousse. Quelque 300 «barbus» ont tenté d'incendier dimanche le siège de la télévision privée Nessma à Tunis après la diffusion, vendredi soir, du film franco-iranien Persépolis suivi d'un débat sur l'intégrisme. Le patron de Nessma TV, Nabil Karoui, affirme avoir reçu également des menaces de mort - Provocations salafistes en Tunisie (Arielle Thedrel, Le Figaro)
Les islamistes protestaient contre l'interdiction faite aux femmes portant le niqab, ou voile intégral, de s'inscrire à l'université, mais aussi contre la décision d'une chaîne de télévision privée tunisienne d'avoir diffusé vendredi le film d'animation franco-iranien Persepolis, où figure une représentation d'Allah, ce qu'interdit l'islam. La diffusion était suivie d'un débat sur l'intégrisme religieux. Les islamistes se sont rassemblés devant le principal campus universitaire de la capitale, d'où ils se sont dirigés vers le quartier populaire de Djebel El-Ahmar, au nord du centre, où ont eu lieu les échauffourées - Une chaîne tunisienne attaquée par des islamistes pour avoir diffusé Persepolis (dépêche AFP, Le Monde)
Les exactions anti-Arabes attribuées aux ultras de l'extrême droite se multiplient en Israël. Durant le week-end, la police a découvert plusieurs dizaines de tombes musulmanes et chrétiennes profanées à Jaffa, au sud de Tel-Aviv. Benyamin Nétanyahou, le premier ministre, ainsi que le président, Shimon Pérès, ont aussitôt dénoncé ces «actes de vandalisme». Certains commentateurs ont, pour leur part, agité le spectre d'un «djihad juif» (une guerre sainte) mené par des têtes brûlées qui «jouent avec le feu», comme le titrait dimanche le Yédiot Aharonot, le plus grand quotidien du pays - Les actes anti-Arabes se multiplient en Israël (Marc Henry, Le Figaro)
Profanations de tombes musulmanes et chrétiennes, mosquée incendiée, slogans anti-Arabes peints sur des murs, arrachage d'oliviers appartenant à des paysans palestiniens, agression de soldats par des colons juifs... Ces incidents, qui se sont multipliés ces dernières semaines, sont liés à la pratique du "prix à payer" : à chaque fois qu'ils estiment leurs intérêts lésés ou menacés, les colons exercent une vengeance - le price tag - à l'encontre des Palestiniens, mais également envers l'armée israélienne. Un phénomène qui déborde en Israël - Israël s'inquiète de la multiplication d'incidents racistes visant des Arabes (Laurent Zecchini – Le Monde)
Deux concubines de Liès Hebbadj ont été contrôlées jeudi matin avec un niqab devant l'école de leurs enfants - Voile intégral : le polygame de Nantes refait parler de lui (Fabrice Amedeo, Le Figaro)
Un an après la célébration d’ouverture du synode, l’évêque de Versailles Mgr Aumonier a promulgué samedi 8 octobre les décrets synodaux qui tirent les conclusions d’une vaste consultation menée auprès des catholiques des Yvelines - Mgr Éric Aumonier : « Le synode a permis aux diverses sensibilités du diocèse de s’écouter » (La Croix)
Après le succès des premiers États Généraux du christianisme qui avaient rassemblé, l’an dernier à Lille, près de 2 500 personnes, l’hebdomadaire La Vie , organisateur de la manifestation, a renouvelé l’expérience le 8-9 octobre en l’étoffant un peu - Les États Généraux du christianisme refusent la frilosité ambiante (Claire Lesegretain, La Croix)
Comme toutes les luttes fratricides, la guerre de la primaire républicaine risque d'être sans merci. Le camp du gouverneur du Texas, Rick Perry, a lancé, par pasteur interposé, une violente attaque contre le favori actuel, Mitt Romney. Dans la ligne de mire : non pas la réforme de la santé adoptée dans le Massachusetts quand Mitt Romney en était le gouverneur, ou son soutien, à la même époque, aux droits des homosexuels, mais sa religion. Mitt Romney est mormon - Le mormon Mitt Romney attaqué sur sa religion (Corine Lesnes, Le Monde)
Avec près de 9,5 % des voix, le mouvement de Janusz Palikot a créé la surprise aux législatives polonaises, devenant la troisième force politique du pays. Ce parti, ouvertement anticlérical, veut faire décrocher les crucifix des bâtiments publics - Le parti anticlérical Palikot réussit une percée en Pologne (La Croix)
Pope Benedict XVI has condemned Italy's "ferocious" 'Ndrangheta mafia during a visit to the group's heartland in Calabria, days after police seized a suspected mob shipment of more than half a tonne of cocaine at a local port - Pope condemns 'Ndrangheta mafia in their Calabrian lair (Tom Kington, The Guardian)
Mgr Hyginus Kim Hee-jong, archevêque de Gwangju, s’est rendu en Corée du Nord à la tête d’une délégation interreligieuse sud-coréenne. Pour la première fois, il a pu s’adresser à des fidèles catholiques nord-coréens - Les religieux sud-coréens tentent de desserrer l’étau au nord (La Croix)
Archbishop of Canterbury visits Zimbabwe's president with a message about the plight of the country's Anglicans - Robert Mugabe offers Rowan Williams tea but little sympathy (David Smith, The Guardian)
La diffusion lundi sur France 2 d'un reportage sur l'avenir de l'Etat palestinien a provoqué de vives réactions de la part de la communauté juive, qui dénonce un parti pris. La direction de France Télévisions va être reçue par l'ambassadeur d'Israël pour s'expliquer - Une émission sur la Palestine déclenche une polémique (Le Figaro)