Dimanche 28 avril 2024
Schreiber

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L’appréciation de la place que tient la haine des Juifs en milieu musulman soulève aujourd’hui d’âpres controverses. Entre une vision résolument optimiste, qui tend à exonérer dans l’ensemble la sphère politico-culturelle musulmane des pires taches qui ternissent en la matière le monde chrétien – c’était notamment l’approche de savants juifs du XIXe siècle, paradoxalement recyclée aujourd’hui... par l’arabo-islamisme – et une approche plus attentive aux discriminations et tueries dûment attestées par la documentation, mais minimisées par les islamologues classiques, le risque est grand d’imposer le choix entre une histoire « édénique » et une autre « lacrymale », également tendancieuses.

Dhimmitude  

Rien ne semble en tout cas rappeler, dans l’islam prémoderne, la démonisation du Juif qui domine l’imaginaire dans le monde chrétien contemporain : pas d’accusation d’empoisonner les puits ou de répandre la peste, ni mythologie du « Juif éternel ». Rien, surtout, qui véhicule une charge émotionnelle et symbolique comparable à celle de l’épouvantable accusation de déicide. Il faut certes compter avec la lourde accusation théologique d’avoir falsifié la Révélation.

Mais, dans le vaste empire musulman, la dominante pourrait bien être le mépris du dominant pour le dominé, avec sa traduction institutionnelle : le statut de dhimmi imposé aux Juifs. En retour de la protection de l’Ummah islamique, le minoritaire « protégé » paie une taxe spécifique, la djizia ; les autres taxes qu’il doit acquitter sont majorées ; parfois il lui est imposé de se vêtir de manière spécifique ou interdit d’accéder à certains emplois publics ; il ne peut porter les armes, monter à cheval ou témoigner en justice quand des musulmans sont impliqués ; des restrictions peuvent frapper l’entretien ou la construction de synagogues ; le Juif ne peut porter de nom arabe ou étudier le Coran.

Dans la pratique, la condition socio-économique des Juifs varie selon les lieux et les époques. Ils sont relativement libres de choisir profession et lieu de résidence. C’est ainsi que le confinement des Juifs au mellah (ghetto) n’est pas, au Maroc, antérieur au XVe siècle et ne se généralisera qu’au début du XIXe. Les califes de la dynastie égyptienne des Fatimides d’Égypte (Xe-XIIe siècles) passent pour leur avoir été favorables. Et non moins accueillant fut l’empire ottoman, le plus grand État musulman que l’histoire ait connu (1299-1922).

Les ambiguïtés d’Al Andalous

L’Espagne médiévale sous domination musulmane – Al Andalous – incarne exemplairement l’ambiguïté de la situation des Juifs en terre d’islam. Conquise à partir du VIIIe siècle, elle n’est totalement rechristianisée qu’avec la chute de Grenade, au terme de la Reconquista, en 1492. Elle a été indûment mythifiée, au point que d’aucuns n’hésitent pas à la présenter aujourd’hui comme un modèle de tolérance, si ce n’est comme une anticipation de la société “multiculturelle”. De fait, elle se signale, pour ce qui est du judaïsme, par une exceptionnelle créativité sociale et culturelle, à telle enseigne qu’on a pu l’évoquer en termes d’« Âge d’Or ».

Il s’en faut pourtant que les relations avec les maîtres musulmans y aient été iréniques : un pogrom éclate à Cordoue en 1011, un autre à Grenade en 1066 (le vizir juif Joseph ibn Nagrela est crucifié et 4.000 de ses coreligionnaires massacrés). La dynastie des Almohades, qui domine de son islam messianique et militant le Maghreb et l’Andalousie (1147-1269), fournit une exception majeure au libéralisme musulman supposé à date ancienne : en 1165, un édit impose aux Juifs le choix entre la conversion et la mort. Le grand philosophe, juriste et médecin Maïmonide (1135-1204) sera contraint à feindre la conversion et à prendre la fuite. C’est au même qu’on doit une Lettre au Yémen, où il livre aux Juifs de cette région, eux aussi soumis à la persécution, ses réflexions et directives. Les manifestations littéraires d’antisémitisme ne manquent pas : des Xe et XIe siècles date une propagande qui présente les Juifs comme des êtres fourbes, oppresseurs et exploiteurs des musulmans, qui se solda en Égypte par des morts nombreux.

À l’écoute de l’Europe

Le rôle de l’influence occidentale dans la genèse de l’antisémitisme moderne en pays d’islam n’est pas discutable. C’est dans le sillage de l’expansion coloniale européenne du XIXe siècle, avec son cortège de pratiques politiques, commerciales et missionnaires, que s’insinuent nombre d’idées antisémites – à l’instar d’autres concepts modernes. Le truchement des Arabes chrétiens d’orientation nationaliste aurait été crucial dans ce processus d’acclimatation, qui se nourrira de la rivalité des nationalismes juif et arabe et ne parviendra à maturité qu’avec la naissance du conflit arabo-israélien.

Déjà l’Affaire de Damas (1840) présente une coloration « occidentale » : lorsqu’un moine italien et son serviteur disparaissent, des Juifs de la ville sont accusés de « crime rituel » et déclarés coupables. Divers consuls occidentaux sont impliqués dans la polémique, autant que des acteurs locaux. En découle une série de pogroms au Proche-Orient et au Maghreb. La seconde moitié du siècle et le début du XXe seront d’ailleurs émaillés d’autres massacres de Juifs dans la région. C’est ainsi que le quartier juif de Fès (Maroc) est quasiment détruit par la populace en 1912.

Antisémitisme et nationalisme

La montée, puis l’accession du nazisme au pouvoir en Allemagne a des incidences directes sur les pogroms en Algérie dans les années 30, et les attaques qui visent les Juifs d’Irak et de Libye au cours de la Seconde Guerre mondiale (180 Juifs sont massacrés et 600 blessés par des musulmans pronazis à Baghdad en juin 1941). Une indéniable sympathie pour Hitler a gagné dès 1933 nombre d’Arabes, qui aperçoivent dans son éventuelle victoire la possibilité d’une promotion du monde musulman. Des partis politiques marqués par l’idéologie nazie voient le jour, qui resteront influents au lendemain de la guerre.

Mohammad Amin al-Hussayni, grand mufti de Jérusalem, cherche à créer avec le Führer (qui le recevra à Berlin le 30 novembre 1941) une alliance contre les Juifs : antisémitisme et nationalisme sont aux sources de son projet d’ « élimination d’un foyer national juif ». Il est impliqué entre autres dans le recrutement de musulmans bosniaques dans plusieurs divisions de Waffen SS. Mêmes sympathies fascisantes en Irak (coup d’État de Rashid Ali et pogrom à Baghdad en 1941), en Iran (Reza Shah Pahlavi), en Égypte (Jeune Égypte, fondé en 1934 par Ahmad Hussayn ; le courant nationaliste). Bien qu’ils s’en défendent, l’Égypte, la Syrie et l’Iran ont donné asile après la Seconde Guerre mondiale à des criminels de guerre nazis.

L’« antisionisme » arabo-musulman applique dans ce contexte la panoplie des pratiques connues par l’antisémitisme européen. Dès les années 30, on peut relever, de l’Irak au Maroc et du Yémen à la Syrie, nombre de cas où les Juifs sont frappés de perte de la nationalité, d’incapacités juridiques, de mesures diverses d’isolement des personnes, de spoliation économique, de discriminations socio-économiques, quand ils ne sont pas victimes d’une violence physique, qu’elle prenne la forme du pillage, de l’assassinat individuel ou du pogrom (Constantine, Algérie, 5 août 1934 : 27 morts ; Tripoli, Libye, janvier 1945 : 135 morts...).

Les heurs et malheurs du nationalisme arabe, de ses pratiques et de ses mythes constituent l’arrière-plan de cette massive absorption de conceptions en provenance d’Europe, qui se marient avec plus ou moins de cohérence avec les données héritées du passé musulman prémoderne. Que la lutte contre l’Europe colonialiste ait cru nécessaire d’emprunter à celle-ci quelques-unes de ses obsessions et pratiques les plus nauséeuses est en soi révélateur de la profonde crise d’identité du monde musulman.

L’utopie islamiste

Prospérant aujourd’hui sur le terreau de l’échec des États nés de la décolonisation à arracher leur population à la misère économique, au sous-développement politique et culturel et au doute qui les taraude quant à leur avenir, l’islamisme invoque une utopie réactionnaire fondamentaliste – un islam pur des origines – comme solution à l’impasse que connaît l’islam, exportable par la « guerre sainte » (Jihâd) à l’ensemble du monde musulman, en ce compris les banlieues des grandes villes occidentales. Dans cette idéologie englobante, l’État d’Israël, mais aussi immanquablement à sa suite « les Juifs » dans leur ensemble, sont résolument arrachés à leur réalité empirique pour renouer avec leur statut fantasmatique – en quelque sorte métaphysique – de cause du Mal. Ce statut métapolitique, déréalisé, imposé aux Juifs est à la racine de tous les délires antisémites que dégorgent à foison nombre de sites internet, blogs et média dans le monde musulman, tout autant que la rhétorique de mouvements politiques tel le Hezbollah ou d’un État comme l’Iran.

Jacques Déom (ULB).

L’antisémitisme a produit une ample littérature, dont le plus gros est fait de pamphlets minables de tonalité odieuse, d’ouvrages perversement pseudo-scientifiques, de fictions plus ou moins délirantes. Dans cet océan de médiocrité haineuse, certains titres ne manquent jamais d’attirer l’attention : les Protocoles des Sages de Sion ou Mein Kampf, par exemple, jouissent d’un succès durable, à en juger par le nombre de leurs rééditions et des traductions auxquelles ils donnent lieu.

On voudrait croire clos sur lui-même ce sinistre corpus et la « grande littérature », celle que produit la haute culture, puisant aux sources vives de la séculaire créativité occidentale, intouchée par ce qui l’inspire. Ce serait sous-estimer naïvement l’emprise profonde du « code culturel » que constitue l’antisémitisme, y compris sur des écrivains dont personne ne songe à nier le talent, si ce n’est le génie. Des œuvres centrales de la littérature contemporaines sont plus ou moins profondément marquées par la haine des Juifs. D’où le malaise persistant que suscite par exemple, dans l’univers francophone, un Louis-Ferdinand Céline (1894-1961).

L’inoubliable auteur du Voyage au bout de la nuit l’est également de l’immonde Bagatelles pour un massacre. Et si l’on peut lire le premier titre dans l’édition de prestige de la Bibliothèque de la Pléiade des éditions Gallimard, on n’y trouvera pas le second, alors que rien n’autorise à supposer que les deux textes relèvent dans l’esprit de leur auteur de registres différents. Sans présenter les mêmes traits délirants, les romans de Georges Simenon (1903-1989) ou le théâtre de Michel de Ghelderode (1898-1962) laissent transparaître leur antipathie pour les Juifs. Il en va de même d’une étoile de première magnitude de la littérature anglaise comme Thomas S. Eliott (1888-1965). Quant au poète Ezra Pound (1885-1972), à qui l’on doit une influente critique littéraire et de révolutionnaires Cantos, ses diatribes profascistes et antisémites sur les ondes de la radio italienne du temps de Mussolini lui vaudront d’être le seul Américain condamné pour crime de guerre, puis interné comme aliéné...

Jacques Déom (ULB).

Études

(Coll.) L’Allemagne nazie et le génocide juif. Colloque de l’École des Hautes Études en Sciences sociales, Gallimard – Le Seuil, Paris, 1985.

(Coll.) L’antisémitisme après la Shoah, Espace de libertés – La pensée et les hommes, Bruxelles, 2003.

(Coll.) Dictionnaire de la Shoah, Larousse, Paris, 2009.

(Coll.) Judaïsme, christianisme, islam. Le judaïsme entre « théologie de la substitution » et « théologie de la falsification », Actes du Colloque tenu à l’Institut d’Études du Judaïsme (ULB) les 23, 24 et 25 septembre 2008, Didier Devillez – Institut d’Études du Judaïsme, Bruxelles, 2010.

Achcar (Gilbert), Les Arabes et la Shoah. La guerre israélo-arabe des récits, Sindbadh – Actes-Sud, Paris, 2010.

Arendt (Hannah), Sur l’antisémitisme (Les origines du totalitarisme, vol. 1), coll. Points, Le Seuil, Paris, 2005.

Bédarida (François), Le nazisme et le génocide, coll. Agora, Pocket, Paris, 1997.

Bensoussan (Georges), Histoire de la Shoah, coll. Que sais-je ? n° 3081, PUF, Paris, 2010.

de Fontette (François), L’antisémitisme, coll. Que sais-je ? n° 2039, PUF, Paris, 1993.

Burrin (Philippe), Ressentiment et apocalypse. Essai sur l’antisémitisme nazi, Le Seuil, Paris, 2004.

Delumeau (Jean), La peur en Occident, coll. Pluriel, Hachette, Paris, 2003.

Dreyfus (Michel), L’antisémitisme à gauche. Histoire d’un paradoxe, de 1830 à nos jours, La Découverte, Paris, 2009.

Fontaine (Thomas), Déportations et génocide. L’impossible oubli, Tallandier, Paris, 2009.

Fresco (Nadine), Fabrication d’un antisémite [Paul Rassinier], Le Seuil, Paris, 1999.

Friedländer (Saul), L’Allemagne nazie et les Juifs. T.1 Les années de persécution (1933-1939). T.2 Les années d’extermination (1939-1945), Seuil, Paris, 2008.

Grynberg (Anne), La Shoah, coll. Découvertes n° 236, Gallimard, Paris, 1995.

Herszlikowicz (Michel), Philosophie de l’antisémitisme, PUF, Paris, 1992.

Hilberg (Raul), La destruction des Juifs d’Europe, 3 vol., Folio Histoire n° 142-144, Gallimard, Paris, 2006.

Iancu (Carol), Les mythes fondateurs de l’antisémitisme, de l’antiquité à nos jours, Privat, Toulouse, 2004.

Igounet (Valérie), Histoire du négationnisme en France, Le Seuil, Paris, 2000.

Isaac (Jules), Genèse de l’antisémitisme, 10/18, Paris, 1998.

Kogon (Eugen) – Hermann Langbein – Adalbert Rückerl, Les chambres à gaz, secret d’État, coll. Points Histoire n° 95, Le Seuil, Paris, 1987.

Kotek (Joël) – Iannis Roder, Enseigner la Shoah au collège et au lycée, Mémorial de la Shoah, Paris, 2009.

Kotek (Dan et Joël), Au nom de l’antisionisme. L’image des Juifs et d’Israël dans la caricature depuis la seconde Intifada, Complexe, Bruxelles, 2004.

Küntzel (Matthias), Jihad et haine des Juifs, L’œuvre, Paris, 2009.

Olender (Maurice), Les langues du Paradis. Aryens et Sémites : un couple providentiel, Coll. Point, Le Seuil, Paris, 2002 ; La chasse aux évidences. Sur quelques formes de racisme entre mythe et histoire 1978-2005, Galaade, Paris, 2005.

Poliakov (Léon), Histoire de l’antisémitisme, coll. Points Histoire n° 143-144, Le Seuil, Paris, 1996 ; Histoire de l’antisémitisme 1945-1993, Le Seuil, Paris, 1994 ; Bréviaire de la haine, Complexe, Bruxelles, 1986 ; Le mythe aryen, coll. Agora n° 133, Pocket, Paris, 1994.

Silvain (Gérard) – Joël Kotek, La carte postale antisémite de l’affaire Dreyfus à la Shoah, Berg International, Paris, 2005.

Sibony (Daniel), Proche-Orient. Psychanalyse d’un conflit, Le Seuil, Paris, 2003 ; L’énigme antisémite, Le Seuil, Paris, 2004.

Simonnot (Philippe), Enquête sur l’antisémitisme musulman. De ses origines à nos jours, Michalon, Paris, 2010.

Taguieff (Pierre-André), Les Protocoles des Sages de Sion. Faux et usages d’un faux, 2e éd., Berg International – Fayard, Paris, 2004 ; La nouvelle judéophobie, Fayard – Les Mille et une nuits, Paris, 2002 ; La judéophobie des Modernes. Des Lumières au Jihad mondial, Odile Jacob, Paris, 2008 ; La nouvelle propagande antijuive. Du symbole al-Dura aux rumeurs de Gaza, Presses Universitaires de France, Paris, 2010.

Traverso (Enzo), Pour une critique de la barbarie moderne. Ecrits sur l’histoire des Juifs et de l’antisémitisme, Page Deux, Lausanne, 1997.

Weinstock (Nathan), Histoire de chiens. La dhimmitude dans le conflit israélo-palestinien, Les Mille et une nuits, Paris, 2004.

Wieviorka (Annette), Auschwitz expliqué à ma fille, Le Seuil, Paris, 1999.

Wieviorka (Michel), La tentation antisémite. Haine des Juifs dans la France d’aujourd’hui, Laffont, Paris, 2005.

Belgique

(Coll.), Mecheln-Auschwitz 1942-1944. De vernietiging van de Joden en Zigeuners van België. La destruction des Juifs et des Tsiganes de Belgique. The destruction of Jews and Gypsies from Belgium, 4 vol. VUBpress, 2009.

Abramowicz (Manuel), « Le racisme organisé au cœur de l’histoire politique belge », http://www.resistances.be/racorg.html

Dickschen (Barbara), L’école en sursis. La scolarisation des enfants juifs pendant la guerre, Didier Devillez, Bruxelles, 2006.

Kotek (Joël), « La Belgique, Israël et les Juifs. La judéophobie comme code culturel et métaphore politique ? », La pensée et les hommes, n° 53, 2003, pp. 117-157.

Rozenblum (Thierry), Une cité si ardente… Les Juifs de Liège sous l’Occupation (1940-1944), Luc Pire, Bruxelles, 2010.

Steinberg (Maxime), L’Étoile et le fusil. T.1. La question juive 1940-1942, Vie ouvrière, Bruxelles, 1983 ; T.2 1942 Les cent jours de la déportation des Juifs de Belgique, Vie ouvrière, Bruxelles, 1984 ; T.3 (en 2 vol.) La traque des Juifs 1942-1944, Vie ouvrière, Bruxelles, 1986 ; Un pays occupé et ses Juifs. Belgique entre France et Pays-Bas, Quorum, Bruxelles, 1998 ; La persécution des Juifs en Belgique (1940-1945), Complexe, Bruxelles, 2004.

Teitelbaum (Viviane), Salomon, vous êtes juif !? L'antisémitisme en Belgique, du Moyen Âge à Internet, Luc Pire, Bruxelles, 2008.

Quelques témoignages sur la Shoah

Coquio (Catherine) – Aurélia Kalisky (éds.), L’enfant et le génocide. Témoignages sur l’enfance pendant la Shoah, coll. Bouquins, Robert Laffont, Paris, 2007.

Goldberg (André) – Dominique Rozenberg – Yannis Thanassekos, Le passage du témoin. Portraits et témoignages de rescapés des camps de concentration et d’extermination nazis, Ante Post, Bruxelles, 1995.

Mesnard (Philippe, éd.), Des voix sous la cendre. Manuscrits des Sonderkommandos d’Auschwitz-Birkenau, Le Livre de Poche, Paris, 2006.

Ringelblum (Emmanuel), Chronique du ghetto de Varsovie, Payot, Paris, 1995 ; Archives clandestines du ghetto de Varsovie. Vol. 1 Lettres de l’anéantissement ; Vol. 2 Les enfants et l’enseignement, Fayard, Paris, 2007.

Seidman (Hillel), Du fond de l’abîme. Journal du ghetto de Varsovie, coll. Terre humaine, Pocket, Paris, 2002.

Photographies

Klarsfeld (Serge) – Marcello Pezzetti – Sabine Zeitoun (éds.), L’Album d’Auschwitz, Al Dante – Fondation pour la Mémoire de la Shoah, Paris, 2005.

DVD

Jaubert (Alain), Auschwitz. L’album, la mémoire, Éditions Montparnasse, Paris, 2005 (avec des documents des archives filmées américaines).

Lanneau (Hugues), Modus operandi, Les Films de la Mémoire, Bruxelles, 2007.

Lanzmann (Claude), Shoah, Fondation pour la Mémoire de la Shoah, Paris, 2002 (coffret DVD et texte).

Rossif (Frédéric), De Nuremberg à Nuremberg, Éditions Montparnasse, Paris, 2004.

mercredi, 28 mars 2012 20:53

L'antisémitisme (1/16) : Introduction

L’antisémitisme a fait et continue de faire l’objet, sur ses formes d’autrefois comme sur ses avatars présents, d’innombrables études, parfois fort érudites. Leur volume est de nature à décourager ceux qui recherchent prioritairement une approche synthétique.

Par ailleurs, dans sa compréhension même, il soulève nombre de questions, sinon de polémiques. Comment rendre compte de la dynamique qui génère au cours des siècles des formes de haine diverses – dont les structures peuvent sembler mutuellement incompatibles – à l’égard d’un peuple dont l’identité a elle-même connu des mutations dramatiques ?

On ne se flattera évidemment pas d’avoir répondu à cette épineuse, et peut-être insoluble, question. Il nous a semblé que resituer le phénomène dans l’histoire générale et montrer qu’on doit le saisir au cœur des enjeux essentiels à chaque phase constitutive de celle-ci permettait à tout le moins d’en appréhender le caractère profondément significatif et, pour tout dire, la cohérence. L’antisémitisme n’est pas seulement, comme toutes les autres formes de racisme d’ailleurs, une somme de poussées de haine conjoncturelle. Il a partie liée avec la faille identitaire qui taraude nécessairement toute société. Tenter de préciser – ne serait-ce que dans les grandes lignes – les modalités européennes de ce mal-être, c’est appeler à une compréhension qui laisse mesurer la véritable ampleur du problème et se refuse à réduire à quelques slogans aussi bien-pensants qu’inopérants la thérapie qu’il requiert.

Comprendre n’est pas admettre. Si l’on veut déjouer le piège de la haine, il convient de voir posément d’où elle naît. Cette prise de conscience est l’une des tâches majeures qui incombent – dans notre société de jour en jour plus « multiculturelle » – à ceux qui forment les citoyens de demain. Ce dossier voudrait les aider à poser clairement quelques jalons. Il ne saurait évidemment nourrir l’ambition de tout dire.

Jacques Déom (ULB).

vendredi, 23 mars 2012 19:13

Revue de presse hebdo, 24 mars

Italie

Une influente association italienne, réunissant chercheurs et universitaires, accuse Dante d’être antisémite, homophobe et islamophobe. L'affaire prêterait à rire si cette association, "Gherush92", n'avait pas le statut de consultant auprès du Conseil Economique et Social des Nations Unies et ne demandait pas le retrait de la Divine Comédie des programmes scolaires — Dante condamné à l'enfer pour antisémitisme et islamophobie (Ariel Dumont, MyEurop)

Maroc

La question de la liberté de conscience a été tranchée dans le cadre la dernière réforme de la Constitution, a fait savoir, vendredi à Casablanca, Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication, porte parole du gouvernement — Révision constitutionnelle : «Plaidoyer pour la liberté de conscience au Maroc» (Le Matin.ma)

samedi, 17 mars 2012 08:48

Revue de presse hebdo, 17 mars

Maghreb

Amina Al Filali, 16 ans, a été obligée par la loi d’épouser celui qui l'avait violée. La jeune fille s'est suicidée, déclenchant une réflexion dans le pays sur la protection des femmes. Dans de nombreuses familles où le poids de la tradition et de la religion est très fort, la perte de la virginité hors du mariage est considérée comme un déshonneur pour la famille — Le Maroc choqué après le suicide d'une jeune fille violée (Caroline Bruneau, Le Figaro)

La religion en Constitutions — Une opinion de Loïc Le Pape sur "The politics of religion/Les politiques du religieux" (Hypothèses.org)

La crise économique et financière que nous connaissons a été l’occasion, en Grèce et en Italie notamment, d’ouvrir le débat sur les privilèges fiscaux dont bénéficient certaines Eglises, afin que celles-ci participent elles aussi aux efforts collectifs pour assurer la résorption des déficits publics. Ce débat a été le révélateur de deux enjeux fondamentaux : d’une part, l’important patrimoine constitué par certaines Eglises historiques, dans nombre de pays de l’Union européenne, là où les biens ecclésiastiques n’avaient pas été nationalisés sous les régimes communistes ; d’autre part, le fait que l’économie du religieux constitue depuis quelques années un élément de plus en plus pris en compte dans les études relatives au fait religieux, aux relations Eglises/Etat et à la laïcité.

Over the last years Italians have started realizing they have to pay out of their pockets for the unsustainable weight of their sick public economy, while simultaneously growing eager on asking ‘their Church,’ the Roman Catholic Church, to share the burden. The ‘ICI’ affair exposed the discontent of an upset public opinion urging the Church to stop benefiting from ingenious tax exemptions. The new government led by Mario Monti has begun shaping fairer regulations. Will he truly succeed or will the change be purely cosmetic? And will the ‘ICI’ case awake Italians, Catholics and non-Catholics alike, to the need for healthier attitudes in Italian politics and law towards the Catholic Church?

vendredi, 09 mars 2012 23:37

Revue de presse hebdo, 10 mars

ONU

Le Rapporteur spécial de l'ONU sur la liberté du culte, Heiner Bielefeldt, a déclaré mardi que « les religions officielles d'Etats ne devraient jamais être instrumentalisées dans le cadre d'une politique identitaire nationale — Un expert de l'ONU avertit contre l'instrumentalisation des religions d'Etat (Centre d’actualités de l’ONU)

Espagne

« Decir que el aborto es violencia estructural suena mejor que hablar de moral cristiana o patriarcado » — Violencia estructural (Pilar Rahola, La Vanguardia)

En Wallonie, la question de la réaffectation des églises est actuellement débattue au Parlement, à l’initiative de deux députés socialistes. Ceux-ci ont déposé une proposition visant à réaliser un cadastre des biens classés affectés à l’exercice d’un culte, première étape vers une désacralisation et une réaffectation de certains d’entre eux. Cette désacralisation est considérée comme nécessaire vu l’importance du coût de l’entretien d’édifices dont la fréquentation ne cesse de baisser. La chef du groupe PS Isabelle Simonis et le député Daniel Senesael ont déposé une proposition de décret « en vue de réaliser un cadastre des monuments classés affectés à l'exercice d'un culte ». Selon la députée, le projet est justifié par le coût élevé des travaux réalisés sur ces édifices : pour l'année 2012, sur un budget de restauration du patrimoine classé de 38 millions d'euro, 5 millions seraient exclusivement consacrés à la restauration des édifices classés ouverts au culte.

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