Le quotidien communiste Il Manifesto a publié et assuré la promotion, en octobre 2017, cent ans après la Révolution russe, d’un recueil de discours du pape François adressés aux mouvements populaires et intitulé « Terre, toit, travail » (Terra, casa, lavoro). Les communistes italiens, considérés autrefois par l’Église catholique comme bastions de la laïcité voire de l’athéisme, ont-ils inopinément été séduits par la radicalité évangélique ?
Ce dimanche 2 octobre, le pape François a réanimé la polémique autour de « l’idéologie du genre » dans l’avion qui le ramenait d’un voyage à Cracovie. Comme il l’avait déjà fait à diverses occasions, il a pris position pour affirmer que ladite théorie était une « colonisation idéologique » dangereuse pour l’ordre naturel puisqu’elle est propagée dans les manuels scolaires. Elle ferait des enfants des cobayes et leur apprendrait que la sexualité, l’orientation sexuelle et le sexe biologique sont des choix posés par les individus, et non des déterminants donnés par la nature et voulus par Dieu.
Ce 25 octobre, les 253 participants au Synode des évêques sur la famille, réunis depuis le 4 octobre, ont conclu leurs travaux et approuvé un texte élaboré par une commission de dix membres nommés par le pape. Le contenu de ce texte, publié en italien, est abondamment commenté et sera prochainement suivi de la rédaction d’une Exhortation apostolique par le pape François. Il en ressort qu’aucune modification n’a été apportée sur les questions sensibles – et attendues – que sont la place des personnes homosexuelles dans l’Église, la contraception et l’accès à la communion des divorcés remariés. On y retrouve en outre les condamnations attendues de l’« idéologie du genre », de l’avortement, de l’éducation sexuelle, du mariage entre personnes du même sexe ou encore de l’euthanasie.
A la fin du mois de juin, la presse italienne a abondamment relayé la visite du pape François aux Vaudois de Turin. La « Chiesa valdese », l’Eglise vaudoise, constitue en effet une importante minorité chrétienne en Italie. Elle est la plus anciennement ancrée dans le pays et constitue une sérieuse concurrente pour l’Eglise catholique dans le domaine des recettes fiscales. Par sa présence et par ses paroles réconciliatrices, François a pris ses distances avec plusieurs siècles d’opposition et de persécution à l’égard des Vaudois. Sa visite au temple de Turin s’inscrit dans une politique plus large d’ouverture à l’égard des communautés protestantes, surtout à l’égard de celles qui se distinguent par leur fort engagement social.
Le 27 avril, le pape François a célébré la canonisation de Jean XXIII et Jean-Paul II. Le sens de cette double canonisation n’est pas sans intérêt pour les historiens de l’Église contemporaine. En effet, Jean XXIII est le pape de Vatican II, un pape qu’on voulait « de transition » et qui est pourtant passé à l’histoire pour avoir voulu renouveler le catholicisme. L’interprétation de l’aggiornamento est cependant une question qui – cinquante ans plus tard – fait encore débat chez les théologiens. Le fait que le pape François ait canonisé l’homme du concile en même temps que Jean-Paul II (pape charismatique, mais pas vraiment progressiste) pose question. Quelle direction le renouvellement du catholicisme est-il en train de suivre ?