Faouzia Charfi est une physicienne de renom, qui a marqué de son empreinte la vie universitaire en Tunisie ces quarante dernières années. Elle s'intéresse aujourd'hui à l'histoire des sciences, et en particulier aux rapports entre foi et science dans le monde arabo-musulman.
Régulièrement, les musulmans et les Arabes se plaignent de ce que l’Occident chrétien méconnaisse leur culture. Plus exactement, ils souffrent de l’image simplifiée, voire caricaturale et stéréotypée véhiculée à leur sujet. En ce qui concerne la religion, ils dénoncent une perception monolithique de l’islam, comme si, à l’instar des autres religions, celui-ci n’était pas constitué de courants divergents, comme si les croyants qui s’en réclament étaient tous de zélés dévots. En ce sens, il est vrai que les médias accessibles en Occident pour pénétrer au cœur de cette culture très diversifiée ne sont pas légion. Souvent surtout, ils ne sont pas traduits. C’est notamment le cas de la littérature arabe, qui permet d’ouvrir un univers de connaissances tout en nuances, comme le montre l’ouvrage récent de Xavier Luffin — qui enseigne les langue et littérature arabes à l’Université libre de Bruxelles —, intitulé Religion et littérature arabe contemporaine.
L’islam est devenu depuis quelques décennies une composante non négligeable des sociétés occidentales. Depuis l’installation définitive des familles musulmanes immigrées, la question de la reconnaissance et de l’institutionnalisation de la religion musulmane se pose, tout comme celle de sa place dans l’espace public. Dans ce cadre, l’accroissement de la consommation et de la production des biens et des services halal engendre beaucoup de questions, et l’on trouve dans nombre de médias des signes de l’inquiétude face à une potentielle « montée d’islamisme » dont le halal serait un symptôme.
Forgetting the remote episodes that confronted Christians with Muslims along history, this work seeks to focus on the current presence of Islamic community in the EU, analyzing the attitude adopted by European society towards these groups. In this sense, we must observe the important evolution from the initial paternalism to the subsequent indifference that in recent years has turned into a mutual animosity. This situation is confirmed by several circles, which consider the advancement of Islam as a threat to the EU. Therefore, following this argument we can confirm that for a large part of the European people, Muslim values have no place in Western secular tradition.
Si le crépuscule des Assad a été annoncé bien avant le déclenchement des révolutions arabes, sa chute est loin d’être proche. Contrairement à la Tunisie ou à l’Egypte, la révolution syrienne subit une répression sanglante de la part d’un régime qui n’hésite pas à diriger son armée contre de sa propre population. Assassinats, bombardements, sièges, enlèvements, tortures, viols, propagande… tous les moyens sont bons pour endiguer la révolte et dérouter l’opinion syrienne, arabe et internationale.
La commission de l’Éducation du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a entamé une série d’auditions autour du projet d’introduction d’un tronc commun pour tous les cours de religion et le cours de morale non confessionnelle, présenté par la ministre de l’Enseignement obligatoire Marie-Dominique Simonet (Centre démocrate humaniste - CdH). Ce tronc commun serait articulé autour de trois thématiques : le questionnement philosophique, le dialogue interconvictionnel et l’éducation à une citoyenneté active. Le contenu en serait déterminé par un groupe de travail composé des différents représentants des cultes (à l’instar du Conseil supérieur des cours philosophiques, qui fonctionne depuis 2005), et serait d’application tant en primaire qu’en secondaire, et ce, dans tous les réseaux. Il ne concernerait cependant qu’une partie du programme de chaque cours, l’autonomie de chaque culte restant entière pour le reste du contenu de l’enseignement.
Deux nouvelles qui, pour des motifs bien différents, ont fait sensation, se sont entrechoquées ces derniers jours dans la presse, affichant deux facettes bien contrastées d’une même question — à savoir la circoncision.
Le tribunal de grande instance de Cologne, en Allemagne, a en effet estimé, dans un jugement qui a fait grand bruit, que « le corps d’une enfant était modifié durablement et de manière irréparable par la circoncision », une modification « contraire à l’intérêt de l’enfant, qui doit décider plus tard par lui-même de son appartenance religieuse ». Un jugement aussitôt et vertement mis en cause par les organisations juives et musulmanes, dans un contexte où se télescopent de manière brutale traditions religieuses, mutilations génitales, liberté religieuse et santé publique.
L’histoire d’amour ou le mariage entre un musulman et une chrétienne, qu’elle soit arabe ou européenne, est un leitmotiv dans la littérature arabe contemporaine. On le retrouve déjà dans les romans historiques de Jirji Zeydan au début du 20e siècle, dans les romans décrivant la période coloniale, comme ceux des Syriens Fawwaz Haddad et Ulfa Al-Idlibi, dans les romans postcoloniaux comme Saison d’une migration vers le nord du Soudanais Tayyib Saleh ou Vienna 60 de l’Egyptien Youssef Idris – deux livres où l’image de la femme occidentale est par ailleurs assez irrévérencieuse – jusque dans la littérature actuelle.
Le penseur et prédicateur musulman Tariq Ramadan a porté sur les assassinats de Toulouse et Montauban des appréciations qui ont suscité, il faut bien le dire, nombre de réactions indignées. En effet, dans l’analyse qu’a faite Tariq Ramadan des motivations du tueur, Mohamed Merah apparaît comme « un grand adolescent, un enfant, désœuvré, perdu » ; « le problème de Mohamed Merah, écrit-il, n’était ni la religion ni la politique » ; il était un « citoyen français frustré de ne pas trouver sa place, sa dignité, et le sens de la vie dans son pays ». L’explication sociale de M. Ramadan ne peut que surprendre, alors que l’auteur des tueries a lui-même justifié son action au nom d’un « djihad » islamique.
En lançant officiellement, cette semaine, notre Observatoire des Religions et de la Laïcité, nous étions loin de penser que notre propre Université ferait rapidement la une de son actualité. Or, c'est le cas — bien malencontreusement, diront certains. Rappelons brièvement les faits. Ce mardi 7 février, une conférence-débat se tenait à l'Université libre de Bruxelles, réunissant le philosophe Guy Haarscher, l'historien Hervé Hasquin et l'essayiste française Caroline Fourest. Après quelques minutes, cette conférence fut interrompue du fait du chahut mis en scène par quelques dizaines de perturbateurs qui, à l'appel d'un membre du personnel de l'Université, avaient pris le parti d'empêcher qu'il puisse y avoir débat, arguant de ce que Caroline Fourest serait une journaliste "islamophobe". Face à leurs vociférations, la conférence fut arrêtée, pour ne plus reprendre. Le fait qu'il put y avoir ainsi, du fait de cette obstruction au débat démocratique, censure dans une Université qui de longue tradition défend avec force et vigueur la liberté d'expression, la pensée libre, la controverse contradictoire et le refus de tout dogmatisme suscita un tollé dans la communauté universitaire et fit le lendemain la une de la presse belge.
Notre propos ici n'est pas de discuter les critiques adressées à Caroline Fourest — retenons simplement que la conférence en question portait sur le caractère fréquentable ou non de l'extrême-droite, et que Caroline Fourest avait précisément commencé son exposé en affirmant que l'extrême-droite dévoyait la laïcité républicaine pour nourrir son discours de haine de l'islam et des arabo-musulmans. Revenons donc plutôt sur l’attitude et le discours sous-jacent des perturbateurs. Partout dans la presse, les analystes évoquent qui des intégristes musulmans, qui des militants islamistes... Selon nous, il n'en est rien, même si des zélateurs de l'islam politique se sont peut-être trouvés parmi les censeurs de mardi soir. En réalité, il nous semble que l'islam est ici instrumentalisé par une frange de la gauche radicale qui produit une certaine forme d'"islamo-gauchisme". De ce point de vue, les musulmans européens seraient les nouveaux damnés de la terre, l'ultime avatar du prolétariat, les éternelles victimes du système social et de l’impérialisme qu’il produirait.