Jeudi 25 avril 2024
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ORELA fait paraître son huitième rapport sur l'état des religions et de la laïcité en Belgique, portant sur l'année 2019. Fort de 142 pages, ce rapport de l'Observatoire des Religions et de la Laïcité de l'Université libre de Bruxelles propose une analyse de ce qui a fait l'actualité des religions et de la laïcité en Belgique l'an dernier. Il vise à fournir un état des lieux actualisé des dynamiques religieuses institutionnelles et communautaires, des croyances et pratiques de la population, de la législation belge et de son application, tout en garantissant leur mise en contexte historique et sociologique.

La pandémie de coronavirus a été l’événement majeur de ce premier semestre 2020, sur la totalité de la planète. Elle a, on l’imagine, fortement affecté aussi l’exercice du religieux. L’Observatoire des Religions et de la Laïcité de l’Université libre de Bruxelles s’attache, dans le présent rapport, à faire l’inventaire des enjeux qui en découlent : qu’il s’agisse des réactions religieuses face à la crise du coronavirus, de l’usage de l’argument religieux par certains politiques dans leur gestion de cette crise, de la manière dont les relations entre l’État et les cultes ont été affectées par la crise, ou de la façon dont les religions se sont accommodées de la situation et ont été puiser dans leurs ressources internes pour s’y adapter, notamment en matière de perpétuation de la pratique religieuse. C’est l’ensemble de ces questions qui est balayé ici en un panorama d’un peu plus de cinquante pages.

Le monde entier espère que les chercheur·euses trouvent au plus vite le vaccin contre la COVID-19, moyen le plus efficace d’enrayer la crise sanitaire, sociale et économique que nous traversons. Ce vent d’espoir est, pour certains religieux, porté par l’espérance que Dieu pourrait intervenir pour accélérer la découverte. Pour d’autres croyants, le vaccin médical ne soigne de toute façon que les corps, seul compte le vaccin « spirituel ». Pour d’autres encore, cette maladie planétaire est le signe d’une malédiction divine, un châtiment. Vouloir s’en prémunir, c’est s’opposer au dessein divin. Les croyant·es ont donc des opinions très différentes sur le droit et la légitimité de pratiquer la vaccination. Ce n’est pas neuf. 

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En Inde, un régime ethnique visant à asseoir la suprématie des hindous s’est progressivement implanté et les mesures discriminatoires contre les musulmans se multiplient : révocation unilatérale de l’article 370 de la Constitution qui garantissait l’autonomie du Cachemire, peuplé d’une majorité de musulmans, et rétrogradation de cet État fédéré en territoire de l’Union ; décision de construction d’un temple hindou à Ayodhya, à la place d’une mosquée ; adoption d’une loi sur la nationalité qui attribue la nationalité indienne, sur la base d’une persécution religieuse dans le pays d’origine, à tous les croyants entrés en Inde avant 2015, et ce à l’exception des musulmans… C’est l’occasion de s’interroger sur l’avenir du sécularisme qui, depuis l’indépendance en 1947, constituait un signe distinctif de l’identité indienne, et sur le nationalisme actuellement promu par le Parti du Peuple indien (BJP), dans ce pays multi-religieux de près d’un milliard trois cents mille habitants.

Oui, une Haute école a le droit d’interdire le port de signes convictionnels à ses étudiants au nom de la neutralité. C’est du moins la conclusion rendue le 4 juin 2020 par la Cour constitutionnelle dans une affaire mettant en cause la Ville de Bruxelles, défendue par le constitutionnaliste Marc Uyttendaele, et des étudiantes de confession musulmane, défendues par Alexis Deswaef, ancien président de la Ligue des Droits de l’Homme. Suite à une plainte émanant de ces étudiantes, désireuses de pouvoir porter le voile à la Haute Ecole Francisco Ferrer, la chambre des référés du Tribunal de première instance francophone de Bruxelles s’était tournée en mai 2018 vers la Cour constitutionnelle. Ceci afin de lui poser une question préjudicielle relative à l’interprétation à donner à l’article 3 du décret du 31 mars 1994 définissant la neutralité de l’enseignement de la Communauté française, article qui prévoit la possibilité de limiter la liberté de manifester sa religion ou ses convictions à certaines conditions.

L’ancienne eurodéputée PS Véronique De Keyser vient d’être élue présidente du Centre d’Action laïque (CAL), la coupole fédératrice des organisations humanistes et de libre pensée en Fédération Wallonie-Bruxelles. Elle est la première femme à occuper cette fonction, et relève ce défi après d’autres personnalités fortes telles que Pierre Galand ou Henri Bartholomeeusen. Psychologue, professeur émérite de l’Université de Liège, femme engagée à gauche, elle a été député européenne durant trois législatures, de 2001 à 2014, et connaît donc bien les mondes politique, associatif et académique — ce qui lui sera assurément utile dans ses nouvelles responsabilités. Elle aura aussi à déterminer de quelle manière elle va s’inscrire dans la ligne de son prédécesseur et faire face aux défis de la laïcité aujourd’hui — c’est l’inventaire de ces défis qui est développé ci-dessous.

C’était il y a trente ans, à Bruxelles. Le 30 mars 1990, au milieu de la journée, le Premier ministre belge Wilfried Martens convoque les cinq vice-Premiers ministres qui composent son Gouvernement. Il leur lit une lettre signée par le chef de l’État, le roi Baudouin, courrier dans lequel le roi des Belges signifie au Gouvernement qu’il ne contresignera pas la loi dépénalisant partiellement l’interruption volontaire de grossesse, un texte adopté quelques jours plus tôt au Parlement. Ce courrier inédit du roi constitue un épisode symbolique décisif d’une saga qui a alors polarisé la société belge et la vie politique belge depuis vingt ans ; il aurait pu, si le Gouvernement n’avait pas usé d’un subterfuge institutionnel pour contourner le refus royal, ouvrir une crise constitutionnelle grave pour le pays.

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