Ce mardi 5 octobre a été publié un rapport très attendu sur la pédophilie dans l’Église de France entre 1950 et 2020. Il a été commandité par la Conférence des Évêques de France qui a chargé, en novembre 2018, l’ancien vice-président du Conseil d’État, le haut-fonctionnaire Jean-Marc Sauvé, catholique assumé, de constituer une commission d’étude pour analyser le passé des abus sexuels commis sur des mineurs par des clercs et des laïcs attachés à l’Église. Cette instance a été baptisée Commission indépendante sur les Abus sexuels dans l’Église (CIASE). Les chiffres sont accablants. Il y a eu entre 2 900 et 3 200 pédocriminels au sein de l'Église catholique en France depuis 1950. Des dizaines de milliers de jeunes ont subi des abus. Certains parlent d’un « système ». Mais au-delà des causes avancées pour expliquer l’ampleur du phénomène, ce qui nous intéresse ici, c’est la manière dont il est vécu par les catholiques.
Une étude réalisée en août dernier auprès d’un peu plus d’un millier de personnes par l’IFOP pour l’Association des Journalistes d’Information sur les Religions (AJIR, la plus ancienne association professionnelle de presse en France), et ce à l’occasion de son centenaire, montre qu’une courte majorité des Français ne croit pas en Dieu (51 %), contre 44 % en 2011, dix ans plus tôt. En 1947, seules 20 % des personnes interrogées, selon le même Institut de sondage, ne croyaient pas en Dieu. L’érosion est donc très sensible, et même spectaculaire aux yeux de certains.
Un récent incident diplomatique entre l’Italie et le Vatican permet d’analyser la situation particulière d’un État qui héberge, à l’intérieur de son territoire, un État de caractère religieux. L'Italie est en effet actuellement gouvernée par une très large coalition, allant de droite à gauche mais divisée sur des questions éthiques et, notamment, sur l’attitude face à l’homosexualité. Depuis 1996 plusieurs propositions ont été faites, sans succès, pour condamner l’homophobie. Cette question divise même, de l’intérieur, les partis qui composent la majorité. Alessandro Zan, député démocrate (centre gauche), a été à l’origine d’une proposition de loi qui renforcerait la lutte contre l’homophobie en pénalisant l’instigation à la haine et la discrimination envers les LGBTQ+.
ORELA se met à moitié en veilleuse durant l’été : nous poursuivrons sans interruption, cinq jours par semaine, la publication de notre revue de presse consacrée au fait religieux. En revanche, nous suspendons pendant quelques semaines la publication de nos analyses, pour les reprendre de plus belle à la fin du mois d’août.
C’est l’occasion de remercier nos milliers de fidèles lecteurs tout autant que les membres de l’équipe qui nous a permis de développer nos activités, de vous proposer un outil plus performant et de vous expédier régulièrement notre Newsletter.
Notre observation du religieux, nos recherches et nos enseignements sont intimement liés. C’est donc l’occasion aussi de vous annoncer la très bonne nouvelle de la création d’un second Master en étude des religions dans notre Université. Opérationnel dès la rentrée académique de septembre, il sera consacré au fait religieux contemporain, dans un programme resserré d’une durée d’un an. Vous trouverez toutes les informations à ce sujet ici...
Bonnes vacances !
Nawal El Saadawi, née en 1931 en Egypte et décédée en cette année 2021, était une féministe mondialement connue pour ses prises de position publiques et sa cinquantaine d’ouvrages traduits en plusieurs langues, où elle dénonçait le patriarcat tout en traitant de sujets tabous – liés notamment au corps des femmes. Digne héritière de Huda Sharaawi, fondatrice en 1923 de l’Union féministe égyptienne qui durant la même année posa un acte audacieux en se dévoilant publiquement, Nawal El Saadawi était une figure phare du féminisme égyptien qui, à travers ses interventions télévisées et ses manuscrits, a fait trembler les systèmes patriarcaux, religieux et dictatoriaux du monde arabe. Consciente de l’impact subversif de son engagement, elle répétait souvent la joie éprouvée lorsque de très nombreuses jeunes filles et femmes arabes lui confiaient que ses livres avaient littéralement changé leurs vies.
Dans son article 18, la Déclaration universelle des Droits de l’Homme des Nations Unies affirme l’importance de la liberté de religion, soutenant que « toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction ». Après avoir vécu trente ans sous le règne de la loi islamique ou sharia, le Soudan connaît un espoir de changement. En effet, une déclaration conjointe signée entre le gouvernement et un groupe rebelle du sud des monts Nouba portant sur la séparation de la religion et de l’État a été signée le 28 mars 2021, à la suite d’un accord conclu en août 2019. Le texte affirme qu’ « aucune religion ne sera imposée à quiconque et l’État n’adoptera pas de religion officielle ». Il constitue une première étape devant conduire à un accord de paix final qui devrait garantir la liberté de culte pour tous.
La reconnaissance des « vertus héroïques » de Robert Schuman est annoncée comme imminente, une étape dans son chemin vers la béatification – laquelle requiert la validation d’un premier miracle par le Vatican, voire d’un second pour devenir ‘saint’. Cet épisode ravive le débat sur la place de la religion dans la culture politique des « Pères Fondateurs » de l’intégration européenne, mais aussi sur la résurgence régulière de cette mémoire controversée comme champ de bataille autour d’une « Europe chrétienne ».